Entretien avec Maxime-Margaret Loiry, « cheffe de pôle des transidentités » de Stop Homophobie.
Depuis que Youtube a levé les restrictions portant sur son compte Youtube, Greg Toussaint a publié 3 nouvelles vidéos. Elles visent toutes à discréditer l’action des organisations LGBT+ dans les établissements scolaires. Pour Stop Homophobie, Maxime-Margaret Loiry va nous expliquer les enjeux autour des interventions en milieu scolaire, pour les publics d’élèves, ainsi que pour les établissements scolaires et les associations LGBT+ elles-mêmes.

76crimes : « Quels sont les derniers développements liés à l’affaire Greg Toussaint ? »
Maxime-Margaret Loiry : « Avec Greg Toussaint dont la chaîne Youtube est toujours active, l’on assiste à une banalisation de la parole transphobe et à une banalisation de la parole de haine, puisque dans chacune de ses vidéos, il laisse transparaître que les personnes trans sont des menaces, notamment quand il dit qu’on endoctrine les enfants.
Greg Toussaint est une personnalité connue pour ses positions radicales et LGBTphobes. Il opère une complète confusion entre les personnes trans et les drag-queens.
Toutes les vidéos qu’il publie sont discriminatoires et par conséquent de nouvelles plaintes ont été déposées à son encontre, suite à la publication de ses vidéos les plus récentes, au cours des 15 derniers jours. Demain, nous allons de déposer une 4ème plainte contre lui.
Même si l’on sait que les délais judiciaires sont longs et qu’une comparution n’interviendra pas avant 1 an et demi, l’on ne souhaite pas voir des organisations se cacher derrière le principe de la liberté d’expression pour pouvoir discriminer des groupes sociaux, à l’instar de Civitas, par exemple.
D’ailleurs, Stop Homophobie a une bonne expertise concernant ce type de procès, car l’on a déjà entrepris plus de 400 actions en justice, dont près de 200 sont en cours ».
76crimes : « Greg Toussaint s’attaque notamment à la présence d’association LGBT+ dans les écoles, quel est votre sentiment ? »
Maxime-Margaret Loiry : « Il ne faut pas tout confondre, certaines associations ont un agrément au niveau national comme l’organisation Contact et d’autres ont simplement un agrément avec le rectorat de secteur. Ces agréments ne sont pas faciles à obtenir. Et ils sont délivrés au compte-goutte.
Les agréments sont indispensables si l’on souhaite mener des actions de sensibilisation à l’homophobie et à la transidentité. De plus, ils requièrent une formation, ainsi qu’un certain niveau de qualification. Les documents d’accréditation ne sont délivrés aux associations qu’au bout d’un an par les rectorats, car il s’agit d’un terrain très sensible politiquement et les contrôles sont nombreux. L’on est loin de l’image caricaturale et outrancière qui en est présentée par Greg Toussaint.
A titre personnel, j’ai déjà participé à deux interventions en milieu scolaire, mais l’initiative venue des chefs d’établissement était strictement ponctuelle et en lien avec notre expertise sur la transidentité. De notre côté, nous ne nous inscrivons pas dans la durée sur ce type d’action et nous préférons laisser le champ libre à des organisations comme SOS Homophobie en la matière, par exemple ».
76crimes : « Comment s’est déroulée votre dernière intervention dans un établissement scolaire ? »
Maxime-Margaret Loiry : « De nos jours, on est confronté à des élèves hyper connectés, donc de l’information, ils en ont déjà. Nous venons plutôt pour répondre directement à leurs questions, car il n’est pas certain qu’ils comprennent tout ce qu’ils entendent et voient. On est donc loin d’une démarche de prosélytisme, contrairement à ce qui est avancé par certains.
Mes interventions s’inscrivent dans une démarche de sensibilisation à la transidentité, car maintenant les chefs d’établissement sont confrontés à des élèves qui font aussi leur coming-out trans. C’est pour moi l’occasion d’aborder la question des prénoms d’usage pour les élèves transgenres et puis j’essaie de promouvoir un certain droit à l’indifférence, notamment quand il est question de la place des élèves trans dans les dortoirs, lors des sorties et des voyages scolaires.
De manière générale, l’on observe qu’il est beaucoup moins compliqué de se définir comme homosexuel en 2023, que de se définir comme une personne transgenre.
Aussi, l’on fait beaucoup de pédagogie pour que nos interlocuteurs comprennent que notre démarche s’inscrit dans un champ éducatif. Parler des discriminations en lien avec l’orientation sexuelle et de genre fait partie de l’éveil à la citoyenneté, puisque le but de l’éducation nationale est de former de futurs citoyens ».
76crimes : « Stop Homophobie a organisé une conférence le 17 mai, autour des LGBTphobies et des enjeux d’éducation. Est-ce que le ministre de tutelle était là et est-ce qu’il a été question des attaques contre les interventions en milieu scolaire ? »
Maxime-Margaret Loiry : « Le ministre n’a pas fait le déplacement, malheureusement. Son cabinet n’a pas accusé réception de notre demande. C’est plutôt dommage, mais est-ce que cela aurait changé quelque chose ? Je n’en suis pas sûre. Néanmoins, sa présence aurait pu participer d’un dialogue avec les nombreuses organisations qui étaient représentées. Je suis bien placée pour en parler, car j’ai coprésidée cette conférence.
Concernant les actes de cette conférence, ainsi que les vidéos, ils seront bientôt disponibles en ligne, afin d’en faire profiter le plus grand nombre ».
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