Le 14 juillet à Yaoundé, Cameroun, sept transphobes attaquent et laissent à demi-mort Dolores, une femme transgenre bien connue dans la ville.

Dolores attaquée le 14 juillet 2018. (Photo de Facebook par la police ou un attaquant)
Par Steeves Winner
De grande réputation au Cameroun et dans la cité capitale en particulier, Dolores est connue de tous.
On l’appelle affectueusement Dolores — le nom qu’elle utilise aussi — quoique son véritable nom est Jonas et elle est un homme selon son sexe biologique.
Femme transgenre dans la trentaine rapprochée, le 14 juillet Dolores a été victime d’agression physique autrement dit de lynchage public dans le quartier dénommé Mendong dans la ville de Yaoundé.

Dolores attaquée le 19 janvier 2015.
Au passé, elle a souvent été victime d’attaques similaires.
Dolores est très active dans la société civile au côté des organisations comme la CAMFAIDS, Humanity First et autres où elle milite pour l’avancée de la cause LGBTI au Cameroun.
Dans la nuit du 14 juillet, de retour d’une soirée festive aux environs de minuit, elle emprunte un taxi pour Mendong.
Arrivée à destination, elle est agressée par sept personnes de sexe masculin. Ces derniers armés d’injures discriminatoires, en voulaient à son sac à main.
Prise de panique, elle s’accroche à l’un d’eux. C’est alors qu’une forte bagarre éclate entre les deux protagonistes. Ses complices, voyant le dessus de Dolores sur leurs amis, reviennent à la rescousse.
Dolores passe alors un mauvais quart d’heure où elle se fait tabasser cruellement et déshabillée par les sept agresseurs. On brûle les mains. Elle s’est évanouie et semble à demi-mort. Malgré le curieux regard des passants, personne ne vient assister la pauvre transgenre.

Dolores et son amie Naomi (Franky) en 2012 (Photo par Eric O. Lembembe)
Très vite, la gendarmerie de Mendong est informée de la situation et descend sur le terrain où les gendarmes vont s’acquérir de la situation en ramenant tous les protagonistes à la station de gendarmerie.
Dolores explique aux gendarmes qu’elle a été agressée physiquement par les sept hommes qui en voulaient premièrement à son sac à main et ensuite à son style vestimentaire. Après comparution des deux parties, elle sera une fois de plus blâmée pour son habillement par les gendarmes et brutalisée.
Les agresseurs seront alors libérés et Dolores mise en garde à vue malgré son état critique. Ses ongles et doigts ont été brûlés, ses vêtements déchirés et sa coiffure coupée par les agresseurs mais aussi les gendarmes. Ces derniers sont même allés lui demander de renoncer à sa transgenreité.
À ce jour, une caution a été payée par une connaissance à Dolores contre sa libération pour des raisons de santé même si les autorités des forces de maintien de l’ordre attendent toujours sa comparution.
NB : Le genre et les accords grammaticaux utilisés dans cet article « Elle et ée» ne sont pas des erreurs. La victime, bien qu’étant un homme selon son sexe biologique, est une femme selon son identité et expression de genre.
Steeves Winner, l’auteur de cet article, est un activiste pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme. Le contacter à steeves.w@yahoo.
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