Dans un contexte de répression LGBTphobe qui s’intensifie au Sénégal, 25 gays présumés interpellés à la cité Keur Gorgui (agglomération dakaroise), se retrouvent à devoir faire face à la justice, depuis le 16 Octobre 2020, à la suite d’une soirée qualifiée de « mariage gay ».
Avec Souleymane Diouf (pseudonyme), responsable du collectif FREE de défense des droits humains en faveur des personnes LGBT dans la région de Touba, nous revenons sur cette semaine judiciaire très éprouvante pour la communauté LGBT+ du Sénégal.
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Propos reccueillis au téléphone par Moïse MANOEL, le 25 Octobre 2020.
Quelle est ta situation sécuritaire présentement ? Est-ce que les choses se sont améliorés, depuis ton agression au couteau du 05 Octobre dernier ?
Au niveau de la santé il y a du mieux et j’ai un suivi médical régulier. Le coup de couteau que j’ai reçu en bas du dos a laissé des traces et aujourd’hui encore, j’en ressens les douleurs. Cependant, au niveau sécuritaire, ça reste toujours très épineux.
Pour les homosexuels au Sénégal, ça a toujours été assez compliqué, dès lors que l’on sort de la culture du secret et que l’on fissure l’hétéronormativité dominante.
Mais pour les activistes LGBT, dès lors que l’on investit le champ politique, les choses empirent parce que l’on se heurte à des leaders religieux, dont « la vertu et la préservation de la moralité de la nation », sont les chasses gardées, avec la complicité tacite et clientéliste de la classe politique sénégalaise.
L’émergence d’un activisme LGBT local radicalise les discours politiques conservateurs des marabouts, qui prennent habit de la religion musulmane en dévoyant l’islam à des fins de contrôle social des corps et de la sexualité. Dans ce contexte, depuis plusieurs années, l’on assiste à une longue dégradation du climat sécuritaire pour les personnes LGBT. Le moindre prétexte ou motif véniel et futile sert à arrêter les personnes gays et lesbiennes, à toute heure, en tout lieu.
Ainsi, la courageuse requête d’ADHEOS (Association d’Aide, de Défense Homosexuelle, pour l’Égalité des Orientations Sexuelles) auprès du ministère de l’intérieur français, visant à priver Serigne Cheikh Lô Ngabou (responsable de la milice religieuse Safyatoul Haman) d’entrée dans l’espace Schengen, a été très commentée dans les medias sénégalais. Pour rappel cette milice illégale, qui exerce des pouvoirs de police étendus à Touba, avait procédé au rapt et à l’arrestation de 10 homosexuels le 20 Septembre dernier, avant de les séquestrer et de les torturer, en exigeant le prix de leur liberté moyennant racket.
Cette demande d’ADHEOS en coordination avec des activistes locaux, est venue troubler une homophobie qui se déroulait à huis clos, dans une relative indifférence de la communauté internationale, jusqu’à lors. Il faut dire qu’à la différence de la Russie, le Sénégal est un pays ami de l’Occident et les violations des droits de l’homme y sont donc moins relayées dans la presse des pays du Nord.
Dans ce contexte, pour la nébuleuse islamiste du Sénégal, je reste une cible et je reçois toujours des menaces. La médiatisation comme une traînée de poudre à travers tout le Sénégal, de l’arrestation de 25 gays présumés vient alourdir une ambiance qui était déjà très pesante au quotidien. On dirait que les marabouts s’en délectent de façon malsaine et ils en font leur miel sur les réseaux sociaux.
J’essaie de m’accrocher en attendant que l’orage passe, mais le pire peut advenir telle une épée de Damoclès au dessus de ma tête. C’est l’ensemble des activistes LGBT du Sénégal qui sont dans l’oeil du cyclone. On vit au jour le jour dans la crainte d’un vaste coup de filet ou d’une opération « mains propres » qui viserait politiquement à nous couper de nos derniers relais à l’intérieur du Sénégal ou dans les pays de la sous-région, voire à l’international.
Dernièrement 25 hommes, présumés homosexuels ont été arrêtés à Dakar, comment ont-ils été découverts et arrêtés par la police ?
Ils ont été repérés par le voisinage, car il y avait des va-et-vient, avant qu’un signalement n’arrive aux autorités. En tant qu’activiste, je ne vois pas ce que les 25 gays présumés appréhendés ont commis d’illégal pour déclencher une intervention des forces de police. Ils ont loué un appartement pour s’y retrouver et s’y amuser. Je ne vois pas ce qu’il y a de mal là-dedans.
