Shakiro, une femme trans très populaire au Cameroun, ainsi que son amie ont été emprisonnées lundi dernier dans l’attente prochaine d’un procès. Le motif d’arrestation et de détention provisoire invoqué est l’homosexualité. A ce jour, une pétition en ligne exige leur libération immédiate.

Par Courtney Stans
Le 08 février 2021 à 20h00, Mildred Loïc (alias Shakiro) et Moute Rolland (alias Patricia) ont été interpelées par les gendarmes de Nkoulouloun – Douala.
Bien connue de la scène camerounaise et internationale, Shakiro est un jeune femme transgenre établie dans la ville de Douala au Cameroun. Très présente sur les réseaux sociaux, elle déclenche régulièrement le buzz en raison de ses publications en lien direct avec sa transidentité.
Plusieurs fois inquiétée par la justice camerounaise au sujet de son apparence, Shakiro par le passé a toujours su tirer son épingle du jeu en prétextant être un comédien qui se travestit, afin d’être remarqué.
Pourtant, en ce 08 février 2021, alors qu’elle déambulait dans les rues de Douala en compagnie d’une amie appelée Patricia, elles ont été toutes deux appréhendées par une patrouille de gendarmerie leur enjoignant de présenter une pièce d’identité.
Il faut savoir qu’au Cameroun, les documents d’identité ne font pas mention du genre, mais uniquement du sexe de l’individu déclaré à la naissance.
Finalement, bien que Shakiro et Patricia n’aient pas été en possession d’un document administratif d’identité, elles ont été néanmoins inculpées du chef d’homosexualité. Pourtant au Cameroun, le code pénal stipule selon l’article 347-1 que l’homosexualité constitue un flagrant délit d’actes sexuels entre personnes du même sexe.
Rudoyées, bousculées, torturées en garde à vue, les gendarmes leur ont soustraites des aveux dès le lendemain, avant qu’elles ne soient mises en examen et placées en détention provisoire, dans l’attente de plus amples investigations et peut-être d’un jugement. Entre temps, leurs téléphones ont déjà été scellés, tels des éléments à charge, potentiellement accablants, à l’appui de l’instruction judiciaire.
Néanmoins, Shakiro et Patricia ont été autorisées à recevoir la visite de quelques défenseurs des droits humains. Concernant ses conditions de détention, Shakiro déclare : « nous n’avons eu droit à la moindre visite de nos proches et par ailleurs nous ne sommes assistées par le moindre conseil». «Nous vivons actuellement une situation très tendue où les autres détenus nous menacent de mort tandis que Patricia et moi sommes traumatisées».
Au cours, de leur visite, les défenseurs des droits humains ont pu constater de leurs propres yeux, l’état de vétusté inqualifiable de la cellule de 10m2 surpeuplée dans laquelle Shakiro et son amie sont entassées avec plus de 30 autres co-détenus, tous de sexe masculin.
Les organisations de défense des personnes LGBTI en collaboration avec All Out ont d’ores et déjà rédigé et lancé une pétition en faveur de la libération des deux femmes transgenres . Ladite pétition vise à interpeler directement le Ministre de la Justice du Cameroun, en espérant que cela fera bouger les lignes.

L’auteure de cet article, Courtney Stans, est une journaliste camerounaise qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-la à info@76crimes.com.
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