Afrique subsaharienne

Au Cameroun, la libération provisoire; l’enquête continue?

L’on apprenait mardi soir (le 7 octobre) la libération provisoire de quatre compagnons d’infortune, mais les conditions de cette libération sont jusqu’ici restées inconnues.

Par Erin Royal Brokovitch

Michel Togué (Photo du DialogAI.org)

Michel Togué (Photo du Global Rights)

Il est exactement 17 heures 45 minutes, mardi le 7 octobre, quand la collaboratrice de Maitre Michel Togué lui envoie le SMS pour l’informer de la libération de Jonas, Francky et les deux autres détenus.

Un soulagement immense pour les accusés, la défense, et toute la communauté des activistes LGBT camerounais qui se sont mobilisés avec la dernière énergie pour suivre de près ce cas, et assurer la veille afin d’empêcher l’emprisonnement des accusés.

Dans cette affaire qui a agité le mouvement des défenseurs des droits des LGBT à travers le monde, c’est très exactement six personnes qui ont été appréhendés et gardées à vue à la brigade de Kondengui. (Des articles précédents ont dit qu’il y avait sept détenus.)

Ils avaient été arrêté le 1 octobre après une descente musclée près de la mairie du quartier de Kondengui à Yaoundé au domicile appartenant à une personne soupçonnée d’homosexualité.

L’un d’eux, mineur, sortira le 2 octobre, après que sa maman ait exprimé toute l’émotion d’une mère et a expliqué que son fils est encore un élève.

Un autre obtient sa remise en liberté, apprend-on des enquêteurs, grâce à l’intervention de personnes influentes, dont il était le protégé.

Ainsi, sont restés dans la procédure, quatre personnes dont Francky et Jonas, anciens condamnés et emprisonnés pour homosexualité en 2011.
De cette affaire, l’on retiendra aussi, le dévouement sans faille des collaboratrices du cabinet Michel Togué qui ont fait preuve à la fois de patience, et de fermeté dans les négociations avec le procureur. Et à qui l’on doit d’ailleurs cette libération.

Pour comprendre la décision finale de libérer les accusés, il faut remonter le cours des événements quelques jours en arrière :

Vendredi le 3 octobre, le commandant de brigade ordonne le déferrement des accusés. Pourtant, il avait donné rendez-vous ce matin là aux avocates, collaboratrices de Me Togué.

Rendus au tribunal de première instance d’Ékounou, où les accusés sont déferrés, l’une d’elle demande au procureur que les accusés soient renvoyés à la brigade.

En fin d’après-midi, sa requête est validée et les accusés passent ainsi le week-end à la brigade.

Lundi le 6 octobre, l’une des avocates se rend sur place à la brigade pour discuter avec le commandant, mais celui-ci sera absent toute la journée. C’est ainsi que le déferrement à nouveau vers le parquet n’a pas lieu. Ce jour, les enquêteurs refuseront de montrer le procès-verbal à l’avocate.

Mardi le 7 octobre, le commandant revenu, il signe le déferrement des accusés. L’autre avocate présente ce jour, passera pratiquement toute cette journée au tribunal de première instance d’Ékounou, où sont conduits les accusés.

Elle sollicite du procureur qu’en l’absence d’éléments, si l’enquête n’est pas complète, que «les accusés soient élargis », confie-t-elle, c’est-à-dire libérés.

Le procureur lui oppose deux hypothèses : Soit les charges retenues contres les accusés sont confirmées dans ce cas, ils seront appelés à comparaitre devant le tribunal le jeudi le 9 octobre ; soit ils seront élargis, comme le sollicite l’avocate.

Devant la détermination de l’avocate, l’issue est heureuse, car, en fin d’après-midi, le procureur l’informe de la décision de libérer les accusés.
La défense obtient ainsi gain de cause.

Cependant, l’affaire n’est pas bouclée, car les accusés sont effectivement libérés de façon provisoire en attendant davantage d’éléments.

A quelle issue doit-on s’attendre de la procédure alors ? Pour l’avocate, « il serait prématuré de se prononcer sur la suite » Néanmoins, elle s’interroge sur le complément d’enquête en question, à savoir s’il aura lieu ou non.

A cette interrogation, elle analyse qu’en l’absence de témoins, l’on pourrait difficilement avoir ce complément d’enquêtes. De son avis, un non lieu peut dès lors être prononcé.

En tous cas, c’est un grand ouf de soulagement que les défenseurs des droits des LGBT poussent face à ce dénouement heureux, et c’est un hommage très appuyé qui est rendue à l’implication du cabinet de Michel Togué, à travers ses collaboratrices.

L’auteur de cet article est un militant pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme.

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