Si on se fonde sur l’article 319 – alinea 3 du code pénal sénégalais, les actes « contre-nature » ne sont condamnés que lorsqu’ils sont commis en public. Cette infraction est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et près de 1 500 000 francs CFA d’amende (2 700 dollars US maximum). Dans le cas des 25 homosexuels présumés, les faits reprochés, s’ils ont une véracité et une authenticité réelle, auraient eu lieu dans un cadre privé.
Au Sénégal, il y a des lois homophobes et en plus, même ces lois scélérates sont outrepassées par les forces de l’ordre, qui procèdent à des détentions arbitraires, sur le coup de leurs propres sentiments et de leurs propres système de valeurs. C’est pour cela que nous avions déjà publié une tribune, mardi dernier, pour s’alarmer de l’érosion de l’état de droit au Sénégal.
Le plus grave pour moi dans cette nouvelle sordide affaire, est sous doute le fait que ces jeunes ont été filmés à leur insu, lors de la descente de police. Il y a une complicité entre les forces de l’ordre et les médias, dans le but de créer et de susciter du buzz, autant que de l’animosité homophobe. Peu après, la police se serait adonnée à des actes de tortures, durant les gardes à vue, dans le but de soutirer des aveux ou d’obtenir des listes de noms d’homosexuels à pourchasser à travers le pays.

On observe impuissant à un recul généralisé des libertés indivicuelles au Sénégal. Pour moi cet acharnement est politique. Des forces réactionnaires essaient de faire peur, d’intimider et de faire bâillonner les communautés LGBT, pour que l’on ne requestionne pas un ordre politique et social d’un Etat sénégalais démissionnaire, au profit des marabouts. Or précisément, nous activistes LGBT, c’est ce que nous ne cessons de dénoncer, avec vigueur.
L’ONG islamiste JAMRA couvre tous les évènements en lien avec la communauté LGBT au Sénégal, ce qui peut paraître au premier abord étrange. Peux-tu nous en dire plus sur leurs interventions médiatiques et peux-tu nous en dire plus sur JAMRA ?
Je considère JAMRA comme une organisation terroriste. Cette semaine-ci, JAMRA par l’intermédiaire de son porte-voix cathodique, Mame Matar Gueye, a lancé des appels aux meurtres à l’encontre de tout homosexuel vivant au Sénégal, dans la plus grande impunité.
JAMRA, dans le cadre d’une stratégie de communication politique bien huilée, cible tout particulièrement, les potentiels bailleurs des ONG travaillant avec le public LGBT au Sénégal.
Les ambassades étrangères de pays amis du Sénégal, sont régulièrement pointées du doigt, pour leur rôle supposé « dans le développement de l’homosexualité au Sénégal ». Il y a cette idée trompeuse diffusée à dessein selon laquelle, l’homosexualité est une dégénéresence culturelle occidentale, dont l’existence au Sénégal ne peut être que le produit d’une ingérence étrangère des pays du Nord.
On peut entendre cela, sur les ondes télé ainsi que sur les réseaux sociaux au vu et au su de tous, au cours d’émissions de grand audimat, où l’homosexualité est présentée comme une maladie et un cancer, à extirper du corps social sénégalais.
JAMRA utilise tour à tour et pêle-mêle la rhétorique islamiste obscurantiste, la rhétorique homophobe de la psychiatrie américaine des années 50 et une rhétorique d’affirmation nationaliste avec un verni cosmétique d’anti-néocolonialisme, pour pouvoir souffler au maximum sur les braises de l’homophobie dès qu’une opportunité se présente, aussi futile soit-elle. Tout ceci est absolument abject.
Aujourd’hui, il faut que les institutions internationales, prennent des mesures draconiennes contre JAMRA. JAMRA regroupe 48 organisations islamistes dont les profils sont plus ou moins inquiétants.
Actuellement JAMRA mène un lobbying intense, médiatique, politique, culturel et religieux, en compagnie des marabouts de Touba, afin que les 25 homosexuels présumés incarcérés, depuis le 16 Octobre, soient définitivement condamnés, à une peine la plus longue possible.
JAMRA prévient et laisse entendre que des troubles auraient lieu au Sénégal, à l’encontre de la communauté gaie, si les 25 homosexuels présumés venaient à être libérés. Pour flatter les plus bas instincts et rallier l’opinion publique sénégalaise, JAMRA en fait même un enjeu de souveraineté nationale, face à la classe politique.
A titre personnel, j’aimerais que les Etats-Unis et l’Union Européenne, inscrivent JAMRA sur la liste noire des organisations qui piétinent les droits humains.
Mais le problème avec JAMRA n’est pas que politique, il est également institutionnel et c’est là que la tâche s’annonce plus ardue.
Au Sénégal, c’est l’appareil d’Etat qui informe directement JAMRA des activités des associations travaillant en coulisse avec des publics LGBT.
