Le président de Humanity First Cameroon, séquestré et arnaqué par un gendarme à sa descente d’avion, avec ses amis
Alors qu’il revenait d’un séjour en Europe, Jules ELOUNDOU s’est vu accusé d’homosexualité, après que ses amis venus l’attendre, aient été agressés, séquestrés par un sergent-chef de gendarmerie.
Il est un peu plus de 1 heure du matin, ce mercredi 24 juin, quand l’avion transportant Jules ELOUNDOU atterrit à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen. Celui-ci revient d’un séjour en Europe.
Il est alors interpellé par le sergent chef de gendarmerie, TAGNE Joël, qui lui fait comprendre qu’il a surpris deux amis, venus l’attendre en train de s’amouracher.
Il demande alors à Jules, de lui verser la somme de 200 euros, afin qu’il n’intente pas une procédure judiciaire contre eux. L’un de ces amis, JP, fait des signes des yeux, insistants à Jules, pour lui demander de ne pas croire ce que ce sergent prétend.
Jules tombant de nue, balaie cette proposition, en répondant au sergent-chef qu’il n’a rien à payer, parce qu’il n’y comprend d’ailleurs rien, et qu’il n’a pas d’argent à donner. Devant les accusations insistantes de TAGNE Joël, qui prétend toujours avoir surpris une scène d’amour entre JP et Gaël, les deux amis venus accueillir Jules, celui-ci répond au gendarme, qu’il connait les mœurs de JP, et quand bien même ces deux là seraient homosexuels, ce n’est a pas en public qu’il viendrait s’amouracher, car dit-il, « il y a le cadre privé pour le faire ! ».
Se rendant compte de la ferme résistance de Jules, TAGNE Joël change de ton, et accuse Jules d’être lui-même un homosexuel. Il retient alors les pièces d’identité de Jules, après avoir confisqué, quelques heures auparavant, celles de JP et Gaël. Jules entre alors dans une exaspération, et s’exclame à voix haute, « dans quel pays vit-on comme ça ? » devant une foule de voyageurs. Il dénonce des pratiques abusives et restrictives des libertés individuelles.
D’accusations et dénonciations arbitraires.
Face à cet énervement de Jules qui attire l’attention des usagers de l’aéroport, TAGNE Joel, le gendarme, se sentant humilié se met à sont tour à menacer Jules et ses amis, il les insulte avec des termes : « des sales pédés comme vous». Il les met au défi « appelez qui vous voudrez ici; c’est moi qui commande. Je vous tue si je veux ! »
La tension monte alors d’un cran et Jules et ses amis sont retenus par le gendarme. Leurs pièces d’identité sont jetées et éparpillées au loin. Plus grave, le gendarme fait appel à ses collègues en renfort. Dans cette équipe constituée aussi de femmes, Jules et ses deux compagnons d’infortune essuient toutes les insultes dégradantes. Ils sont tenus d’être les responsables de toutes les tares de la Société camerounaise, car comme le déclare une d’entre eux : « C’est à cause des pédés comme vous que nous n’avançons pas professionnellement. Vous bloquez le pays, partout ! ».
Le mauvais film continue. Jules et ses amis, pris de cours, ne peuvent que compter sur leur fibre activiste pour résister à ce torrent d’acharnement et de persécution.
Même le taximan qui a conduit JP et Gale à l’aéropor est aussi accusé d’être homosexuel, car lui balance-t-on, « il faut être un pédé pour accepter transporter des pédés ».
Le cauchemar avait commencé quelques heures plus tôt, quand JP et Gaël qui font des tours au hall de l’aéroport, en attendant que l’avion, qui est en retard, atterrisse, sont interpellés par ce gendarme. Il leur demande de se présenter. Gaël à qui JP avait remis sa carte nationale d’identité, sort leurs pièces à tous les deux. Le gendarme lui demande alors pourquoi il détient la carte de JP, et de déduire, que « c’est parce que vous êtes un couple ». Il poursuit en disant « Vous ne saviez pas, mais je vous file depuis, et je vous ai vu vous amouracher ». Ce qui est complètement faux, puisque ces deux là, visitaient tout simplement les galeries dans l’aéroport.
TAGNE Joël, le gendarme, retiens alors leurs pièces d’identité, et les conduit dans un premier temps, dans une sorte de cellule, là à l’aéroport. Il profère des injures.
Dévoilant ses véritables motivations visant à extorquer de l’argent, il propose, à JP et Gaël qui sont retenus, de les relâcher contre une somme de $274 (130.000 FCFA), que ces derniers devront demander à Jules, dès son atterrissage. Une somme qui lui sera remise en échange de leur liberté.
Ayant décliné son offre, il s’en est suivi des injures de toutes sortes et des coups sévères en l’endroit des deux jeunes garçons et c’est manu militari que Mr le sergent TAGNE Joël les traine arguant qu’il allait les garder en cellule pour homosexualité. Il regrette d’ailleurs publiquement de ne pas avoir son arme sur lui, pour les éliminer.
Néanmoins, le gendarme se rue sur Gaël, le roue de coups, et le blesse sur plusieurs parties du corps, au bas des lèvres, et lui enfonce la jambe.
Malgré autant d’hostilité et de violences, le courage de Jules, militant convaincu des droits humains des LGBT, JP et Gaël ne cèdent pas. Leur ténacité en est certainement venue à faire vaciller TAGNE Joël, et tous ses collègues, puisque à 4 heures du matin, les trois victimes sont relâchées. Au passage, Jules aura perdu son téléphone, et le gendarme aura quand même réussi à les racketter en les faisant payer le parking à 3.000 FCFA (environ $6), pourtant institué à 500 FCFA (environ $1).
Une plainte collective des trois victimes a été déposée. Gaël qui a été blessé, a établit un certificat médical. Par ailleurs, un avocat a été saisi pour suivre ce dossier.
L’auteur de cet article est un militant pour les droits LGBTI au Cameroun.
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