Un an après l’assassinat du journaliste activiste camerounais Éric Lembembe, des militants des droits de l’homme du Cameroun et à l’international demandent une nouvelle enquête sur sa mort.
Les autorités camerounaises ont tellement été incompétentes et irrespectueux dans la gestion de l’enquête que cela pourrait mener à des nouvelles attaques contre les personnes LGBTI par les homophobes, qui restent impunis pour de tels actes, déclarent les militants.
Ces militants ont cité des anomalies et des procédures incohérentes dans la conduite de l’enquête, notamment l’absence de photographies officielles, de prise d’empreintes digitales dans la scène du crime, ou la disparition du certificat de décès d’éléments décrivant l’état du corps comme les brûlures et d’autres blessures apparentes..
L’enquête a également été perturbée par son transfert entre les différents services de l’État. D’abord confiée au Commissariat du 1er arrondissement de Yaoundé, elle a été transférée à l’administration centrale de la Sûreté nationale, puis à un juge d’instruction qui a fait convoqué la mère, la sœur et le frère d’Eric Lembembe.
Les enquêteurs ont également intimidé les amis et la famille de Lembembe, rapportent les militants. Plusieurs de ses amis ont été placés en garde à vue par la police au début de l’enquête. En outre, les parents et les témoins ont été convoqués par le juge d’instruction, mais n’ont jamais été appelés à témoigner.
« C’est un crime particulièrement odieux et violent qui a visé un homme engagé dans la Défense des droits d’une catégorie vulnérable de la population camerounaise. Nous le répétons : la justice doit être particulièrement exemplaire s’agissant des crimes de haine », ont déclaré Karim Lahidji, président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme, dit FIDH, et Gerald Staberock, secrétaire général de l’Organisation mondiale contre la torture, dit OMCT.
L’appel pour une nouvelle enquête venait de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme (un programme conjoint de FIDH et OMCT); la Cameroonian Foundation for AIDS, dit CAMFAIDS; la Maison des droits de l’Homme du Cameroun, dit MDHC; le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale, dit REDHAC; l’association pour la Défense des Homosexuel-le-s, dit ADEFHO; et Alternatives Cameroun.
« L’inertie des autorités camerounaises sur cette affaire est d’autant plus inquiétante qu’elle risque d’engendrer un sentiment d’impunité chez les auteurs de crimes et de persécutions à l’encontre des personnes LGBTI et d’alimenter la stigmatisation et la discrimination à l’encontre de ces personnes et des défenseurs de leurs droits », a ajouté Me Michel Togue, avocat au barreau du Cameroun et conseil juridique de CAMFAIDS.

Eric Lembembe était un des co-auteurs du livre From Wrongs to Gay Rights (en anglais). (Si vous voulez acheter le livre, cliquez sur l’image pour plus d’informations.)
En janvier dernier, l’Observatoire a mené une mission internationale d’enquête sur la situation des défenseurs des droits des LGBTI au Cameroun. Celle-ci a relevé des actes d’intimidation contre les défenseurs du droit à la santé et des personnes LGBTI. La mission avait aussi pour but de faire le point sur l’avancée de l’enquête officielle sur l’assassinat de Lembembe. Le rapport sur les conclusions de cette mission sera bientôt diffusé..
Lembembe était le directeur exécutif de CAMFAIDS. Il a travaillé en collaboration avec plusieurs associations camerounaises des droits de l’homme et de lutte contre le VIH/SIDA notamment Alternatives Cameroun et l’Association pour la défense des homosexuel-le-s (ADEFHO). Il a également participé à l’élaboration du rapport de Human Rights Watch sur le Cameroun en mars 2013, aux recommandations présentées en mai 2013 mais aussi à l’Examen périodique universel (EPU) du Cameroun, présenté devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Il publiait régulièrement des articles sur le blog Erasing 76 Crimes et est un co-auteur du livre From Wrongs to Gay Rights.
Il a été retrouvé battu à mort à sa maison à Yaoundé le 15 juillet 2013.
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