Avec l’aide d’un généreux donateur, un prisonnier LGBTI a été libéré le mois dernier au Nord-Cameroun, mettant ainsi fin à sa peine de trois ans d’emprisonnement pour l’homosexualité.

ISMAEL s’interroge sur son avenir en tant qu’un homme libre. (Photo d’AJSG)
Par Steeves Winner
ISMAEL, 24 ans, a été libéré de la prison de TCHOLLIRÉ, dans le nord du Cameroun, plusieurs mois plus tôt que prévu, car son amende et les frais de justice ont été payés par un donateur qui a eu connaissance de sa situation sur le blog Erasing 76 Crimes.
Le don du lecteur permettait à ISMAEL de payer une amende de 112 000 francs CFA et des frais de justice de 30 000 francs CFA (un total d’environ 219 euros). Le don a été acheminé par l’intermédiaire de la Fondation Saint-Paul pour la réconciliation internationale, un organisme de bienfaisance financé par des donateurs qui défendent les droits des personnes LGBTI par le biais du journalisme de plaidoyer.
La fondation a transféré les fonds à Ismael par l’intermédiaire de l’Association Jeunes Solidaires Garoua (AJSG), basée à Garoua, au Cameroun, des défenseurs locaux des droits LGBTI.
Parce qu’ISMAEL a effectué ces paiements, il a recouvré sa liberté à la fin du mois de juillet au lieu de novembre.

Maintenant qu’il est sorti de prison, Ismael doit trouver un travail pour pouvoir subvenir à ses besoins. (Photo d’AJSG)
ISMAEL a été temporairement hébergé par AJSG alors qu’il reprenait une vie libérée de la discrimination, des menaces et de la violence commises par d’autres détenus et gardiens de prison.
Tout se passe à l’origine en juin 2016 alors que son conjoint KOH (un pseudonyme) et lui sont dans leur chambre. Longtemps observés par le voisinage qui n’apprécie pas que deux hommes cohabitent, ils seront victimes de suspicion d’homosexualité. Tenant bon, les deux conjoints restent optimistes face à cette situation, pensant qu’elle serait passagère.
Mais un soir, au retour de son travail, ISMAEL trouve le voisinage en train d’agresser verbalement KOH. Après avoir essayé d’apaiser la situation, les deux hommes vont s’enfermer dans leur domicile. Alors, l’un des voisins va trouver la police et informe les forces de l’ordre qu’un couple d’homosexuels vit dans leur quartier et que cette situation est préjudiciable pour leurs enfants qui risqueraient être détournés parce qu’ils ont l’idée que les homosexuels sont des pédophiles.
A l’arrivée des policiers, pendant qu’ISMAEL discute avec eux de la situation, KOH prend la fuite et ISMAEL est alors arrêté. Sans assistance juridique, ISMAEL passe cinq jours en garde à vue avant d’être déféré à la prison de Garoua. Il est jugé et reconnu coupable d’avoir enfreint l’article 347-1, la loi camerounaise contre l’homosexualité. Il est ensuite envoyé à la prison de TCHOLLIRÉ.

L’image utilisée pour des articles précédents sur ISMAEL car la photographie n’est pas autorisée dans la prison de Tcholliré.
À partir de cette année, il a commencé à recevoir des livraisons bimensuelles de nourriture dans le cadre du Projet Pas Seul / Not Alone. Une donatrice de ce projet a appris qu’ISMAEL avait mal à la tête à cause de problèmes de vision. Elle a donné de l’argent pour payer un examen de la vue et acheter des lunettes pour lui. Des partisans aux États-Unis et en Europe lui ont également envoyé des messages de soutien.
Pendant quelques jours après sa libération de prison, il était hébergé par AJSG alors qu’il était à la recherche d’un emploi. Il espère en fait quitter le Cameroun pour vivre en sécurité ailleurs, mais on ignore comment cela pouvait se passer.
Il déclare : « merci à tous ceux qui m’ont soutenu de près ou de loin durant mon incarcération. Je souhaite prendre un nouveau départ et vivre librement dans un Etat où je ne serai pas inquiété. »
Steeves Winner, l’auteur de cet article, est un activiste pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme. Le contacter à steeves.w@yahoo.com.
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