
Tika: « Je devais continuer, persévérer afin de gagner mon autonomie. » (Photo publiée avec son autorisation.)
Faisant l’objet de railleries, d’insultes et des attaques, un jeune gay décide de prendre sa vie en main et de s’imposer dans son environnement social.
Par Jacks OKE
« Où vais-je vivre si je suis toujours repoussé par tout le monde? Y a-t-il un monde réservé uniquement aux personnes de mon genre ? »
Voilà les interrogations qui surmènent le quotidien de TIKA, un jeune gay âgé de 17 ans vivant à Yaoundé au Cameroun.
N’ayant pas connu son père, TIKA (un pseudonyme) vit avec sa maman et son petit-frère dans un quartier populaire de la ville de Yaoundé.
D’un caractère efféminé et d’une voix fine, il fait l’objet de railleries et même d’insultes auprès des autres enfants de sa tranche d’âge. Longtemps chamaillé dans son quartier et dans sa famille, le jeune TIKA a été contraint de vivre dans la nuit, de s’adonner aux cours du soir en classe de Première car il n’arrivait plus à fréquenter les établissements offrant les cours du jour. Sa maman lui aurait même menacé de plus lui payer ses études si jamais il ne change pas, pourtant très intelligent et éveillé.
Au regard de cette hostilité, TIKA décide de se lancer dans la danse pour pouvoir gagner honnêtement sa vie et se prendre personnellement en charge. Très vite, il est recruté dans un cabaret où il peut exprimer ses talents de danse.
Mais comme toujours, il est plus d’une fois agressé dans ses multiples déplacements de nuit à la sortie de son boulot. Tout cela n’est qu’obstacle car TIKA n’entend pas s’arrêter là ou encore se laisser influencer. Ayant plus d’une fois déposé des plaintes au commissariat du 4ème arrondissement de la ville de Yaoundé sans suite. La persévérance devient alors son leitmotiv.
Il déclare:
« Je savais que cette activité était meublée d’énormes risques mais je ne pouvais m’en passer. Je devais continuer, persévérer afin de gagner mon autonomie et montrer à mes détracteurs que même un gay peut s’en sortir tout seul dans la vie.»
Avec les revenus de cette activité tout au long de la période des vacances, il a financé ses cours du soir et a revu son agenda du cabaret. Aujourd’hui, il travaille juste les weekends et les jours fériés. Le reste du temps est totalement consacré aux études.
Il dit:
« Mes proches sont fiers de moi et de temps en temps m’encouragent à continuer mes études car c’est le seul moyen de bâtir un avenir certain et justifier que les gays au Cameroun ne sont pas toujours des personnes irresponsables ouvertes au sexe et à l’alcool comme on le pense.
Sa situation aujourd’hui aurait beaucoup changé selon lui. Il a regagné l’estime de sa famille qui a oublié son côté homosexuel. Son voisinage est devenu plus cordial et il n’a plus besoin de vivre enfermé loin des regards des autres.
Selon Henri-Frédéric Amiel ; Journal intime, le 17 octobre 1873.
« Savoir clairement ce qu’on veut, ce qu’on peut, ce qu’on doit facilite beaucoup la vie et donne du goût à la bataille. Mais ce qui nuit autant que le défaut d’ordre, c’est le manque de persévérance et de continuité. Si tu ne sais pas additionner tes efforts, tes idées, tes élans, par conséquent ton travail s’émiette, ta pensée se disperse, ta volonté s’évapore. »
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