Encore et encore, les groupes de défense des droits des LGBTI au Cameroun ont été la cible de vandales et de cambrioleurs homophobes. Les plaintes déposées auprès de la police sont toujours sans nouvelles.
Par Ghislain J. Nkontchou
Le samedi 11 juin 2022, TransAmical, association œuvrant pour la défense des droits et du bien-être des personnes trans dans la ville de Yaoundé au Cameroun, a été victime d’un cambriolage dans ses locaux. Le sinistre a été découvert au petit matin du lundi 13 juin 2022, par le directeur administratif et financier de ladite association.
Il ressort que ces malfaiteurs ont forcé quatre portes et emporté avec elles une importante quantité de matériel de travail tel qu’une photocopieuse, un scanner, une imprimante, un vidéoprojecteur, un régulateur de tension et un modem WIFI. Tous les postes de travail ont été saccagés. Comme action entreprise, TransAmical a porté plainte et publié un communiqué de presse pour alerter et sensibiliser les organisations sœurs à plus de vigilance et au renforcement du dispositif de sécurité.
Quelques jours plus tard, le 16 juin 2022, une association sœur nommée ASCEAUPEV+, association de défense des droits des minorités sexuelles de genre (MSG) et de lutte contre le VIH/SIDA, a également été victime non seulement de cambriolages mais aussi d’actes de vandalisme au quartier Obobogo à Yaoundé. Outre la perte d’importants équipements de travail, les murs du siège ont été tagués d’insultes à caractère homophobe.
Ces incidents s’inscrivent dans un schéma qui se poursuit depuis de nombreuses années.
Voici quelques-uns de ces crimes :
- Les bureaux de l’organisation de défense des droits des LGBTI Alternatives-Cameroun ont été cambriolés en 2021 et en mai 2022.
- L’appartement d’une militante des droits des lesbiennes a été cambriolé en 2019 après qu’un voisin mécontent l’ait accusée d’être trop masculine.
- Le domicile du président de l’association de défense des droits des LGBTI Humanity First Cameroon, a été cambriolé deux fois en 2016. Les cambrioleurs lui ont laissé une lettre pleine de menaces homophobes.
En la matière, le vandalisme devait être puni par l’article 187 du code pénal du Cameroun, qui stipule qu’il sera puni d’un emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de 20 000 à 120 000 francs CFA (environ 30 à 180 euros).
Les deux organisations ont porté plainte auprès de la Police Judiciaire de la région Centre et une enquête a été ouverte afin de rechercher la responsabilité pénale des auteurs de ces actes inacceptables. Cependant, à ce jour, personne n’a été tenu pour responsable.
Commentaire de l’auteur:
La sécurité des organisations LGBTI au Cameroun est une préoccupation importante. Cette question implique non seulement la sécurité des biens mais aussi et surtout la sécurité de ces défenseurs des droits humains qui travaillent au risque et au péril de leur vie pour le bien-être de la communauté. Les associations LGBTI ont lancé un appel aux pouvoirs publics pour plus de soutien aux défenseurs des droits humains ainsi que pour la sécurité de leurs environnements de travail. La plupart de ces actes auraient pu être évités s’il avait une bonne politique de sécurité avec des mesures de contrôle efficaces. Cependant peu d’aide a été reçue. Par conséquent, ceci interpelle les associations LGBTI à repenser une nouvelle politique de sécurité pour leurs biens et leurs personnes.
Ghislain J. Nkontchou, l’auteur de cet article, est un militant des droits humains originaire du Cameroun et un étudiant diplômé en affaires internationales au Baruch College de New York. Il contribue également à la rédaction de Erasing 76 Crimes.
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