Par Erin Royal Brokovitch

La localisation de la ville de Bafoussam au Cameroun. (Carte de Wikipedia)
Le président de l’association Avenir Jeunes de l’Ouest était séquestré à Bafoussam le 11 février dans le cadre du suivi du cas d’un gay qui avait été arrêté dans cette ville le 5 février.
Avenir Jeunes de l’Ouest est une association qui lutte contre le VIH/Sida et pour les droits LGBT.
Dans le cadre du suivi du cas du gay arrêté le 5 février, le président de l’association (qu’on appele F. ici) avait été amené à voyager à Bafoussam sur convocation du substitut au procureur de cette ville qui s’est bientôt révélé être un « ripoux ».
Le samedi 11 février 2017, le microcosme du mouvement des défenseurs LGBT et des acteurs qui mènent des actions auprès d’eux est tenu en haleine pour suivre l’évolution de la situation du cas d’arrestation signalé la veille d’Alex, 32 ans. Il avait été depuis 6 jours détenu au commissariat central de Bafoussam, à travers divers mécanismes. Parmi des remontées d’information qui venaient de l’association Avenir Jeunes de l’Ouest et divers mécanismes, l’inquiétude était grande de voir maintenu cet individu en détention.
Le commissaire à Bafoussam avait demandé la somme de 60.000 FCFA (environ 91 euros ou 97 $ É-U) pour libérer Alex.
À peine soulagé de d’apprendre samedi matin que les différents recours ont pu obtenir la libération d’Alex, une charge vient tomber comme un coup de tonnerre : L’on apprend que le président de l’association Avenir Jeunes de l’Ouest est séquestré par le substitut au procureur à Bafoussam.
Ce matin là, F., qui vit à Dschang, reçoit le coup de fil de cet autorité judiciaire, sieur NGOUMOU MANGA Simplice Y. lui instruisant de venir à Bafoussam le rencontrer. F. s’exécute et une fois arrivé au domicile du procureur, celui-ci demande à F. de lui remettre la somme de 100.000 FCFA (environ 152 € ou 161 $ É-U). Le commissaire ayant demandé la somme de 60.000 FCFA pour libérer Alex, il prétend alors avoir activement œuvré à sa libération.
C’est grâce à lui, dit-il, qu’Alex a pu retrouver la liberté, car ayant intervenu auprès du commissaire après avoir reçu des appels des avocats, Alice NKOM et Jathan NDONGO. F. qui est surpris et pris de cour par une telle demande répond ne pas posséder une telle somme. Le procureur s’énerve et séquestre F. Il menace de le garder tant que cette somme ne lui ai pas remise. Il retient sa carte nationale d’identité. Il sort de chez lui et y enferme F.
L’alerte est lancée dans tout le réseau des défenseurs des LGBT et des programmes œuvrant en leur direction pour signaler cette affaire préoccupante et espérer qu’une solution soit vite trouvée.
Ceci grâce à un membre d’Avenir Jeunes de l’Ouest que F. avait pu appeler quelques heures plus tôt. Grace à une ruse, alors que le procureur est toujours dehors, F. et son collaborateur réussissent à le faire s’enfuir par la fenêtre.
Remords ou peur de voir sa réputation salie?
Deux jours plus tard, F. dit avoir reçu le coup de fil du procureur qui lui fait comprendre qu’il lui a expédié sa carte nationale d’identité par une agence de voyage. Il demande à F. d’oublier simplement ce qui s’est passé et lui exprime sa disponibilité à toujours aider si jamais besoin est ! Il rassure F. sur le fait que le dossier d’Alex ne sera pas enrôlé et qu’il n’y aura pas de procès.
Etait-ce donc un coup de poker que ce procureur tentait juste en essayant d’arnaquer F., voir jusqu’où sa manœuvre pouvait aller ? Est-il juste une autorité véreuse et délinquante qui a l’habitude de perpétrer ce genre de coups, difficile de trancher. Le fait est que les victimes de cette affaire jugent un homme cupide, quoique qu’il ai pu être efficace pour parvenir à la libération d’Alex.
Erin Royal Brokovitch, l’auteur de cet article, est un militant pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme.
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