Des participants à une formation sur les droits en santé ont été agressés violemment en raison de la visibilité de leur identité de genre.
L’ONG « Défenseurs sans frontières » et ses membres sont directement menacés sous le chef d’inculpation d’homosexualité.
Par Steeves Winner

La scène se passe le samedi 21 septembre 2019 à 14H00. Au cours d’une formation sur le VIH et les droits des usagers en santé, assurée par l’ONG « Défenseurs Sans Frontières » dans une salle d’école de NKOLDONGO, des riverains sèment la terreur en agressant physiquement 6 participants, parmi lesquels des gays et des lesbiennes.
En voyant arriver le public convié, invité et inscrit à cette réunion, des jeunes du quartier présents non loin, sur la pelouse du stade de football, provoquent du chahut en attaquant verbalement l’auditoire venu assister à la formation prévue. Les propos homophobes et insultants fusent. L’allure des personnes présentes est conspuée.
Au regard de cette situation de confusion, le modérateur interrompt la formation et enjoint aux convives de regagner leur domicile respectif. Loin de s’apaiser, la situation s’envenime et empire. Des voyous ameutent le reste du quartier pour avertir de la présence d’homosexuels. Ces derniers sont roués de coups avec hargne, battus et se voient délestés de leurs effets de valeur, tels que les téléphones cellulaires. Parmi les 9 personnes prises à parti, seules 3 sont parvenues à fuir leurs poursuivants.
Suite à cette agression, les personnes tabassées ont été découragées de se rendre à proximité d’une salle de classe, de crainte qu’elles n’aillent contaminer les enfants de leur homosexualité. Cette dernière étant perçue à travers le prisme d’un virus contagieux à circonscrire. En outre, 4 participants à la formation ont été éloignés de leur domicile par leurs proches en raison de leur orientation sexuelle et n’ont plus de toît, à ce jour. Ils sont contraints à la promiscuité d’un abri temporaire chez des amis.
« Défenseurs Sans Frontières » est dans l’incapacité de poursuivre ses activités et ses missions, faute de local et de lieu pour pouvoir se réunir. De plus, le responsable de l’organisation, ses membres et les participants ont été convoqués par la police, en vue d’une inculpation sous le chef d’homosexualité en date du lundi 30 septembre à 14H00.
L’angoisse, l’anxiété et la peur préoccupent ces jeunes qui ne demandent qu’à vivre en paix dans un climat de tolérance et d’acceptation. L’un des mis en cause dit : « s’il pouvait exister un monde LGBT-friendly où nous pourrions vivre sans se plaindre, je pense que je serais le tout premier à m’y rendre ». Malheureusement, ce monde n’existe pas au Cameroun pour l’heure.
Steeves Winner, l’auteur de cet article, est un activiste pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-le à steeves.w@yahoo.com.
Moïse Manoel, le rédacteur de cet article, vit entre Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane française et Paramaribo au Suriname où il effectue ses recherches. Il est en doctorat de sociologie de l’Université des Antilles. Son champ d’études et de recherches sont les homophobies et les néocolonialités dans l’aire du Plateau des Guyanes en Amérique du Sud.