Par Erin Royal Brokovitch

Bite marque sur de Marc Marc dit que son amant l’a mordu le nez lors d’une dispute. (Photo d’Erin Royal Brokovitch)
Au Cameroun, à cause de la loi répressive nommé article 347 bis, les homosexuels victimes de violences au sein de leur communauté n’ont pas recours à la justice.
Selon article 347 bis du code pénal, « toute personne qui a des
rapports sexuels avec une personne de son sexe » « est puni d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de 20.000 à 200.000 francs. »
En conséquence, si les personnes LGBTI au Cameroun vont à une brigade de la gendarmerie pour déposer une plainte, ils sont souvent eux-mêmes arrêtés en vertu de l’article 347 bis.
Sachant qu’ils ne sont pas protégés par la loi de leur pays, de temps en temps des partenaires homosexuels de ce pays se feraient du mal en profitant de la vulnérabilité de leurs partenaires pour leur affliger l’oppression.
C’est en tous cas le sentiment qu’ont certains gays, victimes de violences.
Le cas de Marc
Tel est le cas de Marc, activiste pour le respect des droits de l’Homme. Il est en couple avec Bertin depuis le mois de mai 2014, mais récemment ils ont eu une violente dispute qui a tourné au drame.
Voici le cas, décrit par Marc. (Bertin n’est pas disponible pour donner sa version des événements.)
Bertin, en fonction au MINATD (ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation) et étudiant à l’IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) dans la filière Coopération décentralisée, a trompé Marc avec un autre dans le domicile de ce dernier pendant qu’il était en voyage de travail.
Dans la nuit du 23 septembre 2014 aux environs de 19h30 au quartier Ngoa-Ekélé à Yaoundé, quand Marc demande à Bertin des explications sur son infidélité et sa trahison qu’il a découvertes, Bertin réagit violemment. Il passe à tabac son partenaire, l’étrangle, allant jusqu’à lui croquer sévèrement le nez.
Dans sa fureur, il menace Marc de mort et lui promet la mort par tous les moyens. Terrorisé, Marc ne peut ni se plaindre à la justice, ni se protéger contre son gourou.
Il confie :
« Bertin et moi sommes amants depuis mai 2014, nous avons eu une dispute parce qu’il m’a trompé en faisant venir chez moi en mon absence un de ses autres partenaires dans mon propre domicile, alors que je lui avais fait confiance en lui remettant les clés de mon domicile. Je lui ai demandé des explications, et j’ai décidé de le quitter. Au lieu de discuter en adultes, Bertin s’est mis à me battre.
« Déjà ce n’était pas la première fois qu’il le faisait mais cette fois-ci, il est allé trop loin. Regardez par vous-même : une morsure au nez. Dans l’optique de gérer à l’amiable cet incident, je lui ai demandé de prendre mes soins en charge mais rien. Tout au contraire, il me promet la mort depuis, disant qu’il va me traquer partout où j’irai.
« Aujourd’hui son seul objectif c’est de me voir mort et enterré. Je ne peux pas porter plainte de peur qu’on ne m’arrête selon l’Article 347 bis. J’ai peur de sortir de chez moi de peur qu’il ne me tue sans témoin.
« Ma famille ne connait pas mon orientation sexuelle et je ne peux pas leur raconter ce que je vis clairement. Je leur ai simplement dit que je suis victime de menaces de mort. Je ne peux pas porter plainte car la loi se retournerait contre moi et ce dernier le sait très bien !
« Voila pourquoi malgré toutes les astuces que j’utilise pour qu’il prenne en charge mes soins médicaux, il refuse complètement et me fait comprendre que je ne pourrai rien lui faire, car il a de grandes relations dans ce pays et il va me faire disparaitre de la terre.
« On se souvient encore il ya un an, du cas Eric OHENA (Journaliste et défenseur des droits des personnes LGBT) mort assassiné dans son domicile à Yaoundé le 15 juillet 2013, dont les enquêtes n’ont jamais déterminé les causes de sa mort.
