Mounir Baatour, le leader du groupe tunisien Shams qui défend les droits des homosexuels, a dû fuir en France pour sauver sa vie. Avant d’en arriver là, il avait été candidat à l’élection présidentielle tunisienne de l’année dernière.

En Tunisie, sa vie était menacée par des fatwas émises par des imams anti-gays. Il avait également été accusé de blasphème pour une publication sur Facebook.

Il déclare qu’il restera actif dans la défense des droits des personnes LGBTQ en tant que président de Shams (« Soleil » en arabe). Il reviendra en Tunisie s’il bénéficie de la protection de la police et si l’accusation de blasphème est abandonnée, déclare-t-il.

Dans une interview accordée au blog 76 Crimes en français, Mounir déclare:

J’ai quitté la Tunisie et je me suis refugié en France à cause des menaces sur ma vie suite aux fatwas émises par des imams tunisiens appelant à mon assassinat.

Je n’ai reçu aucune protection de la part de l’état tunisien. Au contraire, je suis poursuivi par la justice pour blasphème pour un statut que j’ai partagé sur Facebook.

Voila l’acte d’accusation du procureur.

Q. Vas-tu rester impliqué dans le plaidoyer tunisien des droits de l’homme?
R. Oui, bien-sûr.

Q. Shams va-t-il continuer?
R. Oui. Shams continue.

Q. Resteras-tu le leader de Shams?
R. Je reste le président de Shams.

Q. Pourrais-tu me dire quelles seront tes prochaines étapes afin de pouvoir rentrer en Tunisie en toute sécurité?

R. Que les poursuites contre moi soient abandonnées et avoir une protection de la police.

Q. Comment feras-tu pour vivre en France?
R. Je suis avocat, je peux travailler en France.

Le style d’activisme LGBTQ de Mounir Baatour a suscité beaucoup de controverse au sein de la communauté en Tunisie.

Après qu’il a annoncé sa candidature à la présidence, onze groupes tunisiens de défense des droits des personnes LGBTQ l’ont attaqué ainsi que Shams, les critiquant pour:

– Les nombreuses plaintes recueillies par différentes organisations, de la part d’individus ayant rapporté avoir été abusés sexuellement (dont des personnes mineures) par M. Baatour qui profite de leur situation de vulnérabilité.

– La stratégie d’outing qui ne respecte pas la vie privée des individus et qui les expose à de nombreux dangers. Nous condamnons fermement les discours queerphobe mais nous ne prônons pas les méthodes d’outing comme moyen de lutte pour la cause LGBTQI+.

– Les nombreuses violations de la vie privée des gens commises par l’association Shams présidée par Mr. Baatour, et ce en publiant des informations privées et personnelles de certains individus LGBTQI+ sans leur consentement dans le seul but d’obtenir un scoop médiatique, sans se soucier des dangers auxquels ils exposent ces personnes.

– La normalisation des relations avec l’entité sioniste, ce qui va à l’encontre de notre éthique et de nos valeurs.

Ils ont lancé une pétition à Change.org les dénonçant, qui a été signée par 432 personnes.

Colin Stewart, auteur de cet article, est l’éditeur des blogs Erasing 76 Crimes (76crimes.com) et 76 Crimes en français (76crimesFR.com) et le président de la Fondation Saint-Paul pour la réconciliation internationale.

Article édité et publié par Bruno Agar, membre du African Human Rights Media Network, docteur de l’université Paris-Saclay Evry-Val-d’Essonne au Centre Universitaire de Mayotte. Bruno s’intéresse aux problématiques médiatiques contemporaines, en particulier dans le contexte africain.