Suite à une tribune de militants de droits humains issus de près de 15 pays, un tribunal tunisien a finalement ordonné la libération mercredi de Rania Amdouni, défenseuse des droits des femmes et militante LGBTI, lors d’un procès en appel.
En première instance Mme Amdouni avait écopé de 6 mois de prison ferme, en raison de sa présence au sein de divers mouvements sociaux, ainsi qu’en raison de son identité de genre.

Le 4 mars, Amdouni avait été condamnée à six mois de prison et à une amende pour «outrage aux forces de l’ordre et outrage aux bonnes mœurs». Mais une cour d’appel a ordonné sa libération hier.
Mme Amdouni, 26 ans, est notoirement connue en Tunisie, en tant qu’activiste au sein du groupe de défense des droits humains, « Damj » (association tunisienne pour la justice et l’égalité).
Suite à sa libération, son avocat Yassin Azzara, déclare auprès de l’agence de presse Reuters : « nous sommes heureux que Rania ait été libérée aujourd’hui par la cour d’appel, mais toutefois, nos préoccupations relatives à l’expression des libertés individuelles persistent, car des mois durant, Rania a été harcelée sur les réseaux sociaux par les autorités. Notamment sur le réseau social « Facebook ».
Sa récente libération a été saluée par les associations Solidarité Internationale LGBTQI (SIL) et le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT).
Dans un communiqué conjoint, ces organisations ont déclaré que la peine d’Amdouni avait été réduite à une amende de 200 dinars (61 euros). Ces associations ont reconnu en outre, l’efficacité extraordinaire de la mobilisation des défenseurs des droits humains exigeant la libération immédiate de Mme Amdouni :
Ainsi, « le comité de soutien à Rania Amdouni, le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie ainsi que Solidarité Internationale LGBTQI remercient toutes celles et tous ceux qui ont répondu positivement à leur appel et ont apporté leur soutien à leur demande de libération de Rania. En 48 heures, 70 organisations et plus de 160 personnalités ont signé l’appel que nous leur avions adressés.
« Il faut se réjouir de la libération de Rania tout comme de la mobilisation internationale que sa condamnation a suscitée :
– les signatures viennent de quelques 15 pays : Tunisie, France, Algérie, Maroc, Turquie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Bénin, Mauritanie, République Démocratique du Congo, Danemark, Italie, Suisse, Haïti, Canada
– des militant-e-s de la solidarité internationale, des droits humains, de l’immigration et de défense des droits des personnes LGBT ont travaillé de concert.
– des organisations des diasporas étrangères et des militant-e-s de l’immigration en France se sont mobilisé-e-s, aux côtés des associations de défense des droits des personnes LGBT dans une démarche commune.
– Pour la première fois, des associations du réseau francophone international de Solidarité Internationale LGBT ont ensemble fait entendre leurs voix pour défendre une des leurs. Nous souhaitons que cette mobilisation exemplaire en faveur des droits humains et du respect des minorités dans le monde se développe et se renforce dans chacun de nos pays.
« En Tunisie, ce combat en faveur de davantage de respect des libertés et des droits se poursuit. Nous continuons d’appeler à la libération inconditionnelle et immédiate des jeunes emprisonnés pour avoir manifesté leurs aspirations à un monde meilleur. Nous appelons l’Assemblée nationale tunisienne à abroger l’article 230 du code pénal qui date de la période coloniale et qui pénalise encore les relations homosexuelles. Nous réaffirmons ainsi notre solidarité ainsi que notre soutien aux mouvements sociaux en Tunisie. »