Afrique subsaharienne

Cameroun : Rejeté à cause de son orientation sexuelle

Rejeté par sa mère homophobe et son employeur homophobe, un Camerounais de 30 ans a décidé cet automne de fuir en Europe.

TOGUEM FOTEPIN ERIC JOEL

Par Courtney Stans

La scène se passe au Cameroun, précisément dans la ville de Yaoundé où vit le jeune bénévole défenseur des droits des personnes LGBTI au sein de l’organisation Défenseurs Sans Frontières, gérée par l’avocat Maitre ABOA Stéphane.

TOGUEM FOTEPIN ERIC JOEL, né le 03 juillet 1989 à Yaoundé, bénéficie d’une formation académique et devient Ingénieur en télécommunication. En Mars 2019, il débute un travail dans une petite entreprise dans le domaine de télécommunication, qui se passe plutôt bien sans problème.

Dans le même temps, il intègre l’organisation Défenseurs Sans Frontières où il est bénévole et occupe les fonctions de chargé de la gestion des violences.

Notons que, ce jeune bénévole dans le domaine intervenait par le passé aux activités de plaidoyer et sensibilisation organisées par les organisations communautaires Alternatives-Cameroun et la CAMFAIDS.

Ces activités avaient pour objectif la réduction des violences et violations faites aux personnes LGBTI au Cameroun avec un accent mis sur la levée des obstacles à l’accès aux soins et services de santé des populations clés notamment les personnes LGBTI.

Au cours du mois de Mai  à Août 2021, TOGUEM ne reçoit plus de salaire contrairement à ses collègues. Il s’adresse à son employeur, Ernest, pour lui demander pourquoi.

Ernest fera alors face aux propos suivants : « c’est déjà une faveur pour toi d’avoir un emploi. J’ai appris des informations sur ton orientation sexuelle et saches que l’homosexualité est interdite au Cameroun. Par ailleurs, je ne donnerais plus mes sous à un homosexuel de ton genre et si tu continues à me harceler, tu verras ce qui t’arrivera. »

Pris de peur, TOGUEM choisit d’abandonner cet emploi sans toutefois dire à sa famille la cause de son départ. Après enquête de sa maman , elle est informée par son ex-employeur de la situation qui prévaut.

De retour au domicile familial, elle décide de rejeter TOGUEM de la maison : « Comme tu as choisi la voie du diable, je te prie de quitter ma maison et d’aller vivre ton homosexualité loin de moi. »

Retrouvé dans la rue et ne sachant où aller, il décide néanmoins de ne pas intégrer les maisons de refuge de la CAMFAIDS mais aussi d’Humanity First Cameroun. Il passe alors quelques nuits au bureau de Défenseurs Sans Frontières avant d’avoir la proposition d’un ami pour le partage de son domicile.

Quelques semaines passées ensemble, les deux amis décident alors de quitter le pays pour se réfugier ailleurs, se sentant en insécurité à la suite de l’affaire SHAKIRO qui a relancé le débat public mais aussi augmenté l’homophobie d’où la recrudescence des violences.

Les deux amis ont réussi à quitter le pays de manière clandestine par route espérant rejoindre l’Europe. Au cours du voyage , les deux amis se sont séparés. Chacun a du prendre sa propre route. Actuellement TOGUEM se retrouve en Grèce où il compte demander l’asile. La localisation de son ami est inconnue.

L’auteure de cet article, Courtney Stans, est une journaliste camerounaise qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-la à info@76crimes.com.

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