Afrique subsaharienne/Commentaire

Protection des LGBT : le jeu trouble de la Côte d’Ivoire

Le chef de l'Etat ivoirien, le Président Alassane Ouattara

Le Chef de l’Etat ivoirien, le Président Alassane Ouattara

La Côte d’Ivoire passe généralement pour une terre d’asile pour les LGBT. Une législation qui ne criminalise pas l’homosexualité, telle est le principal élément qui fonde cette réputation. En fait de non criminalisation, c’est en réalité un quasi-vide juridique qu’il y a dans la législation ivoirienne sur la question de l’homosexualité.

Car hormis  l’article 360 du code pénal qui fait des relations entre personnes du même sexe une situation aggravante de l’attentat à la pudeur, l’on ne rencontre nulle part d’articles relatifs aux relations et aux personnes homosexuelles. C’est dire que les personnes LGBT n’y ont pas de statut spécial. Cela signifie que la législation ivoirienne ne leur accorde aucune protection spécifique tout comme elle semble ne pas les menacer particulièrement.

Si le vide juridique relatif aux LGBT est manifeste, l’attitude de l’Etat ivoirien, elle, est floue ; à telle enseigne qu’il devient difficile de voir la réelle position de cet Etat sur la question des LGBT.  En effet, d’une part, le chef de l’Etat de Côte d’Ivoire s’est illustré positivement en ayant saisi la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDHCI) lorsque l’ONG Alternative Côte d’Ivoire avait été attaquée en janvier 2014.

Cependant, d’autre part, l’Etat dont le Président Ouattara est le chef semble s’inscrire dans une dynamique négative en ce qui concerne la protection des personnes LGBT.

Voici 2 indices inquiétant à ce propos :

  1. Au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, en septembre 2014, la Côte d’Ivoire a voté contre le projet de résolution « Droits de l’homme, orientation sexuelle et identité de genre » (A/HRC/27/L.27/Rev.1), un texte qui ne fait que s’inquiéter des violences et des discriminations dont sont victimes des personnes en raison de leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre.
  2. Récemment, en juin 2016, toujours au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, la Côte d’Ivoire a encore voté contre le projet de résolution « Protection contre la violence et la discrimination en raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre » (A/HRC/32/L.2/Rev.1 ). Pourtant, ce projet de résolution ne visait qu’à doter le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies d’un Expert indépendant pour les violences basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

Il est à noter que dans ces votes, la Côte d’Ivoire s’est alignée sur la position des pays comme l’Arabie Saoudite. C’est peut-être là un signe qui ne trompe pas. A l’heure où une nouvelle constitution ivoirienne est en préparation, il y a vraiment des raisons de rester vigilant.

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