Charlot Jeudy, défenseur des droits LGBT en Haïti, est mort. Les circonstances entourant son décès ne sont pas claires.

La tristesse et la consternation étaient les premières réponses de l’Association Internationale des Gays, Lesbiennes, Bi et Trans en Amérique Latine et Caraïbe (ILGALAC).
« Nous demandons à la police et au gouvernement haïtien d’enquêter de manière extrêmement approfondie sur les circonstances de ce décès suspect » , ILGALAC écrit.
Lire le communiqué d’ILGALAC ci-dessous.
Le principal défenseur de la communauté LGBTQ en Haïti, Charlot Jeudy, a été retrouvé mort dans sa résidence ce lundi. Les circonstances entourant ce décès restent floues, a souligné la journaliste Amélie Baron sur Twitter. La nouvelle a été relayée par la correspondante de l’Agence France Presse (AFP) en Haïti, Amélie Baron.
« Charlot Jeudy, militant LGBTI le plus mobilisé d’Haïti, a été tué hier », a écrit la journaliste précisant que les circonstances de ce décès sont encore floues. « C’est une terrible nouvelle pour la communauté et plus largement pour les défenseurs des droits humains dans le pays », a souligné la correspondante permanente de Radio France Internationale (RFI).
Agé de 34 ans, Charlot Jeudy est reconnu en Haïti par rapport à son engagement dans la promotion et la défense des droits de la communauté LGBT à travers l’organisation Kouraj. Fondé le 18 décembre 2011, cet organisme se propose de « porter dans l’espace public, la question de l’homophobie et de la transphobie ».
« Qu’on les accepte ou pas, les masisi et les madivin sont des concitoyens de la République d’Haïti », avait déclaré en août 2018 M. Jeudy, dans un entrevue accordée au bureau de communication de la MINUJUSTH.
Le militant avait affirmé dans cette interview, que son organisation travaillait également avec la communauté internationale afin que les traités et conventions puissent devenir une réalité pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes dans le pays.
Dans un rapport publié le 8 août sur ces 3 dernières années, l’organisation Kouraj dirigée par Charlot Jeudy, rapportait 21 cas de violences sur des personnes LGBTIQ dont un cas d’assassinat.
« Certains sont agressés à la découverte de leur homosexualité. Deux d’entre eux disent l’avoir été pour s’être fait prendre en photo pour le Festival MasiMadi. Trois ont déclaré avoir reçu des menaces de mort. D’autres ont déclaré […] que leurs proches leur ont menacé de les brûler vif. Cinq (5) disent avoir reçu des coups et blessures, déclarations sont confirmés par des certificats médicaux […]», pouvait-on lire dans le document.

Voici le communiqué d’ILGALAC:
L’ILGALAC consternée et attristée par la mort de Charlot JEUDY, l’un des plus grands défenseurs des droits LGBTI d’Haïti et de la Caraïbe
L’ILGALAC a appris avec une grande douleur la mort de Charlot JEUDY, l’un des plus grands défenseurs des droits LGBTI d’Haïti et de la Caraïbe. Les circonstances de son décès sont très floues : le président de l’association KOURAJ a été retrouvé inanimé à son domicile. Des matières fécales ont été retrouvées sur son lit. Ses proches évoquent un empoisonnement.
Nous demandons à la police et au gouvernement haïtien d’enquêter de manière extrêmement approfondie sur les circonstances de ce décès suspect. S’il est confirmé que Charlot JEUDY a été assassiné, nous demandons à ce que les coupables de ce crime homophobe soient identifiés rapidement et condamnés à une peine exemplaire.
La République d’Haïti doit montrer qu’elle refuse que ses citoyens soient tués en raison de leur orientation sexuelle et de leur engagement dans la défense des droits des personnes LGBTI. Le décès de Charlot JEUDY est une très lourde perte pour le mouvement LGBTI en Haïti comme dans toute notre région d’Amérique latine-Caraïbe.
