Mardi dernier, 9 juin 2020, la police a arrêté quatre personnes accusées d’être homosexuelles par leur famille et par la population, dans la région de l’Ouest-Cameroun.

Kekem, au Cameroun, près de la frontière nigériane au nord de Douala. (Carte par Google Maps)
Par Courtney Stans
Après un échange électronique avec deux inconnus que nous appellerons Garusse et Jordan, Charles, un homme âgé de 27 ans, se rend au rendez-vous qu’ils lui ont proposé derrière l’école publique 3 de Kekem. Nous sommes le 9 juin, aux environs de 21 heures. Charles est accueilli par une bastonnade de la part du groupe qui l’attendait.
De retour au domicile familial, sous le choc de cette agression, il explique la situation. Il est alors de nouveau battu puis sommé de dénoncer les autres hommes qu’il fréquente. Sous l’effet de cette violence, il va citer Franck, Lynkoln (19 ans) et Joël. La famille contacte alors la police, qui décide aussitôt se procéder à l’arrestation de ces personnes, puis les torture pour recueillir l’aveux de leur orientation sexuelle.
Le 12 juin, ils passent devant le procureur de la République du tribunal de grande instance de Bafang.
Seul Joël est ensuite relâché sur l’intervention de son grand frère avocat. Les trois autres sont placés en mandat de dépôt à la prison principale de Bafang et passeront en audience lundi 15 juin 2020 à 7h pour faits de pratique d’homosexualité et d’atteinte à la pudeur.
Selon l’article 347-1 du code pénal camerounais, la pratique de l’homosexualité est avérée en cas de flagrant délit de relation sexuelle entre personnes de même sexe. Dans ce cas d’espèce, pourtant, aucun élément matériel n’est présenté, d’où le caractère illégal de cet acte.
C’est à l’appui de cette analyse que les associations Working for Our Wellbeing et DSF (Défenseurs Sans Frontières) entrent en jeu pour assurer la défense des prévenus.
En conséquence des violences endurées, Charles, Franck et Lynkoln réclament d’être suivis par un psychologue ainsi que par un médecin.
L’auteure de cet article, Courtney Stans, est une journaliste camerounaise qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-la à info@76crimes.com.
Article édité par Bruno Agar, membre du African Human Rights Media Network, docteur civilisationniste de l’université Paris-Saclay au Centre Universitaire de Mayotte. Bruno s’intéresse aux problématiques médiatiques contemporaines, en particulier dans le contexte africain.
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