Alors je vous supplie de m’aider à trouver une solution, je ne veux pas mourir. »
Ne pouvant pas se plaindre pour coups et blessures, Marc est obligé de se camoufler avec sa peine et ses douleurs de peur de se faire arrêter par les autorités de son pays.

Le domicile de Marc est au quartier Ngoa-Ekélé à Yaoundé, près de l’université de Yaoundé I (ci-dessus).
Maintenant il se retourne vers les associations LGBTI et la communauté internationale afin qu’elles puissent :
- Amener Bertin à prendre en charge Marc pour ses soins médicaux ;
- Le protéger contre toute menace de la part de son ex ;
- Trouver des mesures pour que d’autres personnes victimes des violations de leur partenaire puissent être protégées également ;
- Assurer que la justice soit faite, car aucun être humain ne mérite subir une telle violence.
Ce qui arrive à Marc est malheureusement la photo d’une sombre réalité pour les gays camerounais qui n’ont pas accès à la justice lorsqu’ils sont victimes de violences au sein de leur communauté, et surtout quand elles proviennent de leurs amants. Car en effet, beaucoup de gays en souffrent.
Le cas d’Emmanuel
L’amant d’Emmanuel, 29 ans, est devenu violent après 11 mois de relation, selon Emmanuel. Il décrit qu’il l’a littéralement agressé le 1er septembre aux premières heures de la matinée, après une soirée passée ensemble. Ceci avec la complicité d’un ami de son amant :
« C’est un souvenir triste, cette soirée, un traumatisme, tellement j’avais perçu la haine dans l’attitude de mon ami, et l’intensité de la violence. Il a frappé un gros morceau de bois sur ma tête, et par la suite, il a permis à son ami, à la réputation sulfureuse, de porter main sur moi. À deux, ils m’ont roué de coups de poings et de pieds sur un sol carrelé, jusqu’à me trainer sur le goudron.
« C’est grâce à l’intervention de personnes qui nous avaient vus ensemble quelques minutes auparavant, et qui leur avait demandé pourquoi ils faisaient cela à leur ami, que j’ai été sauvé, car j’ai vraiment craint le pire pour ma vie. Tout ceci, parce que je m’étais énervé suite à un de ces écarts de conduite, que je l’avais grondé, il avait confisqué mes pièces personnelles, et que je les lui réclamais pour rentrer chez moi.
« Je fais même l’économie de toute l’histoire, parce que ce jour, il m’a passé à tabac trois fois, quelques minutes avant et après la scène que je viens de décrire. Beaucoup trop de violence ».
Ni l’amant ni son ami était disponible pour donner sa version de ces événements.
Tout comme Marc, Emmanuel fut contraint d’abandonner l’hypothèse d’une action judiciaire.
« J’étais tellement remonté après ce qui m’avait été fait, que je souhaitais, que mon amant soit puni, lui aussi. Mais la vérité c’est que j’étais conscient du fait que porter plainte se retournerai contre moi aussi, et c’est le motif d’homosexualité qui serait retenue pour un tel cas.
« Je n’avais que ma frustration comme lot de consolation, et je devenais encore plus vulnérable aux yeux de mon amant qui était conscient qu’il pouvait lever la main sur moi comme il veut, sans qu’il puisse vraiment être inquiété. En tous cas, pas par la justice».
Effectivement, Marc et Emmanuel voient juste.
Le cas de Gabrielle et « Stephanie »
En décembre 2013, une lesbienne, ici nommée Stephanie, folle de jalousie va au commissariat pour dénoncer sa partenaire, Gabrielle. Dans sa passion, Stephanie déclare qu’elles sont un couple d’homosexuelles. Au final, elles sont toutes les deux emprisonnées et condamnées 6 mois plus tard à une peine d’emprisonnement de 10 mois et une amende de 50.000 FCA francs.
La sentence contre elles fut prononcée, le 3 mai 2014.
Ainsi va donc aussi la vie des homosexuels, au pays de la l’article de loi 347 bis, le Cameroun.
Pourtant, il est de la responsabilité de l’État de garantir l’accès à la justice pour tous les citoyens, et la réparation quand leur intégrité physique est atteinte.
L’auteur de cet article est un militant pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme.
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