Nous demandons fermement à l’Etat haïtien de protéger les autres défenseurs des droits LGBTI en Haïti : une mort de plus serait une mort de trop pour les personnes LGBTI. Nous sommes extrêmement peinés par la mort de Charlot JEUDY qui, s’il avait obtenu son visa pour la Colombie, aurait dû participer à la conférence de lutte contre l’homophobie et la transphobie en Amérique latine et dans la Caraïbe qui se tenait cette semaine en Colombie. Il aurait ainsi pu alerter l’Expert Indépendant des Nations Unies (ONU) sur l’Orientation Sexuelle et l’Identité de Genre Victor MADRIGAL-BORLOZ de l’aggravation de la situation en Haïti.
Dans un rapport publié le 8 août dernier, Charlot JEUDY soulignait qu’il y avait eu 21 cas de violences contre les personnes LGBTI en Haïti au cours des trois dernières années. Nous lui avons transmis les coordonnées de M. MADRIGAL-BORLOZ mais il n’a malheureusement pas eu le temps d’échanger avec lui sur la situation particulièrement grave d’Haïti. L’ILGALAC a organisé cette semaine la première session francophone de l’histoire de ses conférences régionales.
Les associations Gay Attitude Guyane, KAP CARAÏBE et Le Refuge Guyane ont pu participer à cette conférence internationale mais pas les associations haïtiennes car il fut extrêmement difficile pour les défenseurs des droits LGBTI et militants haïtiens, malgré notre aide, de pouvoir obtenir un visa pour la Colombie et ainsi participer à notre conférence internationale.
La mort de Charlot JEUDY montre la tragique actualité des constats faits lors de la session francophone auprès de l’Expert Indépendant de l’ONU : la Caraïbe francophone est un espace qui demeure trop marqué par l’homophobie et la violence contre les personnes LGBTI. Les associations francophones ayant participé à la conférence régionale de Bogota – Gay Attitude Guyane, KAP CARAÏBE et Le Refuge Guyane – soutiennent ce communiqué et s’associent à la douleur ressentie suite au décès de Charlot JEUDY. Nous souhaitons rendre hommage à Charlot JEUDY, le plus grand militant LGBTI en Haïti.
Ses actions, son courage et sa force de conviction ont permis de lutter de manière déterminante contre l’homophobie et la transphobie en Haïti. L’association KOURAJ avait déjà fait l’objet de menaces en 2013 lorsque 3 hommes armés étaient entrés de force dans le local, l’avait saccagé et avait menacé Charlot JEUDY : il avait néanmoins continué son combat contre l’homophobie et la transphobie. L’association KOURAJ fournissait un soutien juridique, social et psychologique aux personnes LGBTI en Haïti. Elle oeuvrait également à la prévention du VIH et des maladies sexuellement transmissibles.
En partenariat avec la Mission des Nations Unies pour l’Appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH), KOURAJ a sensibilisé plus de 3000 Haïtiens aux questions de genre et d’identités sexuelles. Elle aidait également les jeunes LGBTI à s’émanciper économiquement, ces derniers étant fréquemment exclus de leur famille lorsque leur homosexualité était découverte. Charlot JEUDY en était le président et fondateur : son décès est une perte inestimable. Nous présentons nos plus sincères condoléances à ses proches et aux membres de l’association.
— Pedro PARADISO SOTTILE, directeur exécutif de l’ILGALAC
Charlot était un ami, dans le cadre du projet pride nous avons pu nous rencontrer en 2018 au Sénégal… S’était un passionné des droits humains en général et des droits des LGBTIQ en particulier… Il se sentait menacé mais comme beaucoup d’entre nous avait fait le choix du kouraj… CAMFAIDS s’associe a la douleur de ses proches et réclame justice pour Charlot… La lutte se poursuivra repos mérité au soldat tombé les armes en main…
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