Par exemple, JAMRA détient les récépissés administratifs de 16 associations coupables de travailler avec un public LGBT, sur le volet prévention / santé, ou droits humains, alors que cela ne figure pas directement dans l’objet social de ces organisations.
Politiquement, on est dans une chasse aux sorcières cathodique à laquelle les autorités sont sommées de se positionner et à laquelle les associations sont sommées de se justifier, sous peine de rétorsions administratives entre autres représailles.
Quel est l’état de l’opinion publique sénégalaise, alors qu’il y avait une deuxième affaire d’homosexualité, impliquant 4 adolescentes récemment arrêtées et depuis relâchées.
Les homophobes sont aux anges et ils sont ravis. Ils ne dissimulent même pas leur contentement et leur satisfaction. Ce type de coup de filet contre des homosexuels était attendu depuis longtemps.
D’autres personnes au Sénégal, plus circonspectes, pensent que le respect à la dignité et à la vie humaine doit être respecté.
Il y a une divergence dans l’opinion publique, mais le rapport de force est clairement très défavorable aux minorités sexuelles face aux marabouts. Alors beaucoup de gens se taisent, par peur. Nombreux sont ceux à penser que cette situation n’est pas tenable, tant la tension est palpable. Le silence médiatique et politique assourdissant face aux violations des droits humains est très inconfortable à beaucoup de segments de l’opinion.
En effet, le traitement médiatique de l’arrestation des 25 gays présumés est exclusivement à charge et est très orienté politiquement. Les personnes invitées à s’exprimer sur ces questions sont toutes ultra-conservatrices. Il y a un vrai problème d’éthique et de déontologie professionnelle de la presse au Sénégal, dès que l’on aborde le sujet de l’homosexualité. L’apaisement des esprits n’est pas du tout recherché, bien au contraire, la presse cherche à chauffer les esprits à blanc. Les medias conditionnent activement l’opinion publique sénégalaise à un lynchage des 25 homosexuels présumés incarcérés, s’il venait à être relâchés.
Tout cela ne serait pas possible sans des complicités institutionnelles au sein de l’appareil d’Etat sénégalais.
Jusqu’à présent, il n’y a eu aucun secret de l’instruction judiciaire. JAMRA et les islamistes ont accès à l’ensemble des pièces de la procédure et de son suivi, ainsi que l’ensemble des journalistes. Tout est fait pour avoir un procès d’ampleur et pour l’exemple, digne des grands procès de Moscou.

Source : SAMAREW INFOS
Face à cette division au sein de l’opinion publique, Il faut un retour impératif à un état de droit pour tous. Il faut que le président du Sénégal, Macky Sall, sorte de sa réserve face aux appels au meurtre anti-gays proférés en toute impunité par JAMRA.
Enfin, Il y a de la passivité sur le terrain de la part des organisations de la société civile, qui ne remplissent pas pleinement leur rôle de lanceur d’alerte face à la recrudescence des violations des droits humains, à l’égard des personnes LGBT.
Par exemple, la Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme s’est déjà à plusieurs reprises désolidarisée de tout intérêt pour les publics LGBT et elle collabore activement avec JAMRA sur moult autres dossiers ayant trait aux droits humains…
Avant-hier, les 25 gays présumés et les 4 adolescentes ont été déférés devant un juge, le même jour. Pourquoi ce choix, quels ont été les verdicts et quel est ton ressenti à ce sujet ?
Tout d’abord, pour trouver des avocats, ça a été très difficile. Il y a beaucoup d’avocats au Sénégal qui ne souhaitent plus défendre des dossiers de mis en cause homosexuels. Les avocats qui daignent s’intéresser à ce type de dossier, ne le font que parce que les émoluments versés par des entités extérieures au Sénégal, sont très conséquents.
Pour les 25 hommes arrêtés à Keur Gorgui, 2 ans d’emprisonnement fermes ont été requis par le procureur. Dans l’attente d’informations complémentaires au niveau de l’instruction, le verdict a été mis en délibération au 06 Novembre prochain.
Les 4 adolescentes dont 3 mineures accusées de lesbianisme, ont obtenu la clémence du tribunal pour enfants. Une grande opacité entoure ce dernier dossier, en raison de l’âge de certaines mises en cause. D’ailleurs peu de medias au Sénégal ont relayé cette affaire sans grand intérêt politique.
Toutefois, la justice est sous pression, car c’est la première fois au Sénégal, qu’un nombre aussi important d’homosexuels sont arrêtés. Néanmoins, j’espère que la justice sera aussi impartiale que possible.
Les personnes et organisations souhaitant contacter le Collectif Free du Sénégal peuvent écrire à l’adresse de courriel suivante : contact@collectif-free-senegal.org.
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