L’association Humanity First Cameroon rapporte dans un communiqué de presse:

Logo de Humanity First Cameroon
Séquestration, arrestation arbitraire d’un jeune homme de la ville de Yaoundé et chasse à l’homme du président et du responsable des droits humains de Humanity First Cameroon.
FAITS
Le mardi 4 avril 2016 à plus de 18H30 le nommé Hervé K. vivant à Yaoundé se fait appréhender et séquestrer par des éléments de la garde présidentielle, compagnie d’Ekounou, pendant plusieurs heures. Puis, il est conduit à la brigade de gendarmerie d’Emombo, ou le commandant de la brigade lance une chasse à l’homme contre le président et le responsable des droits humains de Humanity First Cameroon.
TENEUR DU PROBLEME
Tout commence quelques jours avant, le mardi 04 avril 2016 quand le dénommé Hervé, un jeune homme âgé de 25 ans, vivant à Yaoundé, commence à échanger des SMS avec un élément de la garde présidentielle. A travers les messages Hervé témoigne au soldat toute son admiration (eu égard le climat qui règne au Cameroun à l’heure actuelle, les forces de défense sont adulées par le peuple, rien de surprenant donc). Ce dernier a analysé ces SMS comme étant des avances de la part d’Hervé. Le militaire après plusieurs SMS aurait dit à Hervé qu’il n’est pas homosexuel. Il aurait ainsi arrêté d’échanger des SMS avec Hervé, mais non sans élaborer un plan avec ses collègues militaires pour arrêter et séquestrer le jeune homme.
Quelques jours plus tard, précisément le 04 avril 2016, le même élément de la garde présidentielle recontacte le jeune Hervé, prétendant que sa petite amie serait tombée sur un des SMS que ce dernier lui envoyait et du coup elle veut le quitter. Il demande donc à Hervé de venir dire à sa petite amie qu’il n’est pas homosexuel afin que celle-ci ne le quitte pas. Hervé se rend donc à ce rendez-vous sans se douter du fait qu’il s’agissait d’un guet-apens. Arrivé sur place, l’élément de la garde présidentielle en question se saisit de lui et le conduit à la garde présidentielle au quartier Ekounou à Yaoundé. Suite à quoi, le jeune garçon sollicite l’assistance de la cellule juridique de Humanity First Cameroon en passant un appel au responsable de la cellule des droits humains de l’association.

Jules Eloundou, le président de Humanity First Cameroon (Photo d’ILGA)
Le responsable de la cellule, ayant eu l’élément de la garde présidentielle au téléphone, essaye de calmer ce dernier en lui demandant de lever la séquestration du jeune homme, en lui rappelant leur mission régalienne de protection du chef de l’état et non celle de police judiciaire ou brigade de gendarmerie. Ce dernier reste sur sa position en répondant au responsable de la cellule qu’il ne fait que son travail. C’est comme un bandit de grand chemin que le jeune Hervé est conduit à la brigade sous bonne escorte de pas moins de six éléments de la garde présidentielle, maintenant à l’arrière d’un pick-up militaire à la brigade de gendarmerie d’Emonbo. Celle-ci a à sa tête le commandant de brigade le plus homophobe de la ville de Yaoundé, qui avait déjà été cité dans plusieurs cas d’arrestations arbitraires dans le rapport de violation de Humanity First Cameroon de l’année 2016, et qui a pour habitude de traquer les présumés homosexuels et exiger une somme de 200 000 Francs CFA [305 euros] pour les relâcher.
Ce dernier se saisit donc du cas et admet le jeune homme dans sa cellule après 18H30 , heure où les mises en cellules ne sont plus légales. Il le soumet sous une forte pression par des menaces, par des méthodes de tortures et autres intimidations afin de lui extorquer des informations. Le jeune finit par admettre tous les faits qui lui sont reprochés, pensant bénéficier après de sa liberté, car c’est ce qui lui aurait été brandi comme garanti.
Au final, après 72 heures de détention arbitraire, sans eau, ni nourriture, ni médicament et dans des conditions d’hygiène déplorable, le jeune garçon se voit contraint avant l’arrivée de son avocat de céder à la demande du commandant. Le commandant voulait savoir les identités du partenaire sexuel de Hervé, de son assistant juridique, et du président de « l’association de défense des homosexuels » qui vient à sa rescousse. L’avocat de l’association, qui s’est rendu sur les lieux pour s’enquérir de l’affaire, a été presque chassé de la brigade par ce commandant qui disait ne vouloir parler qu’avec le responsable de la cellule des droits humains de l’association ou son président (pour probablement les mettre aux arrêts aussi).
Ayant contraint et obtenu toutes les réponses du jeune homme dont il avait besoin et avec ses « vérités à lui », le commandant véreux lance donc une chasse à l’homme contre le président et le responsable des droits humains de Humanity First Cameroon, qu’il dit à présent vouloir entendre.
Humanity First Cameroon:
- Condamne de la manière la plus ferme qui soit toutes les arrestations faites sur la base d’une quelconque présomption d’homosexualité.
- Exige la relaxe pure et simple du jeune Hervé et rappelle que le Cameroun est un État de droit qui garantit la protection de tous ses citoyens sans distinction aucune, et qui garantit la défense et un accès équitable à la justice pour tous.
- Réaffirme sa mission première qui est la lutte contre le VIH/Sida en direction des groupes vulnérables particulièrement à haut risque de transmission.
- Réaffirme l’engagement de l’État du Cameroun pour oeuvrer à l’accès aux soins de santé de ces groupes à haut risque et la nécessité de mettre fin à toute entrave à l’action publique par rapport à l’accès aux soins équitables pour sa population.
Articles connexes
- Le président de Humanity First séquestré et arnaqué 25 juin 2015
- Au Cameroun, la fin des visites aux prisonniers LGBTI? 7 juin 2015
- Impossible de travailler: femme différente, masculine ! 23 mai 2015
- Cameroun, Berlin: Nouveaux travaux pour des lesbiennes 19 mai 2015
- Défenseurs des droits LGBTI font la Déclaration de Lomé 13 mai 2015
- Cameroun : une nouvelle association pour les lesbiennes 4 mai 2015
- Cameroun: Journée des défenseurs des droits humains, 15 juillet 21 avril 2015
- Cameroun : La vie d’un activiste gay tourne au feuilleton tragique 15 avril 2015
- Quand le coming-out rend sans-abris au Cameroun 9 avril 2015
- Cameroun: Le plaidoyer provoque une menace de mort 10 mars 2015
Pingback: Tunisie : prémices d’apartheid homophobe | 76 Crimes en français
Pingback: Nouvelle loi homophobe au Cameroun | 76 Crimes en français