Situation très préoccupante ce matin au cabaret dit « le Mistral » , lieu de détente branché gay, où les éléments de police ont effectué une rafle, embarquant les personnes présentes dans un camion.
Mise à jour (10 octobre): Journaliste Robbie Corey-Boulet en Afrique de l’Ouest a rapporté: «Les militants locaux disent maintenant que tout le monde a été libéré. Incertain si la barre a été ciblée pour les clients LGBT ou si cela faisait partie d’un plus grand rafle. »
Mise à jour (13 octobre): « Police: Rafle au Cameroun a ciblé le désordre, non les gays. »
Par Erin Royal Brokovitch

Une scène traumatique — une photo extraite des archives de photos. (Photo d’AfricaPresse.com)
Autour de 3 heures du matin ce dimanche le 9 octobre 2016, les personnes présentes au Mistral au quartier Essos à Yaoundé ont fait face à la stupeur avec le débarquement des éléments de la police qui ont entrepris d’embarquer tout le monde présent — une arrestation en masse.
Le film des événements
Alors que la bande de personnes issues de la communauté LGBTI de Yaoundé s’amuse dans ce lieu fréquenté depuis de nombreuses années par les LGBTI, et seul endroit de détente réservé à eux dans la ville, ils se retrouvent plongés dans une situation traumatique.
Quelques 30 minutes auparavant, l’accès à l’extérieur du snack est interdit aux personnes voulant sortir prendre l’air. Ceci après que deux éléments de la police soient entrés guetter à l’intérieur du cabaret. Ce à quoi les personnes présentes ne s’inquiètent pas vraiment, car il s’apparente à un passage banal de patrouille de la police qui repartira.
Pendant ce temps, les invités n’ont pas de réponse claire du responsable du cabaret. Le spectacle évolue en dents de scie, s’interrompant bizarrement à certains moments. L’inquiétude commence alors à gagner les esprits dans la salle. Des personnes veulent sortir, au moins pour prendre l’air, mais les vigiles leur empêchent la sortie.

Photo publié avec l’article par Camer.be au sujet du quartier Essos à Yaoundé: « Cameroun: Yaoundé comme Sodome et Gomorrhe » .
Le sentiment de retenue en otage gagne ainsi peu à peu les esprits de certains témoins avisés.
Plus tard donc, des éléments de la police rentrent à nouveau dans la salle et invitent les personnes présentes à sortir. Dans un environnement légal où l’homosexualité est criminalisée, une telle situation sème nettement la panique dans les esprits et évoque plusieurs hypothèses traumatisantes. Alors que la salle se vide peu à peu, sur le chemin vers la sortie, les informations différentes parviennent aux participants. Notamment que la police passe un contrôle des pièces d’identité, et que l’on embarquerait systématiquement tous ceux qui sont dans le cabaret.
À l’extérieur, ils aperçoivent catastrophiquement un camion de police qui pénètre la cour du cabaret et les éléments de police ordonne toit le monde à monter dans le camion. Le risque d’une bousculade est de façon préoccupante perceptible car les personnes présentes trainent le pas à s’exécuter, redoutant les conséquences dans leur vie personnelle ou familiale d’un passage au commissariat, ayant été embarqué dans un cabaret gay.
La patrouille de police est disséminée dans tous les recoins autour du cabaret, devant, à coté, à l’intérieur, derrière. C’est une véritable opération commando à laquelle l’on assiste. Ils cassent les coins du cabaret où ils soupçonnent les gens de pouvoir se cacher. Ils traquent tous les recoins. Etant armés bien sur !
Le camion se remplit, mais certains irréductibles tentent le tout pour le tout, afin de s’échapper. Ils engagent une fuite dans un coin donnant à l’arrière quartier, les éléments de la police s’en aperçoivent et s’alertent entre eux. Ils se rassurent qu’effectivement, un autre camion est stationné à la sortie de cette piste que les fuyards paniqués empruntent.
Ceux qui réussissent à tromper la vigilance des policiers en pénétrant à nouveau le cabaret pour s’y cacher, parviennent à se vautrer dans une pièce obscure, fermée. La scène rappelle un peu la cachette du Bataclan, à Paris, grâce à laquelle certaines personnes avaient pu échapper à l’attentat terroriste qui avait frappé cette salle de concert le 13 novembre 2015. Ambiance traumatisante….
Ils y passent pratiquement une heure, contraints de se taire, s’étouffant dans ce lieu fermé ! Ils reçoivent une nouvelle qu’un élément de police a été blessé par un des badauds trainant dans les coins autour du cabaret.
Enfermés, l’un d’eux réussi à appeler son ami embarqué à l’extérieur dans le camion. Il lui apprend qu’ils sont effectivement en train d’être conduits vers le commissariat du 4ème.
Affaire à suivre
À l’heure où cet article est rédigé, l’on n’a pas plus d’informations claires sur l’unité exacte de police où ont été conduites ces personnes, qui ne demandaient qu’à se détendre.
Rafle au motif de flânerie nocturne, que la loi interdit, attendons de voir le motif qui sera retenue. Mais l’on retient vraiment le souffle qu’il ne s’agisse pas d’une opération anti-gay encore, d’une chasse à l’Homme. En tous cas, plusieurs personnes ont été emmenées par la police, soit pour l’unité de police de Nkolmesseng, soit pour le commissariat du 04ème.
Dans un contexte morose marqué ces dernières semaines par les coups à répétition vécus par les leaders communautaires, cette situation est à suivre de près, car elle plonge déjà la communauté dans la stupeur.
Affaire à suivre …
L’auteur de cet article est un militant pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme.
Alerte
(Un post connexe publié sur Facebook par l’association militante CAMFAIDS, la Cameroonian Foundation for AIDS).
Arrestation de masse en cours dans la ville de Yaoundé.

Logo de la CAMFAIDS
Plusieurs personnes qui fréquentent le snack bar dancing le MISTRAL et ou les personnes LGBT ont l’habitude de se retrouver le samedi pour passer un moment de convivialité sont en ce moment [au petit matin le 9 octobre] en train de se faire molester et interpeller au seul motifs qu’ils sont homosexuels, d’ou l’alerte qui est portée pour large diffusion. Ils ont été conduits au commissariat central numéro 4, au commissarat du 16e arrondissement et au commissariat du 14e arrondissement, et ceci sans raison apparente, car même ceux ayant des cartes d’identité ont aussi été arrétés.
D’ou l’alerte que CAMFAIDS diffuse pour que cesse ces intimidations et procédés qui n’ont qu’assez duré.
Articles connexes:
- Cameroun: Yaoundé comme Sodome et Gomorrhe (janvier 2016, Camer.be)
- Cameroun: Rafle dans les snacks bars d’Essos à Yaoundé (août 2015, Camer.be) — Plus de 200 personnes ont été interpellées
Articles connexes dans ce blog:
- Cameroun: Mise en garde contre un arnaqueur — encore 7 octobre 2016
- Cameroun: Décès du directeur exécutif de la CAMFAIDS 1 octobre 2016
- Cameroun : attaques homophobes déguisées en cambriolage? 13 septembre 2016
- Des danseurs humiliés, torturés et soumis à des traitements dégradants au Cameroun 24 août 2016
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