Les éléments de la gendarmerie camerounaise arrêtent 25 personnes présumées homosexuelles aux environs de minuit samedi 11 mai. D’entre eux, 23 restent encore en garde à vue dans les locaux du Secrétariat d’Etat à la Défense du Cameroun depuis lors.

La nuit dans le quartier Essos à Yaoundé (Photo de Camer.be)
Par Steeves Winner
Dans la nuit du samedi 11 mai aux environs de minuit, une patrouille composée de plusieurs éléments de gendarmerie entreprennent des descentes habituelles dans certains coins de la cité capitale dans le but de garantir la sécurité des citoyens.
Passant par le lieu-dit Mobile Essos, la patrouille décide de s’arrêter devant le célèbre cabaret Le Mistral (un lieu populaire de rencontre des homosexuels dans la ville de Yaoundé) bien que fermé à cette heure.
Tout comme un coup préparé, ces gendarmes se font passer pour des pseudos clients devant la porte du cabaret, plaidant et employant des moyens de persuasion pour essayer de pénétrer dans la salle malgré le refus des personnes présentes à l’interne.
Selon un gardé à vue :
« Nous leur avons informé que le cabaret est déjà fermé, mais ils ont forcé la porte pour entrer et par la suite, ils nous ont arrêtés et emmenés ici sans aucun motif » .
Après l’arrestation de sept personnes dans le cabaret parmi lesquelles un danseur, un serveur et le gardien, la patrouille a pris la direction d’une salle de ciné gay située au quartier EMOMBO Ier carrefour où ils ont débarqué de force et ont embarqué 18 personnes présentes dans ladite salle.

Un symbole de la gendarmerie au Cameroun.
Après cela, toutes les 25 personnes ont été conduites dans les locaux du Secrétariat d’Etat à la Défense du Cameroun où elles ont été auditionnées toute la nuit. Un gendarme déclare ce fait là par inadvertance quand il est interpellé sur la question par le représentant du cabinet Maitre Jathan NDONGO, saisi pour la circonstance.
Déclaration peu contraire du Commandant Parfait NANA II, qui déclare que juste deux présumés ont été auditionnés et non pas les 25. Il le déclare dans un échange entretenu avec les acteurs suivants: Maitre Saskia DITISHEIM des Avocats Sans Frontière Suisse de passage au Cameroun, Michel ENGAMA de la CAMFAIDS, Jean Jacques DISOCKE de Alternatives-Cameroun, Patrick TONKEU de Humanity First Cameroun et un représentant du cabinet Maitre Jathan NDONGO.
Voici la déclaration du Commandant NANA:
« Parmi les 25 personnes gardées à vue, 02 personnes appréciées comme des témoins des scènes ont été libérées après audition. Les 23 restants seront auditionnés à leur tour et des conclusions seront prises lors de la clôture des enquêtes. Mais déjà, je puis vous rassurer que plusieurs motifs ont été identifiés à l’instar de défaut de CNI [carte nationale d’identité], détention de stupéfiants et homosexualité. Personnellement, je ne juge personne et ne condamne personne sur la base de son orientation sexuelle. Cependant, le Cameroun a une législation à faire respecter. »
Notons que plusieurs parents en émoi balaient actuellement les locaux de la gendarmerie où lesdits gendarmes ne cessent de leur balancer sur le visage que leurs enfants sont des homosexuelles et qu’ils méritent leur sort.
Ces 23 gardés à vue n’ont ni à manger ni à boire et sont enfermés dans des conditions de précarité accrue. Rendez-vous a été pris lundi 14 Mai 2018 pour la suite de l’affaire.
Steeves Winner, l’auteur de cet article, est un activiste pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme. Le contacter à steeves.w@yahoo.com.
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