
Le domicile de Nina à Douala, avec des indicateurs de son usage de l’eau et de l’électricité. (Photo par Jacks Oke)
Deux lesbiennes au Cameroun sortaient tranquillement depuis plusieurs années. Leurs problèmes ont commencé quand elles ont décidé de se marier.
Cameroun : Poursuite d’une lesbienne par sa belle-famille dans la ville de Douala
Par Jacks OKE
Apres avoir épousé sa bien-aimée Dora (pseudonyme) âgée de 25 ans, Nina (pseudonyme) 28 ans, est pourchassée par sa belle-famille pour détournement et envoutement.
Ces accusations se justifient par le fait que, selon la famille de Dora, leur enfant aurait été initié à l’homosexualité par Nina. Du même regard, c’est diabolique de se marier avec une personne de même sexe d’où le motif de l’envoutement.
L’affaire se passe dans la ville de Douala où Dora et Nina, deux majeures lesbiennes très amoureuses se fréquentant depuis plusieurs années déjà décident de convoler à juste noce dans le strict secret.

La localisation de Douala au Cameroun.
Alors, en date du 15 Janvier 2018 aux environs de 17 heures, la cérémonie s’est déroulée dans un lieu tenu secret loin des regards, commentaires et présences homophobes.
Dans la stricte intimité et confidentialité, les deux jeunes femmes, très amoureuses chacune de l’autre, se sont dites oui devant les témoins, amis et invités venus pour l’occasion. L’absence notable de leurs deux familles permet à la cérémonie d’être pleine de joie, de sourire, de gaieté et de belle vie.
Au Cameroun, un mariage homosexuel n’est pas célébré par un religieux ou un maire car l’homosexualité est condamnée. Alors c’est la marraine de la communauté LGBT qui s’en charge. Dans ce cas, la marraine est une lesbienne mature et respectée de la communauté.
Après une intense festivité, les amoureuses se sont retirées pour une nuit inoubliable et ce n’est qu’après deux jours que Dora a pu regagner le domicile familial qu’elle partage encore pour le moment.
Les rumeurs et photos désobligeantes de la cérémonie alertent rapidement la famille de ce qui s’est passé. C’est à cet effet qu’à son arrivée, elle est soudainement bastonnée par les siens et intimée de montrer le domicile de sa bien-aimée Nina.
Malgré la panique, elle réussit à émettre un message d’alerte informant sa conjointe de la situation. Dès réception du message, Nina réussit à son tour à apprêter sa valise et autres nécessités. Rapidement, s’en va loger chez une amie très loin de son domicile afin d’échapper à la furiosité de sa belle-famille.
Arrivée sur les lieux accompagnée de Dora, la famille de cette dernière force la porte et saccage tous les effets de Nina dans sa chambre en l’accusant de sorcière, envouteuse et diablesse. Elle aurait d’ailleurs envouté leur fille qui ne bénéficie plus de tous ses sens, selon eux à présent.
D’après le voisinage, la famille de Dora a juré se venger soit disant qu’elle a détruit la vie de leur fille qui aujourd’hui n’est plus normale, selon eux.
Aucune plainte n’ayant été déposée auprès des autorités de force de maintien de l’ordre, cette famille qui se revendique blessée a pris la décision de se faire justice elle-même.
Quant à Nina, elle ne cesse de courir, meurtrie par l’éloignement de sa compagne mais aussi par l’inquiétude pressante.
Actuellement, Nina est toujours chez son amie pendant que Dora est claustrée au domicile famille sous le contrôle des siens.

Escalier dans le domicile de Nina. (Photo par Jacks Oke)
Jacks Oke, l’auteur de cet article, est un militant pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme.
Des pensées de Claude Paschoud, Le pamphlet, nº 420, décembre 2012, p. 3
« On vit une époque formidable! Depuis plusieurs millénaires, on croyait que le mariage était l’union d’un homme et d’une femme désireux de créer une communauté conjugale, éventuellement même de procréer, mais notre époque a changé tout ça. Ce qui importe aujourd’hui pour justifier le mariage, c’est l’amour. (…) Hélas, les lois de nombreux pays ne permettent pas à n’importe qui d’épouser n’importe qui. De nombreuses législations exigent encore que les fiancés soient un homme et une femme, majeurs (…) Mais ces critères qui retiennent les officiers d’état civil (ou les maires, en France) sont dénués d’intérêt pour certaines Églises ou certains prêtres, qui font observer que Dieu est amour et que l’amour prime donc toute autre considération. Pour eux, deux hommes ou deux femmes qui s’aiment doivent pouvoir s’unir par les liens du mariage. (…) En réalité, il ne s’agit pas uniquement d’égalité de droits, ni uniquement d’amour. Il s’agit des règles de notre civilisation. »
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