Moyen Orient / Afrique du Nord

Shams Mag: Une voix pour la communauté LGBT en Tunisie

 

Une page de Shams Mag

Un aperçu de deux pages de Shams Mag

Le premier magazine LGBT a été lancé en Tunisie. Shams Mag inaugure la place des LGBT dans la presse tunisienne alors même que les pouvoirs en place continuent de pénaliser l’homosexualité.

Me Mounir Baatour (Photo de Shams Mag)

Me Mounir Baatour (Photo de Shams Mag)

Mounir Baatour, fondateur et président de l’association Shams, explique à Têtu que Shams Mag est :

« un média qui peut donner l’opportunité à la communauté LGBT en Tunisie de s’exprimer librement, sans avoir besoin d’être un membre de notre association. On souhaite que le magazine devienne un canal d’expression et de liberté de parole par la communauté LGBT tunisienne »

L’association a aussi réalisé le documentaire “Au pays de la démocratie naissante” qui retrace la vie des homosexuels en Tunisie.

“Le film contient différents témoignages à visage découvert de personnes LGBT, qui ont été victimes de poursuites judiciaires, d’agressions homophobes ou de rejet familial » a déclaré Bouhdid Belhadi, responsable de la communication externe et des relations publiques et internationales de Shams Mag.

En Tunisie, l’article 230 du Code pénal punit la “sodomie” et le “lesbianisme” de trois ans de prison.

Têtu rapporte:

Pour refléter la nature de la société tunisienne, pour toucher un maximum de public dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (M.E.N.A.), et garantir la visibilité à l’international, le titre est multilingue : langues française, arabe et anglaise se croisent dès la couverture et au fil des articles. Publié sur le web, le titre sera aussi distribué à la demande grâce au tissu associatif dont le magazine sert de porte-voix.

Tant que l’homosexualité est pénalisée en Tunisie, les droits des personnes LGBT resteront bafoués et toute la communauté en souffre énormément, mais l’abolition de l’article 230 n’est pas la seule revendication de Shams. Il y a la prévention contre le VIH, la prévention contre le suicide des LGBT et l’abolition de toute discrimination contre les minorités sexuelles. Mais aussi une plus grande visibilité des LGBT en Tunisie et dans la région M.E.N.A..

Lettre ouverte d’une fille à sa mère, coups de gueule, collaborations artistiques et autres récits se joignent à l’interview de Fatma Ben Saïdane, et à ses douces paroles sur la tolérance traduite par Huffington Post Maghreb :

L’équilibre des nations est tributaire du degré d’acceptation de la différence. La société tunisienne est conservatrice dans le sens qu’elle refuse la diversité, qu’elle soit vis-à-vis des noirs, des homosexuels ou des handicapés, etc. Elle a peur d’elle.

Dans ce premier numéro, la culture occupe une place de premier plan et ce n’est pas un hasard :

On a constaté que le milieu culturel – cinéastes, artistes, acteurs, musiciens, chanteurs – est le plus gay-friendly. On reçoit beaucoup de soutien moral de leur part, et c’est aussi une manière de dire non à l’obscurantisme et aux esprits rétrogrades.

La couverture du premier numéro de Shams Mag

La couverture du premier numéro de Shams Mag

Pour autant, la directive est claire, « le magazine ne sera pas qu’une tribune pour les personnalités désirant s’engager, mais aussi un moyen d’exposer des personnalités homophobes et de les mettre à nu devant les lecteurs ».

Les positions de Shams ont déjà valu à ses membres d’être sous le coups des menaces de mort, et même d’une plainte au pénal pour « attentat à la pudeur » et « incitation à la débauche ». C’est d’ailleurs d’un pseudonyme que les rédacteurs signent leurs articles, même si le décret réglementant la presse les protège. « Ils le font par peur des représailles et de la vindicte populaire » nous indique le président de l’association Shams, laquelle enregistre toujours plus de signalements :

La situation des personnes LGBT s’est énormément dégradée après la révolution de janvier 2011 ; les cas d’arrestations, d’homicides homophobes, d’agressions, de viols se sont multipliés. La Justice ordonne systématiquement des tests annaux que des médecins légistes complices exécutent contre toute personne soupçonnée d’homosexualité. Mais on ne peut pas affirmer qu’il y’a une recrudescence des cas de condamnations de délits d’homosexualité.

Découvrez le premier numéro de Shams Mag ici.

5 réflexions sur “Shams Mag: Une voix pour la communauté LGBT en Tunisie

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