Johnny Clergé occupe actuellement la position de secrétaire-général d’ORAH. Originaire de Martissant et des quartiers populaires d’Haïti, il explique comment son organisation essaie de revaloriser l’estime de soi des personnes LGBT+, dans son pays.
76crimes : « Récemment les débats ont été très agités en Haïti, quant à la place des femmes cisgenres, au sein du mouvement LGBT+. Maintenant, à l’occasion du mois des fiertés, Johnny, faites nous découvrir ORAH ».
Johnny Clergé : « L’Organisation Arc en Ciel en Haïti ORAH a été fondée le 17 mars 2014 et l’on est une association de plaidoyer, d’éducation et de sensibilisation au VIH/sida. Aussi, nous insistons énormément sur le vecteur culturel, comme facteur d’émancipation des minorités sexuelles et de genre.
Nous avons la chance d’avoir notre propre local et nous avons également des points focaux dans d’autres villes du pays, tels que Miragoâne, Jérémie ou encore Hinche.
Dans le contexte actuel en Haïti, nous ne sommes pas une association d’aide aux victimes à proprement parler, mais néanmoins nous travaillons avec nos bénéficiaires sur le champ de l’estime de soi. Nous pensons en effet que l’éveil à la culture peut aider à panser des plaies d’ordre psychologique.
C’est pour cela que nous tenons à puiser dans nos traditions haïtiennes pour proposer des activités des danses et de rara à nos membres. En sus, nous avons également une bibliothèque, ainsi qu’un club de lecture que nous animons chaque jeudi.

En effet, le contexte de violence en Haïti implique que nous puissions permettre à nos communautés d’avoir des espaces d’expression quant à l’actualité préoccupante de notre pays.
Notre but est d’offrir un espace éducatif alternatif et ouvert aux communautés LGBT+, afin de favoriser l’éveil intellectuel et citoyen de nos bénéficiaires. Nous pensons qu’il s’agit de l’une des nombreuses réponses à la marginalisation que nous vivons.
Aujourd’hui, je suis heureux de constater que notre club de lecture a 1 an d’existence.
« Enfant, j’étais brimé, maintenant, je souhaite que le regard de la société sur les personnes LGBT+ change»
Notre priorité à présent est de donner favoriser l’accès des jeunes aux responsabilités politiques, afin de visibiliser la cause LGBT+ davantage. C’est un agenda de très long terme, dont on ne peut pas faire l’économie de la réflexion, à court terme.
Il faut que la population puisse se rendre compte que les personnes LGBT+ peuvent exercer les mêmes responsabilités que tout le monde, afin que cela ne soit plus un sujet dans le futur.
En attendant, ce soir (16 mai 2023), on va organiser un cocktail arc-en-ciel au centre culturel Brésil-Haïti, avec la projection d’un film, tandis que le lendemain, le 17 mai, l’on va célébrer la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie dans un hôtel sécurisé de la capitale.
Pour la suite, on observe les différents paradigmes qui s’ouvrent à nous à l’échelle internationale et en dialogue avec notre contexte national en Haïti. Ainsi, l’on aimerait travailler à l’avenir sur les intersectionnalités en lien avec la religion et notre condition d’afro-descendant LGBT+».
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