Les diatribes homophobes d’un professeur de sciences politiques de l’Université de Yaoundé II-Soa au Cameroun ont attiré les critiques de ses collègues le mois dernier. Après une audition, le professeur a présenté ses excuses et a promis de s’abstenir de propos immodérés à l’avenir.
Il n’a pas promis de s’abstenir de tout commentaire homophobe. Il ne s’est pas non plus excusé pour avoir prétendu que «le Cameroun est gouverné par des homosexuels, des pédés ! » .

Pascal Charlemagne Messanga Nyamding paraît souvent dans les medias locaux dans le cadre d’émissions-débats politiques.
Par Steeves Winner
Homme politique et membre titulaire du comité central du parti politique RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), le professeur Pascal Charlemagne Messanga Nyamding est un enseignant politologue à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), un institut faisant partie de l’Université de Yaoundé II-Soa.
Acteur présent dans les médias locaux dans le cadre de plusieurs émissions-débats politiques, Messanga a toujours tenu des propos très controversés sur la question de l’homosexualité au Cameroun.
Dans la période des élections présidentielles de 2018 au Cameroun, il avait d’ailleurs accusé le principal opposant le professeur Maurice Kamto du parti politique MRC d’entretenir des rapports sexuels avec de jeunes garçons.
D’un comportement souvent très aigri, ce professeur continue de servir des propos homophobes qui participent de la division de la société camerounaise. C’est ainsi qu’il entreprend lors d’un cours à l’école des relations internationales d’insulter les ministres et les grands dirigeants du Cameroun en ces termes: « pédés!, pédés!, pédés! ».
Ses paroles ont été enregistrées récemment dans deux courtes vidéos amateurs prises le 26 mars 2019 dans les locaux de l’IRIC. Dans l’une d’elles, Messanga Nyamding martèle devant des étudiants surpris, que le système de gouvernement est verrouillé parce que la plupart des gouvernants sont des homosexuels.
Dans le vidéogramme, Messanga Nyamding se contente de donner son avis sur ce qui peut être considéré par chacun comme une relation sexuelle normale. Dans la deuxième, il adresse une cinglante diatribe à l’endroit de ceux qui gouvernent le Cameroun. Il affirme que « le Cameroun est gouverné par des homosexuels, des pédés !». Il sert alors ses propos à des étudiants inscrits en master en coopération internationale, action humanitaire et développement durable. La vidéo est ponctuée des éclats de rire de ces étudiants dans la salle.
Le rappel à l’ordre fait suite à la diffusion de la vidéo contenant des propos jugés choquants tenus par cet enseignant lors d’un cours. La vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux.
Conscient du fait que la vidéo est susceptible de nuire à la réputation de l’université, le directeur de l’IRIC, Salomon Eheth, a convoqué en urgence un conseil extraordinaire d’enseignants, qu’il a présidé le 27 mars à la salle des actes de cet établissement.

Le professeur Pascal Charlemagne Messanga Nyamding est un enseignant politologue à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun.
Invité à s’expliquer, Messanga Nyamding a relevé qu’il s’agissait d’une démonstration de la nécessaire cohérence entre les croyances sociétales et la règle de droit. Il a dit que l’illustration visait précisément à mettre en exergue la possible contradiction dans les sociétés africaines entre les traditions africaines et une règle de droit, soutenue par une certaine élite au pouvoir, qui adoube l’homosexualité.
Messanga Nyamding a indiqué, en outre, que les enseignements relevant des champs anthropologiques sont, par nature, susceptibles de heurter la sensibilité des apprenants. Dans leur majorité, les membres du Conseil se sont offusqués du caractère choquant de la démonstration et ont remis en question l’efficacité pédagogique des mots utilisés par Messanga Nyamding. Ils lui ont rappelé l’exigence de lucidité et de mesure dans les développements magistraux.
Eheth a demandé au professeur de ne pas infecter l’espace universitaire par des polémiques dénuées d’approche science.
L’enseignant a présenté alors ses excuses au Conseil, tout en prenant l’engagement de faire dorénavant montre de prudence et de réserve dans l’exercice du magistère académique.
Le Conseil a également condamné la prise de vidéos durant les cours.
Steeves Winner, l’auteur de cet article, est un activiste pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme. Le contacter à steeves.w@yahoo.
Article édité par Bruno Agar, membre du African Human Rights Media Network et docteur de l’Université de Paris-Saclay Evry-Val-d’Essonne. Bruno s’intéresse aux problématiques médiatiques contemporaines, en particulier dans le contexte africain.
Pingback: Cameroun : Un professeur destitué de ses fonctions après avoir tenu des propos homophobes | 76 Crimes en français