Par Erin Royal Brokovitch
AFFAIRE DETENTION HERVÉ ET CHASSE À L’HOMME RESPONSABLES DE HUMANITY FIRST CAMEROON

Me Michel Togué (Photo de Global Rights)
CAMEROUN — Mercredi 13 avril, premier dénouement heureux dans l’affaire d’un homme camerounais accusé d’homosexualité et détenu depuis le 4 avril.
Le jeune Hervé a été remis en liberté grâce à l’action des militants de Humanity First Cameroon et surtout des avocats Me Michel Togue et Me Jatan Ndongo. Malgré cela, le danger n’est pas écarté dans cette affaire délicate.
La détermination et la maitrise des pratiques des forces de l’ordre camerounaises face à une incarcération des personnes accusées d’homosexualité ont permis aux défenseurs du jeune Hervé de sortir de brigade d’Émombo où il était détenu depuis le 04 avril, suite à un guet-apens que lui avait tendu Wilfried Ella, élément de la garde présidentielle, compagnie d’Ékounou à Yaoundé.
Un soulagement dans cette affaire dont la défense de Hervé était devenu compliqué avec les aveux obtenus au moyen de la pression que les éléments de la brigade, le commandant Jean Esso en tête, avaient exercé sur lui.
Hervé, 25 ans, avait été poussé à dire qu’il a effectivement fait des avances à Wilfried Ella, et dévoilé les noms des responsables de Humanity First, cible depuis lors du commandant de brigade.
Une juge homophobe
Hervé est libre mais l’épreuve n’est pas pour autant derrière lui. Bien au contraire ! Le chemin de croix commence pour lui dans sa vie. Dès le lendemain de sa remise en liberté, il était appelé à comparaitre au tribunal de première instance à Ékounou, le 14 avril à 07h30 minutes.
Suite à l’audience, l’affaire a été renvoyée au 12 mai. Mais la pente se révèle glissante pour Hervé, et sa défense, car la juge en charge de cette affaire, Aurélie Tekam, est manifestement homophobe. En pleine audience, elle n’a pas caché sa désolation de voir Hervé en liberté et a regretté publiquement qu’il n’ait pas été maintenu en cellule.
Autre grande difficulté à présent pour Hervé, en conséquence à cette affaire. En effet, depuis son retour à la maison le 13 avril, il est menacé d’expulsion. Et c’est un autre problème que le pauvre jeune homme va devoir gérer, trouver un logement sans y avoir été préparé, et par conséquent, sans moyens ! Une double épreuve à assumer pendant qu’il subit déjà la pression psychologique et émotionnelle de son procès.

Le responsable de la cellule des droits humains à Humanity First a reçu des menaces de mort. (Photo de Facebook)
Les responsables de Humanity First en danger
Du coté des responsables de l’association qui ont entrepris la défense d’Hervé, leur sécurité est plus que jamais mise à mal. Sur sa page Facebook, le responsable de la cellule es droits humains lançait l’alerte le 12 avril pour signaler les menaces de mort qu’il reçoit d’inconnus. Un phénomène qui coïncide depuis ce temps de l’affaire Hervé.
Aujourd’hui, leurs besoins sont clairs et ils interpellent les partenaires et autres initiatives de bonne volonté pouvant les aider :
« Nous avons vraiment besoin d’être sécurisés, même pour le futur » .
À comprendre: Des mesures pour la sécurité physique, et des moyens pour se reloger dans des conditions qui les tiennent à l’abri des assauts des homophobes excessifs. Ceci tant en vue de la condition actuelle que de façon plus globale, de leur engagement militant pro-LGBT et des actions entreprises pour défendre les homosexuels, ce qui les place dans une position d’éléments dangereux à anéantir, du point de vue des puritains de la morale dominante au Cameroun qui vomit tout ce qui a trait à l’homosexualité. L’on se rappelle de l’assassinat à son domicile en juillet 2013 d’Eric Lemembé, activiste LGBT engagé.
Des réactions promptes et concrètes doivent donc venir pour éviter un nouveau drame au vu des menaces de mort à prendre au sérieux.
Entre temps, l’on peut aussi comprendre que l’idée d’initier une plainte ou demander une enquête judiciaire pour mettre la main sur les auteurs des menaces, ne soit pas enchantante, quand on se rappelle que l’enquête de l’assassinat d’Eric Lemembé piétine toujours, qu’elle n’a toujours pas abouti !
L’auteur de cet article est un militant pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme.
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