La police a interpelé 13 personnes soupçonnées d’être homosexuelles — dont sept membres de l’association COLIBRI — la semaine dernière dans l’ouest du Cameroun.

Par Courtney Stans
Tout a commencé à cause d’un rapport tarifé entre deux personnes LGBTI, Ryan et Phillip (utilisation de pseudonymes). En effet, Ryan avait accepté un rapport sexuel en échange de 2000 Fcfa (environ 3 euros). Après l’acte sexuel, Philip proposa à Ryan de lui laisser son téléphone en guise de garantie car il ne pouvait pas payer maintenant.
Quelques jours plus tard, Philip a tenté de reprendre possession de son téléphone, ce qui lui a été refusé car il n’avait toujours pas remis les 2000 Fcfa. Alors, celui-ci décida d’aller porter plainte à la police.
Pendant leur enquête, les policiers ont découvert que ces deux individus sont des bénéficiaires de COLIBRI, une association défendant les droits des personnes LGBTI. À la vue de ces éléments, le lieutenant de la gendarmerie a décidé d’y faire une perquisition afin de chercher d’autres individus potentiellement homosexuels.
Ainsi, les gendarmes ont fait une descente à COLIBRI le 24 février. Ils sont arrivés pendant une activité organisée par Care et ont arrêté les 13 participants présents. Parmi ces personnes, 7 font partie de l’administration de l’association et 6 en sont les bénéficiaires.
Après s’être concertés et avoir analysé la situation, des militants locaux ont demandé l’aide du RAIL, le réseau des acteurs militants intervenant localement auprès des populations les plus vulnérables. Ce réseau est coordonné par deux associations LGBTI (CAMFAIDS et ALTERNATIVES CAMEROUN).
Le RAIL a demandé la libération des personnes interpellées.
Après l’intervention du réseau militant, les 4 nouveaux bénéficiaires de COLOBRI ont été relaxés. Néanmoins 9 personnes restaient encore détenues par la police. On pouvait y compter les 2 anciens bénéficiaires et l’auteur de la plainte mais aussi les membres de l’association à savoir : le directeur, le chargé du suivi des évaluations, le manager du foyer, le chargé de la mobilisation communautaire, le réceptionniste et deux pairs-leaders.
Des violences physiques (coups de matraque sur la plante des pieds) ont été perpétrées contre le chargé de mobilisation communautaire et le chargé du suivi des évaluations. Ces derniers avaient opposé une résistance aux gendarmes pendant leur audition.
Finalement, les 7 membres de COLIBRI ont été libérés le 25 février, seules les deux personnes ayant échangé une relation sexuelle tarifée ont été transférées devant le parquet. Ils sont toujours retenus par la justice car l’homosexualité est condamnée par la législation camerounaise.
L’auteure de cet article, Courtney Stans, est une journaliste camerounaise qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-la à info@76crimes.com.
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