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Cameroun: Gays persona non grata dans des anciens bars friendly

Les  snacks Nguilanyama à Douala et L’Alizé à Yaoundé, deux lieux  fortement courus par la communauté LGBT, leurs ont simplement fermé les portes, un signal négatif dans l’acceptation des minorités sexuelles dans la société camerounaise.

Par Erin Royal Brokovitch

Une annonce affichée au snack L’alysée à Yaoundé  -- « INTERDIT AUX HOMOSEXUELLES ». (Photo de Facebok)

Une annonce affichée au snack L’alysée à Yaoundé — « INTERDIT AUX HOMOSEXUELLES ». (Photo de Facebook)

Malgré l’homophobie ambiante qui sévit dans la société camerounaise, un fait est de reconnaitre ces dernières années, l’épanouissement des gays dans certains lieux de détente, notamment dans les grandes villes de Yaoundé et Douala.

Spectacle stupéfiant que d’avoir souvent vu en effet, les gays se trémousser non sans manières féminines et déhanchements sur les pistes de danse de célèbres snacks.

Mais un gros bémol — mieux, un coup d’arrêt — est donné depuis la fin de l’année 2016, à cet épanouissement.

Ça commence à la fin du mois d’octobre, avec le snack le « Nguilanyama » à Douala, à la rue Pau au quartier Akwa. Des messages circulent au sein du réseau LGBT. Le promoteur de ce snack informe la communauté de ce que celui-ci ne sera plus ouvert à la communauté. Les gays ne sont plus désormais, les bienvenus. Raison invoquée, entre autres : l’unité de police judiciaire de Bonanjo aurait décidé de la fermeture du snack, les natifs du village Dika Akwa et les riverains de la contrée ne veulent plus voir les gays chez eux !

Le promoteur N. F. de façon responsable met alors en garde la communauté à travers des messages WhatsApp et un enregistrement audio qu’il partage à la communauté. Il prévient que : « Tous les gays qui iraient encore dans ce snack se feraient agressés et raflés par la police Judiciaire de Bonanjo ». Il dégage sa responsabilité si jamais un gay s’y rendait et qu’il lui arrivait quelque chose.

L’information continue de tomber dans certains groupes durant le mois de novembre.

Novembre toujours, du coté de Yaoundé, l’annonce affichée sur les murs du snack « L’alysée » était aussi étonnante que comique, ironique au vu de l’implantation que les gays avaient déjà fait dans ce bar : « Interdit aux homosexuelles ».

La toile s’affole, l’association Alternatives-Cameroun poste l’affiche sur sa page Facebook, les commentaires affluent par dizaines, la communauté est juste sous le choc !

C’est l’hôpital qui se fout de la charité, peut-on retenir de l’essentiel des commentaires, car le personnel du snack est décrit dans les commentaires comme versant aussi dans la sexualité entre hommes, ne fut-ce que pour échange d’argent. Ce qui stupéfait surtout la communauté c’est la tolérance qui était manifestée dans ce snack vis-à-vis des gays depuis plusieurs années. Un snack où ils pouvaient se détendre sans avoir peur d’être agressés par les autres clients, tellement ils s’étaient garanti le soutien des responsables et personnel du snack.

En interrogeant les raisons d’une telle mesure, l’on apprend que le responsable du bar aurait été pris à parti par un couple de gay qui s’affichait un peu trop en public. Les ayant approché pour les sensibilisé et demandé qu’ils soient plus discrets, l’un d’eux aurait mal pris et une bagarre aurait éclaté avec le responsable.

Le signal était fort, l’annonce a véritablement marqué les esprits au sein de la communauté. Devrait-on y voir là, une grande reculade dans l’acceptation des LGBT et la tolérance vis-à-vis d’eux? Il n’est malheureusement pas contre-indiqué de conclure ainsi.

Car, comment comprendre que pour une réaction fusse-t-elle effectivement agressive d’un individu, l’on prenne une décision définitive qui prive l’accès à tous ceux qui y avaient leurs habitudes et se tenaient convenablement ?

Pourtant la communauté tenait dans l’acceptation dans ces snacks une promesse de tolérance pro LGBT de la part de la génération grandissante. Hélas, tout semble encore à refaire, il ne faut jamais sous-estimer les forces de résistance de l’homophobie !

Il ne reste plus qu’à espérer que les autres refuges de la communauté — le cabaret le Mistral à Yaoundé ou la Canne à Sucre à Douala ne tomberont pas également sous le coup d’une fermeture par ordre préfectoral sur dénonciation des riverains du coin !

Erin Royal Brokovitch, l’auteur de cet article, est un militant pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme.

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