Le Cameroun est le dernier exemple en date d’une vieille tradition politique où tous les coups sont permis et notamment, l’outing d’un adversaire politique, présumément homosexuel.

Par Courtney Stans
Le politicien et professeur Pascal Charlemagne Messanga Nyamding a récemment dénoncé dans une diatribe, la mainmise supposée des homosexuels sur l’appareil politique du parti au pouvoir, à savoir, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC).
Cette allégation en date du 07 octobre 2020 a fait irruption sur les réseaux sociaux, loin des coulisses feutrées du pouvoir, alors que l’actuel président, Paul Biya doit préparer sa succession, en cette fin de règne.
Alors, qu’il est toujours membre du comité central du RDPC, Messanga Nyamding explique sa disgrâce à la nomination de différents cabinets gouvernementaux, en raison de son aversion pour les pratiques homosexuelles.
Même dans ses fonctions d’enseignant, Pr Messanga Nyamding n’a jamais laissé planer le doute quant à son homophobie au cours de ses interventions en tant que politiste, auprès de l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) de l’Université de Yaoundé II.
Or, ce n’est pas la première fois que Pascal Charlemagne Messanga Nyamding utilise l’homosexualité pour tenter de défrayer la chronique et faire le buzz au sein de l’arène politique camerounaise.
Déjà, lors des présidentielles de 2018, Messanga Nyamding s’était illustré et fait connaître du grand public en accusant le leader de l’opposition camerounaise, Maurice Kamto, d’être un sodomite.
Même en l’absence de preuve, pareilles accusations instillent toujours le doute auprès de l’opinion et permet de marquer des points à moindres frais pour le calomniateur, tandis que la partie adverse est sommée de se justifier ou de se débattre dans des explications, afin de rétablir « sa respectabilité ».
Alors que la succession de Paul Biya fait d’ores et déjà l’objet d’âpres luttes intestines, le 08 octobre dernier, Messanga Nyamding s’érige à nouveau en gardien de la morale dans une sortie médiatique pour le moins lubrique et étonnante. A cet effet, il déclare :
« Les pédés qui dirigent notre parti, on dit que je ne serai rien si je ne me courbe pas. Et ils me font ça par derrière… C’est pour cela qu’ils me convoquent à une réunion disciplinaire… Ils font ça pour nous décourager, nous les vrais biyaistes ».
Courtney Stans ajoute:
« Notons que cette culture de la haine, de l’intolérance, du rejet et de la violence est une pratique à dénoncer urgemment, car elle contribue à la montée fulgurante de l’homophobie au sein de nos chaumières.
De plus, il est nul besoin ou nécessité de faire appel aux bas instincts des individu.es en vue d’obtenir une notoriété médiatique ou un bénéfice politique, purement personnel.
Ne pas laisser prospérer ces déclarations et comportements dangereux, c’est lutter contre l’homophobie et par conséquent protéger les droits de la personne ».
L’auteure de cet article, Courtney Stans, est une journaliste camerounaise qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-la à info@76crimes.com.
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