Jérémie Safari, le directeur général de Rainbow Sunrise Mapambazuko nous relate à nouveau les violences commises à l’encontre des personnes LGBTI+ dans l’est de la République Démocratique du Congo (RD Congo), dans la région de Bukavu et d’Uvira, dans le sud Kivu. Dernièrement, un suicide et une tentative d’assassinat, ainsi que des viols correctifs ont agité les équipes de son organisation. La RD Congo ne pénalisant pas l’homosexualité ou la transidentité, il déplore aussi le silence de la société civile LGBTI+ internationale entourant ces exactions.

Tentative d’assassinat sur la personne d’Eustache à Bukavu
Une vidéo d’une violence extrême montrant un homme en train de se faire trucider à la machette en Afrique, circule sur les réseaux sociaux.
Il s’agit d’un jeune dénommé Eustache qui a eu la malchance le 6 mars dernier vers 20H00, de tomber dans un guet-apens horrible, alors qu’il sortait d’une boutique de Bukavu après s’être procuré des bougies, en raison des coupures de courant.
Des jeunes de son quartier qui l’injuriaient et qui avaient déjà menacé de passer à l’acte, lui ont alors tendu un véritable guêpier. Sommé de changer d’orientation sexuelle sous peine de décapitation, il a reçu de très nombreux coups de machette à la cuisse, mais aussi au visage.
« On déplore à l’international l’inaction que suscite la situation des personnes LGBTI+ dans l’Est de la RD Congo, alors que les violations graves des droits humains, y sont légions », dixit Jérémie Safari.
Jérémie Safari nous a assuré hier qu’Eustache était toujours en vie et qu’il avait été admis à l’hôpital, le jour de son agression autour de 22H00. La victime devrait garder de nombreuses cicatrices de cette attaque et son visage a été totalement tuméfié et ensanglanté.
Concernant les circonstances entourant cette vidéo, elle provient d’un membre bisexuel de la communauté qui a pu filmer la scène avec son téléphone. Personne n’est intervenu pour se porter au secours d’Eustache au moment de l’attaque, tant la cruauté de l’agression était grande.
Suicide et viol correctif d’un homme transgenre à Walungu
Ce mercredi 5 avril, un homme transgenre a été retrouvé pendu à son domicile, après avoir subi un viol correctif le dimanche 2 avril dernier.
Des membres de sa famille voulait le marier de force à un homme et ses frères ont voulu le forcer à avoir des rapports sexuels avec des hommes, afin qu’il apprenne à connaître le plaisir hétérosexuel.
Ce sont ces derniers qui sont les commanditaires de ce viol correctif et l’un d’entre eux a été appréhendé, car la victime avant de se donner la mort a pu dénoncer les agissements de ses proches, dans un courrier posthume.
Aussi, le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH) des Nations Unies, informé, a pu convaincre les autorités locales de pouvoir faire toute la lumière entourant les circonstances de ce décès tragique.
Le corps de cet homme transgenre sera inhumé demain, le 9 avril, durant le dimanche de Pâques.
Des personnes transgenres sont empêchées de prendre part au processus électoral
Enfin, des élections présidentielles et législatives sont prévues en RD. Congo pour la fin d’année. Le processus d’enregistrement des futurs électeurs a déjà commencé depuis le mois de mars.
De graves irrégularités ont été constatées dans la localité de Baraka le 26 mars dernier, notamment envers 3 femmes transgenres, ainsi que 2 lesbiennes accompagnées par Rainbow Sunrise Mapambazuko (RSM).
Les agents qui enregistrent les futurs électeurs leur reprochent entre autres, de vouloir promouvoir l’homosexualité et d’aller à l’encontre de la coutume et de la tradition. Par conséquent, elles ne pourront pas prendre part aux scrutins et elles se voient priver illégalement de l’exercice de leur citoyenneté.
« La loi n°06/018 du 20 juillet 2006 contre les violences sexuelles ne s’applique pas dans les faits aux personnes LGBTI+ en RD. Congo. Souvent, les dossiers sont classés sans suite », dixit Jérémie Safari.
Deux jours plus tard, c’est le chef de quartier, ainsi que deux policiers, qui de mèche avec de jeunes voyous, les ont forcées à prendre la fuite. Les 3 femmes transgenres ont été molestées, tandis que le couple de lesbiennes qui vivait à leur côté a eu à subir un viol. L’ensemble de leurs biens ont été pillés, avant que leur maison ne soit réduite en cendres.
Actuellement les 3 femmes transgenres sont réfugiées à Bukavu, hébergées par un membre du réseau RSM, dans l’attente d’une évacuation possible vers le Burundi. Là-bas, pense t-on, elles ne seront pas reconnues. En tout état de cause, le préjudice psychologique fait à ces personnes est très important.
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