Alors qu’un très grand rassemblement homophobe est attendu pour dimanche 20 février 2022, au Sénégal, à Dakar, à la place de la Nation, à l’initiative de Ànd Sàmm Jikko yi (Ensemble pour la défense des valeurs, en wolof); le Collectif Free du Sénégal, à travers son leader Souleymane Diouf (pseudonyme) lance un nouveau signal d’alerte auprès de l’ensemble de la communauté internationale pour faire part de sa détresse et de sa préoccupation face à la virulence d’actes de plus en plus barbares à l’égard des personnes LGBTQI+ tout sexe confondu.
Pour aider le Collectif Free du Sénégal : https://www.collectif-free-senegal.org/faites-un-don/
Pour soutenir la pétition en ligne du Collectif Free du Sénégal en faveur d’un Sénégal inclusif et sans discrimination : https://allout.lgbt/senegalhumanrightsfrfbo
Combien comptabilisez vous de victimes depuis décembre 2021 ?
« Dans le cadre de notre mission de veille des droits humains, l’on recense depuis décembre 2021, près de 5 personnes incarcérées ainsi qu’un jeune porté disparu. Ces chiffres sont loin d’être exhaustifs car beaucoup de dossiers ne sont pas rapportés dans la presse ou dans les médias.
Cette période anxiogène a été notamment caractérisée par de vifs débats entourant l’initiative d’un groupe de députés de l’opposition de porter un projet de surpénalisation de l’homosexualité au Sénégal, alors que les geôles du pays comptent déjà de nombreuses personnes LGBTQI+ emprisonnées pour des questions de mœurs en vertu de l’article 319 alinéa 3 du code pénal*.
Depuis décembre 2021 nous avons dû venir en aide et prendre en charge 7 personnes ayant été attaquées. Comme nous le déplorons trop souvent, ces agressions ont été filmées et abondamment relayées sur les réseaux sociaux, afin d’humilier et de rendre toute réinsertion sociale impossible aux victimes, à travers le pays.
En outre, nous avons comptabilisé 5 personnes chassées de leur foyer par leurs proches et à qui nous portons assistance. Parmi les victimes l’on recense des hommes, mais aussi des femmes et ces dernières sont loin d’être épargnées par la vague d’homophobie ambiante qui sévit actuellement à travers tout le pays.
Enfin, l’homophobie frappe indistinctement et aveuglément aussi bien les sénégalais que les ressortissants immigrés et étrangers de la sous-région : gambiens, ivoiriens, guinéens…Actuellement, nous accueillons 3 d’entre eux.
Pour pouvoir faire face à cette situation de crise humanitaire silencieuse au Sénégal, nous avons décider de mettre en place une ligne nationale d’écoute gratuite, joignable à partir de Whatsapp, afin de pouvoir toucher le maximum de personnes ayant besoin de pouvoir exprimer leurs souffrances. On peut nous contacter ainsi au +33783106288.


De toute façon, si rien n’est fait à brève échéance pour pouvoir enrayer cette dynamique homophobe mortifère, nos capacités vont se retrouver très rapidement saturées, dès le mois de mars, face au volume de personnes en situation de détresse. Pourtant les besoins médicaux, sociaux, psychologiques et alimentaires sont pressants pour le public auprès duquel nous intervenons.
Nous sommes dans une situation si critique aujourd’hui que nous lançons un appel à l’aide, afin de pouvoir aider les personnes auxquelles précisément nous souhaitons porter secours. Nous faisons face à une catastrophe humanitaire totalement niée et invisibilisée par les autorités locales, tandis que les victimes ont trop peur pour pouvoir déposer plainte et faire traduire en justice leurs bourreaux.
Pour donner idée de l’homophobie qui règne ici, il faut savoir que même dans la mort, les sépultures de personnes LGBTQI+ sont profanées quand elles ne sont pas purement et simplement refusées dans la plupart des cimetières, en vertu d’une interprétation rigoriste de la religion musulmane, comme ce fut le cas le 4 février dernier à Rufisque ».
