La police a arrêté 50 personnes présumées membres de la communauté LGBTQI qui s’étaient réunies le 17 mai dernier à Bafoussam, dans l’ouest du Cameroun. Cette rencontre avait pour but de s’informer sur l’épidémie de Coronavirus et de fêter ensemble les progrès internationaux des droits LGBTQI.

Bafoussam est située dans l’ouest du Cameroun. (Carte de Wikimedia Commons)
Par Courtney Stans
La journée du 17 mai 2020, consacrée à la lutte contre l’homophobie, la transphobie et biphobie (IDAHOTB ou IDAHOBIT) est l’un des rendez-vous annuels parmi les plus importants pour les personnes LGBTQI et leurs défenseurs dans le monde entier. Cependant, elle n’est pas toujours un moment de répit pour les personnes discriminées. C’est le cas au Cameroun où 50 personnes présumées LGBTQI ont été arrêtées par la police en pleine soirée récréative célébrant la journée IDAHOTB.
Le dimanche 17 mai, cinquante (50) personnes ont été arbitrairement arrêtées au cours d’une manifestation qui se tenait à l’hôtel Oasis de Bafoussam, organisée par l’association identitaire COLIBRI.
En effet, la soirée était organisée par COLIBRI, sous-bénéficiaire du projet Fonds Mondial et CHAMP dans la région de l’Ouest Cameroun. Il était question d’organiser des séances conjointes de sensibilisation au VIH et au COVID-19 en direction des personnes transgenres.

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Au cours de la soirée, survient une équipe de policiers qui décide alors d’arrêter toutes les personnes présentes sur les lieux. Conduites au poste de police, plusieurs personnes seront contraintes de passer l’examen anal appelé «anuscopie» dans le but de prouver leur homosexualité, selon les enquêteurs. Ce traitement dégradant constitue une pratique relevant, non de la recherche de la Justice, mais de la violation de la dignité humaine.
On pouvait identifier parmi les cinquante personnes présentes, des femmes transgenres, des hommes gays, des lesbiennes, ainsi que des mineurs.
Les chefs d’accusation retenus contre les personnes ayant assisté à cette réunion sont les suivants : proxénétisme, promotion de l’homosexualité, et violations des mesures barrières contre le Coronavirus. Notons que l’une des mesures prises par l’Etat du Cameroun contre l’épidémie est l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes.
Réunies autour de la recherche de solutions pour faire libérer ces personnes, toutes les organisations identitaires se sont mises au travail sans tarder, notamment HUMANITY FIRST Cameroun, Alternatives-Cameroun, CAMFAIDS, DEFENSEURS SANS FRONTIERES sans oublier la plateforme UNITY.
Harmonisant et coordonnant leurs multiples interventions, c’est grâce à la collaboration d’un acteur clé et le paiement d’une caution que les personnes concernées ont pu être libérées dans la nuit du 19 mai 2020.
Courtney Stans commente les faits :
Cette situation, comme tant d’autres, est une des conséquences directes de l’état d’urgence actuellement en vigueur au Cameroun. Les forces de police ont le monopole de la violence, et peuvent s’en servir pour violer les droits reconnus aux personnes les plus vulnérables de la société.
A quand la fin des violations des droits des personnes LGBTI au Cameroun et dans le monde entier ?
L’auteure de cet article, Courtney Stans, est une journaliste camerounaise qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-la à info@76crimes.com.
Article édité par Bruno Agar, membre du African Human Rights Media Network, docteur civilisationniste de l’université Paris-Saclay, au Centre Universitaire de Mayotte. Bruno s’intéresse aux problématiques médiatiques contemporaines, en particulier dans le contexte africain.
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