Non catégorisé

« Agression corrective » au Cameroun

Par Erin Royal Brokovitch

Jeunes, et  lâchement agressés par des délinquants homophobes sur le prétexte de leur différence

Dans la nuit du 29 au 30 décembre dernier, deux jeunes hommes ont été agressés physiquement et soutirés de leurs biens au quartier Anguissa à Yaoundé au Cameroun.

La localisation du Cameroun dans l'Afrique

La localisation du Cameroun dans l’Afrique

P. (qui a 21 ans) et T. (18 ans) sont amis. De simples amis. Cette nuit du 29 décembre, T.  reçoit la visite de son ami P. chez lui. Ils passent toute la journée ensemble avec un autre de leurs amis. Le soir, un troisième rentre et ils l’accompagnent emprunter un taxi. Il part.

Sur le chemin du retour à la maison, alors qu’il est environ 20 heures 45 minutes, à Anguissa, arrondissement de Yaoundé IV, ils sont interpellés par une bande de badauds assis devant le salon de coiffure du coin. Plus précisément, en face du Lycée d’Anguissa.

Ils les accusent d’être des homosexuels et en tant que tels, souvent droguer les hétéros dans des boissons pour abuser d’eux.  Les deux jeunes essaient de se défendre et réfuter ces accusations. L’un des bourreaux qui s’était d’abord avancé vers les deux jeunes, les saisis au col des chemises. Il est ensuite rejoint par le reste de la bande.

P. prend peur et essaie de s’enfuir devant le danger. Les badauds l’assaillent et se montrent particulièrement violents envers lui qui a essayé de s’enfuir. Il est tabassé, rué de coups et écope des blessures sur le corps, notamment sa lèvre qui est fendue. Leurs biens sont soutirés, notamment les téléphones et les portefeuilles qui contiennent leurs petites économies, la montre de P. et sa paire de lunettes.

Quelques minutes plus tard, alors que la maman de T., prévenue de cette agression, vient exprimer sa colère et demander des comptes aux badauds, les personnes présentes sur ces lieux prétendent pour justifier leur forfait que P. et T. sont un couple d’homosexuels, qu’ils ont été aperçus en train de s’amouracher sur la place publique. Par conséquent, ils ont voulu les « corriger » par rapport à leur déviance. Ce qui est une pure aberration, une pure malhonnêteté et un travestissement de la vérité.

P. et T. ne faisaient que marcher tout fébrilement d’autant plus qu’il s’agit d’un quartier populaire.

Les badauds refusent de remettre les objets pris que la maman leur revendique.

S’agirait-il donc d’une « agression corrective » de deux jeunes jugés homosexuels ? Pas vraiment, car sinon, pourquoi les bourreaux auraient eu besoin de soutirer les deux jeunes garçons ? Pourquoi auraient-ils eu besoin de mentir à la maman de T. pour justifier leur acte ? Le fait est qu’il s’agit de vulgaires délinquants, homophobes qui ont exploité l’expression de genre des deux jeunes à l’allure efféminée pour motiver leur acte méprisable.

Ce forfait est assez révélateur de la situation à laquelle font très souvent face, et ce depuis, dans nos quartiers, les jeunes à l’expression de genre différente, ou jugés homosexuels par les petits voyous des quartiers. Car en effet, quand ce ne sont pas des moqueries en concert, pour les plus vertueux, qu’ils sifflent systématiquement au passage de ceux jugés différents, c’est des agressions en bande, des extorsions qu’ils subissent.

Un phénomène monnaie courante des moqueries, insultes ou agressions perpétré par ces « voyous de quartier » généralement regroupés en bande. On dirait un « Parlement populaire », tellement ils se croient légitimes d’avoir un avis sur tout, de faire la loi dans les contrées.

« Homophobie de quartier » disons-nous, mais qui a des conséquences néfastes sur la personnalité, l’équilibre psychologique des gays ou personnes efféminées. Ce qui rabaisse dangereusement leur estime de soi, leur sociabilité, leur santé mentale et plus grave, leur développement personnel.
Comme un effet positif des actions des associations LGBT depuis quelques années, les deux victimes ont courageusement pris la résolution de porter plainte, là où d’autres, n’oseraient pas, et se terraient dans la passive victimisation, redoutant d’autres représailles des bourreaux, et de vivre un enfer dans leurs milieux de vie.

Logo de Humanity First Cameroon

Logo de Humanity First Cameroon

Malheureusement, ayant approché l’association Humanity First pour leur porter une assistance, les volontaires les ont aidé en les conduisant vers un centre de santé, les ont conseillé de se faire établir des certificats médicaux. Mais en l’absence de fonds disponibles à l’association, à ce moment, pour porter assistance médicale ou judiciaire aux victimes de violences, l’initiative piétine, car les jeunes n’ont pu établir les certificats médicaux, encore moins engager les procédures de plainte.

Erin Royal Brokovitch, l’auteur de cet article, est un militant pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme.

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