Moyen Orient / Afrique du Nord

Nadia Khiari décrit la politique tunisienne: ‘Ils sont idiots’

Nadia Khiari (Photo de Renaud Joubert et Le Point Afrique)

Nadia Khiari reçoit au Festival off de la BD d’Angoulême le prix « Couilles au cul » récompensant « le courage artistique d’un auteur ». (Photo de Renaud Joubert et Le Point Afrique)

Nadia Khiari — peintre et créateur du personnage satirique Willis le chat qui s’est fait connaître durant la Révolution tunisienne en 2011 — vient d’être consacrée par le prestigieux Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême.

Après qu’elle a reçu le prix extraordinaire « Couilles au cul » du Festival récompensant « le courage artistique d’un auteur, » Khiari a répondu à une question posée par Le Point Afrique:

Que pensez-vous de la situation de la Tunisie?

Je suis une citoyenne et je veux à ce titre savoir ce que les dirigeants de mon pays font. Pendant la campagne électorale de 2014, deux partis (Nidaa Tounes et Ennahdha) se sont mis sur la gueule, se sont traités de tous les noms. Après le vote, ils sont devenus soudainement copains.

Conséquence : les jeunes se détachent de la politique. Un parti politique doit avoir une vision, un projet de société. Ils sont idiots.

Ils ne pensent qu’au pouvoir. Le seul espoir ? La société civile. Nous devons être de plus en plus nombreux à nous mobiliser. Nous nous sommes trop éparpillés.

Lorsque l’association Shams de défense des minorités sexuelles a été créée, on a jeté l’opprobre sur eux, sur les homosexuels.

La réalité, c’est que les jeunes homos sont rejetés par leurs familles, par la société.

Pareil quand une jeune femme a été violée par des policiers. Elle a dû prouver qu’elle était une victime. À chaque fois que nous avons un débat de société, ce sont les conservateurs qui monopolisent le sujet.

C’est culturel. Et les deux partis au pouvoir, Nidaa Tounes et Ennahdha, sont excessivement conservateurs. Ils tiennent un double discours. L’un à l’étranger, conciliant ; l’autre, à Tunis, archaïque.