Le principal organe africain des droits humain a fait un pas en arrière. La Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ne peut pas espérer que les gouvernements obéissent à son appel à mettre fin à la discrimination si la commission elle-même ne le fait pas.

La Coalition africaine des lesbiennes a été exclue des réunions de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. (Photo par CAL)
Par Steeves Winner
Appréciée honorablement comme l’organe par excellence de promotion, protection et défense des droits humains en Afrique, la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) a toujours été l’instance en charge des violences et des violations que les Etats parties administrent à ses populations.
Pourtant, elle ne fait pas toujours l’unanimité de par ses positions discriminatoires à l’instar du retrait du statut d’observateur à la Coalition Africaine des Lesbiennes (CAL) lors de la 24ème session extraordinaire de la CADHP tenue à Bangul, République de Gambie, le 30 juillet-8 août 2018.
La 63eme session de la CADHP, tenue en Octobre 2018 à Banjul, n’a pas été une rencontre de courtoisie entre les défenseurs des droits humains en générale et ceux des personnes LGBTI en particulier de par ces sentiments de discrimination et de rejet qui continuent d’alimenter les principaux acteurs de cet organe.

Logo de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples
Même si le thème de cette 63eme session portait sur la lutte contre la corruption en Afrique, les regards, réflexions et interventions des nombreux défenseurs ayant fait le déplacement pour la circonstance portaient sur l’indépendance de la CADHP au regard du retrait du statut d’observateur à la CAL. Bien sûr, parce que le motif de leur mission est la lutte en Afrique contre les discriminations faites aux personnes LGBTI en générale et, en ce cas, aux lesbiennes en particulier.
Ce retrait survient suite aux influences de l’Union Africaine auprès de la CADHP au sujet de la CAL. L’Union trouve CAL trop osée et surtout va à l’encontre des valeurs et traditions africaines.
Souvenons-nous en 2014 lors de l’avènement de la recommandation 275 interpellant les Etats parties à lutter contre les discriminations faites aux personnes sur la base de leur orientations sexuelles ou encore identité de genre. A ce moment, il y avait une appréciation positive de l’évolution des mentalités et du respect des droits et libertés avaient été faites.

Logo de la Coalition Africaine des Lesbiennes
Pourtant ce nouvel acte de la CADHP, vu comme rétrograde, est une contradiction parlante de ladite recommandation. Aussi évalué comme acte homophobe.
Suite à cette situation, tous les défenseurs sont désormais unis à jamais comme un seul homme pour dénoncer cette injustice et interpeller les principaux acteurs de la CADHP à prendre leur responsabilité afin d’améliorer ce climat qui règne à présent dans la société civile africaine.
Ne demandons pas aux Etats parties de respecter les engagements si nous sommes même nous ne montrons pas l’exemple en excluant le caractère discriminatoire dans notre façon de faire.
Etre défenseur c’est être capable de défendre tous les droits sans exception alors non à la discrimination envers les organisations identitaires notamment la Coalition Africaine des Lesbiennes.
Steeves Winner, l’auteur de cet article, est un activiste pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme. Le contacter à steeves.w@yahoo.
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