Afrique subsaharienne

RD Congo : les personnes LGBT+ sont un thème à part entière de la présidentielle

Les élections présidentielles en République Démocratique du Congo approchent à grands pas et le 18 novembre sera la date officielle d’ouverture de la campagne électorale. L’ensemble des sièges de gouverneurs de régions, ainsi que les sièges à la députation à l’assemblée nationale seront à renouveler. Dans ce contexte, les personnes LGBT+ sont devenues un sujet, ainsi qu’un thème de campagne à part entière auprès des populations congolaises dont les politiciens se disputent les suffrages. C’est la raison qui amène Jérémie Safari de Rainbow Sunrise Mapambazuko a sonné l’alerte et a livré ses impressions dans les colonnes de 76crimes.

Drapeau de la République Démocratique du Congo (image libre de droit)

Jérémie Safari : « Lors des précédentes élections présidentielles qui se sont tenues en 2018, on a dû quitter Bukavu et délocaliser nos activités à Kigali (Rwanda), en raisons des violences politiques qui prévalaient, alors que le Sud-Kivu reste un des nombreux points chauds dans l’Afrique des Grands Lacs, dans le cadre d’un conflit qui dépasse la RD Congo (RDC) et qui affecte nos relations avec nos voisins rwandais.

Aujourd’hui, les infox, les intox et les bad buzz sur les réseaux sociaux mettent à rude épreuve la tranquillité de nos communautés et nous préoccupent, alors qu’un bras de fer entre le président sortant, Félix Tshisékédi et Denis Mukwege, son challenger, se profile. NDLR : Pour rappel, les élections se tiennent le 20 décembre prochain.

Or, la dernière passe d’arme en date entre les deux grands rivaux à la course à la présidence, concerne le concept de genre, dont les réseaux sociaux se sont emparés de façon virale, non sans conspirationnisme, homophobie et une pointe d’anti-occidentalisme sous-jacents, durant tout le mois d’octobre écoulé.

En cause, les propos du Docteur Mukwege (gynécologue prix Nobel de la paix 2018, spécialiste de la chirurgie reconstructive) auxquels on prête le dessein de vouloir légaliser l’homosexualité en RDC, bien que cela soit absolument mensonger ».

Denis Mukwege est candidat à l’élection présidentielle congolaise (Instagram @chrislenzo2)

Ainsi, le 2 octobre dernier, lors de l’annonce de sa candidature, Denis Mukwege avance ceci : « Pour renforcer la cohésion nationale, il faudra créer les conditions d’une société inclusive, dans laquelle sont garantis les droits à l’intégrité et à la dignité de chaque citoyen, où chaque citoyen se sente chez lui au Congo. Et nous devons introduire la notion du genre dans cette intégration. Il sera aussi primordial d’assurer l’égalité des chances pour tous, de sorte que les territoires moins nantis puissent bénéficier du soutien des territoires plus riches ».

Il n’a suffit que cette phrase sortie de son contexte pour lancer une rumeur sur des réseaux sociaux congolais en émoi, quant à une probable légalisation du mariage homosexuel en RDC, si le candidat Mukwege venait à arriver au pouvoir.

« La colère s’est cristallisée sur le mot « genre », alors que manifestement le public ne comprend pas ce que revêt ce terme », abonde Jérémie Safari.

Comme si cela ne suffisait pas, le président sortant s’est emparé de cette polémique pour se présenter comme le défenseur des intérêts nationaux du Congo derrière une phrase quelque peu alambiquée, en date du 7 octobre : « Je vais mettre en garde notre population face aux candidats étrangers. J’ai parlé de notre ambition de devenir indépendants sur le plan économique. Cela ne plaît pas aux étrangers. Ces étrangers vont fabriquer des candidats, ces candidats viendront vous parler. Faites attention ! Ne craignez rien, vous êtes les plus forts. Vous reconnaîtrez ces candidats à leur langage. Ils vont vous apporter des concepts venus d’ailleurs. On a déjà entendu parler de la notion du genre. Au Congo, nous n’avons pas de problème d’orientation sexuelle ».

En attendant dit Jérémie Safari, « l’homophobie ordinaire continue de tuer dans l’Est du Congo et les années passent et se ressemblent dans un décompte macabre. C’est le cas par exemple de Bryan Shakira qui est une femme transgenre qui a été battue à mort à la sortie d’un établissement festif en fin septembre à Bukavu. Tandis que les politiciens parlent et soufflent sur les flammes du braisier, ici ce sont des gens qu’on tue dans l’indifférence ».

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