Afrique subsaharienne

« La Côte d’Ivoire est perçue à tort comme un pays sûr »

Pour 76crimes, Guadalupe Diakhoumpa (pseudonyme) a accepté de partager sa situation actuelle, qui illustre l’impasse de nombreux réfugiés LGBTI+ en Afrique. Ayant quitté son Sénégal natal, aujourd’hui, elle reste dans l’attente en Côte d’Ivoire, où elle traverse une situation extrêmement incertaine, alors qu’elle ne parvient pas à enregistrer une demande d’asile.

Guadalupe Diakhoumpa

76crimes : « Quelle est ta situation actuelle, depuis la dernière fois où nous t’avons suivie ? »

Guadalupe Diakhoumpa : « Pour pouvoir enregistrer une demande d’asile auprès du Haut Commissariat aux Refugiés (HCR), dont le siège en Afrique de l’Ouest est situé à Dakar, il m’a fallu d’abord quitté le Sénégal dont je suis native, pour pouvoir me faire enregistrer comme réfugiée lesbienne auprès d’un autre pays de la région.

Logo du HCR

De facto, il n’y a presque aucun pays en Afrique de l’Ouest, excepté la Gambie et la Mauritanie, où l’on puisse être reconnue comme victime de violations des droits humains, en tant que personne LGBTI+, auprès du HCR, car au préalable, il faut déjà pouvoir s’enregistrer comme réfugié LGBTI dans le pays d’accueil, ce qui s’apparente souvent à un véritable parcours du combattant voire à un véritable casse-tête, sauf dans les deux pays précédemment cités où cette demande d’enregistrement n’existe pas.[Texte modifié à la demande de l’interviewée pour préciser son propos]

Ainsi, pour moi, en Côte d’Ivoire, ça n’a pas marché. La direction d’aide et d’assistance aux réfugiés et apatrides (DAARA) qui est une agence du ministère des affaires étrangères ivoirien, travaillant avec le HCR, a refusé d’enregistrer ma demande, car il n’existe pas de protection pour les personnes LGBTI dans les textes de loi, ici ».

76crimes : « Envisages-tu de pouvoir porter un recours ? »

Guadalupe Diakhoumpa : « On m’a recommandé un avocat et la procédure de recours devrait durer de 5 à 6 mois, mais je ne suis guère optimiste. En effet, les autorités ivoiriennes sont assez catégoriques envers les réfugiés LGBTI+ et même si la population locale semble tolérer les personnes lesbiennes à Abidjan, il existe néanmoins une véritable homophobie insidieuse et silencieuse, au niveau politique.

Logo de la DAARA

C’est pour cela que je dis que la Côte d’Ivoire est perçue à tort comme un pays sûr envers personnes LGBTI+, d’autant plus que les associations locales de défense des droits humains rencontrent des difficultés, avec une baisse des moyens leur étant alloués.

En attendant que ma situation inextricable puisse trouver un aboutissement favorable, je suis là et je vis de subsides que des amies restées au Sénégal m’envoient. Je ne me sens pas du tout sous pression à Abidjan, car je n’ai ni attaches, ni proches en Côte d’Ivoire et j’ai dans l’ensemble l’air de me sentir mieux ici ».

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3 réflexions sur “« La Côte d’Ivoire est perçue à tort comme un pays sûr »

  1. Bonjour,
    Source erronée sur l’Afrique de l’Ouest on peut parfaitement enregistrer sa demande d’asile en tant que LGBTI directement auprès du HCR de Mauritanie ou de Gambie par exemple…
    Et après une longue période obtenir enfin la protection du HCR puis ensuite une relocalisation par le HCR en Suède et autres pays occidentaux … en fonction de l’importance de la vulnérabilité LGBTI détectée la relocalisation est plus ou moins rapide…
    Le processus peut être long … plusieurs années comme pour tous les autres réfugiés HCR …

    • Tout à fait d’avis avec toi avec l’exemple de la Gambie et de la Mauritanie car il n’y a pas de sous traitant nous parlons du DAARA et non du HCR ou venez sur le terrain pour connaître la réalité. Nous parlons de la Côte d’Ivoire et non de la Gambie encore moins de la Mauritanie.

  2. Moi c’est Mya ceci est la triste réalité car moi aussi en 2019 j’étais en Côte d’Ivoire mais le problème se situe au niveau du DAARA

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