International

Portrait de lutte : « L’Arménie, Abidjan, Paris et moi ! » – Terrence Katchadourian (STOP HOMOPHOBIE).

Terrence Katchadourian milite depuis près 30 ans entre l’Afrique et l’Europe, contre toutes les injustices, notamment celles en lien avec les LGBTphobies et les sérophobies. De son Afrique natale à l’Europe, en passant par ses origines arméniennes, 76crimes a choisi de retracer le parcours de 30 ans de militantisme international francophone, au détour d’une interview qui mêle confidences et intimité.

Terrence Katchadourian, en compagnie de Mme Moreno, ex-ministre déléguée à l’égalité des chances.

76crimes : « Raconte-nous ton parcours et d’où viens tu ?« 

Terrence Katchadourian : « je suis né à Abidjan en Côte d’Ivoire, dans une famille d’origine arménienne. J’ai aussi de lointaines origines métisses locales, issues des premières communautés urbaines de la côte. Bien évidemment, je suis queer. Longtemps pour moi, durant mon enfance, la culture européenne est celle que je voyais à la TV et en effet mon enfance a été bercée par des rêves de villes illustres, telles que Paris ou New-York. En ce temps là, je n’avais absolument pas vent d’homophobie en Côte d’Ivoire, dans les années 80, au sein de la communauté libanaise que je côtoyais.

Mes premiers faits d’arme de militant l’ont été autour de la cause du sida, alors que je faisais des études de communication à Paris. D’ailleurs, je suis passé par Act Up puis Aides en 1994 et j’étais autant révolté par la situation faite aux personnes vivant avec le VIH, que fasciné par les campagnes de communication à destination de l’opinion publique. Par la suite, je suis retourné à l’anonymat d’une vie professionnelle classique à la télévision, où je travaillais à la prod’.

Ce n’est ainsi qu’en 1998, en regardant un documentaire ivoirien retraçant la vie d’une femme transgenre prénommée Barbara, que j’ai entendu pour la première fois parler de ce terme : « l’homophobie ». Auparavant, ce terme n’était guère popularisé, avant la fin des années 90. Je crois que ce documentaire est intitulé « Woubi Chéri » et Barbara est une femme transgenre ivoirienne qui est toujours en vie et elle réside en France, il me semble. Sans elle, son courage et son modèle, jamais je n’aurais embrassé l’activisme LGBTI, avec une telle fougue ».

Source : @Beauté de Côté d’Ivoire (page facebook)

76crimes : « Comment en es-tu venu donc à vouloir lutter contre les LGBTphobies ?« 

Terrence Katchadourian : « Il y a d’abord eu un suicide dans mon entourage qui pour moi a sonné l’alerte. Ensuite, il y a la place des réseaux sociaux qui n’existaient pas dans les années 80, avec la diffusion d’une vidéo virale d’un couple gay massacré au Nigéria, qui m’a profondément troublée. Enfin, les débats politiques virulents autour du mariage pour tous, en 2012, en France, m’ont fait prendre conscience qu’il y avait définitivement un problème, bien que dans mon entourage familial, je n’étais pas exposé à l’homophobie.

Durant cette période je tiens un blog où je rédige des articles relatifs à l’homophobie en Afrique, tandis qu’en France, je fonde Humanophobie. Ainsi, rien qu’au cours de l’année 2011/2012, mes ami.es et moi, nous recevons près de 30 000 demandes d’aide, émanant de victimes où de personnes LGBTI confrontées à des difficultés, aussi bien en France, que dans les pays francophones d’Afrique.

Alors que l’homophobie culmine dans la parole publique en France, en 2012, nous enregistrons Stop Homophobie et nous lançons une ligne d’écoute dans la foulée. Plus tard, notre organisation s’étoffera d’un service juridique, avec la venue d’Etienne Deshoulières. Au fil des ans, d’association de soutien en aide aux victimes, nous devenons une association de victimes, à mesure que ces dernières militent avec nous ». De mon côté, après 10 ans d’existence, je suis fier du travail accompli par Stop Homophobie, dont je suis le secrétaire-général.

Logo de Stop Homophobie

Nous avons lancé des procédures en cours, contre Ramzan Kadyrov, l’homme fort de la Tchétchénie et contre Vladimir Poutine, le président russe, auprès de la cour pénale internationale de justice de la Haye, en raison du caractère « homocidaire » de la répression LGBTphobe mise en place en Tchétchénie (camps d’internement, tortures, meurtres, incitation à la délation des personnes LGBTI, ciblage répressif).

Au delà de la Fédération de Russie, la situation internationale est encore bien trop préoccupante, pour pouvoir dire à l’instar de Gianni Infantino (président de la FIFA*), que l’organisation de la coupe du monde de football au Qatar va pouvoir transformer les consciences ».

76crimes : « Que faites-vous pour votre pays natal, la Côte d’Ivoire ?« 

Terrence Katchadourian : « Je suis retourné à Abidjan en 2021, après la COVID et j’ai pu rencontrer des activistes locaux qui avaient déjà leur plaidoyer ainsi que leurs modes d’action. Dans ce contexte, la collaboration passe davantage par un soutien technique, concernant du matériel, entre autres ».

Les personnes souhaitant venir en soutien aux actions de Stop Homophobie peuvent écrire ici.

FIFA* : Fédération Internationale de Football Association

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Une réflexion sur “Portrait de lutte : « L’Arménie, Abidjan, Paris et moi ! » – Terrence Katchadourian (STOP HOMOPHOBIE).

  1. Bonjour dieu merci qu.il et des personnes assez courageuses pour lutter contre le mal que subissent au quotidien des hommes et des femmes pour leur orientation sexuelle ou de genre je remercie vraiment ces personnes être la être le porte parole de tous ces personnes opprimés et être leur voix et souvent au détriment de leur propre vie merci a toi Terence pour ce travail magnifique à vous madame la ministre et à tous ceux qui a vos côté vous épaule et vous soutienne bravo

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