Quelles ont été les dernières évolutions au niveau politique au Sénégal et dans la sous-région depuis décembre 2021 ?
« En dehors de la victoire des Lions de la Teranga à la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) au Cameroun, le 6 février dernier qui a été un moment de concorde nationale, le contexte général est plutôt morose pour les personnes LGBTQI+ au Sénégal, mais aussi ailleurs en Afrique de l’Ouest.
Nos environnements sont caractérisés par le péril islamiste terroriste au Sahel, l’avènement de juntes militaires autoritaires dans les pays voisins (Guinée) ou encore le maintien de dirigeants vieillissants qui s’accrochent au pouvoir au gré de nombreuses modifications de constitution, en sus de l’homophobie délétère qui persiste.
Dans l’ensemble, le Sénégal fait figure de bon élève de la région, même si le flou entoure encore les intentions du président Macky Sall quant à un hypothétique 3 ème mandat, selon l’opposition emmenée par le Yewi Askan Wi («Libérez le peuple» en wolof).
En tout cas cette dernière en réclamant activement l’instauration d’un délit d’homosexualité et en relayant le populisme homophobe de Ànd Sàmm Jikko yi au parlement**, a trouvé une brèche où mettre en difficulté la majorité présidentielle, avec d’importants gains politiques à la clef, lors des élections municipales qui se sont tenues récemment, le 23 janvier : Dakar, Ziguinchor, Thiès, Tivaouane..
Aujourd’hui, le refus unilatéral du Benno Bokk Yakaar («Unis pour le même espoir» en wolof, parti présidentiel), d’examiner le projet de loi LGBTphobe, se transforme en supplice chinois, puisque Ànd Sàmm Jikko yi réfléchit à saisir la cour constitutionnelle pour pouvoir faire invalider cette décision, tandis que les prochaines législatives se profilent dès le 31 juillet 2022, avec 165 députés à renouveler.
Dans son histoire, le Sénégal n’a jamais connu de cohabitation, tandis qu’il reste à Macky Sall encore 2 ans pour pouvoir finir son mandat. Le fait que le président ait reçu le 27 janvier dernier des dignitaires religieux musulmans au palais présidentiel pour leur assurer de son intransigeance à ne jamais dépénaliser l’homosexualité révèle une crainte du pouvoir en place, quant à une nouvelle percée à venir de l’opposition.
Pendant ce temps, Ànd Sàmm Jikko yi continue à monter au créneau avec l’organisation dimanche prochain d’un nouveau rassemblement en vue de marteler inlassablement une surpénalisation immédiate de l’homosexualité, tandis que la diffusion d’exactions commises à l’encontre des personnes LGBTQI+ fleurissent de plus en plus sur les réseaux sociaux, tout comme les discours de haine.

En tant que défenseur des droits humains, j’observe que nos exploits sportifs ont de plus en plus de mal à masquer l’incapacité de notre classe politique à offrir un narratif de progrès pour le futur de notre pays ainsi que pour le futur du continent africain tout entier ».
Les personnes et organisations souhaitant contacter le Collectif Free du Sénégal peuvent écrire à l’adresse de courriel suivante : contact@collectif-free-senegal.org.
*L’article 319 du Code pénal punit d’un à cinq ans d’emprisonnement toute personne qui aura commis un « acte contre-nature avec un individu de son sexe ».
**Au début 4 puis ensuite 13 députés ont déposé une proposition de loi inspirée par And Samm Djikko Yi qui vise à condamner toute personne qui aura été reconnue coupable de « lesbianisme, homosexualité, bisexualité, transsexualité, intersexualité, zoophilie, nécrophilie et autres pratiques assimilées » à une peine de 5 à 10 ans de prison ferme et d’une amende de 1 à 5 millions de francs CFA (de 1 524 à 7 622 euros).
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