Une conférence débat au Cameroun propose des solutions au problème des violences homophobes.

Par Courtney Stans
Suite à l’augmentation des violences faites aux personnes LGBTI au Cameroun — soit 578 en 2017 contre 1134 en 2018, 1380 en 2019 et 2031 en 2020 — l’association Alternatives Cameroun a pensé qu’il serait judicieux d’organiser une conférence débat avec les acteurs de la chaîne judiciaire, les diplomates, les forces de maintien de l’ordre et les associatifs afin de trouver des éventuelles solutions à cette situation. Cette conférence a regroupé une quarantaine de personnes à Yaoundé le vendredi 11 Juin 2021.
Au cours de la conférence les différents panelistes, parmi lesquels : un magistrat, une experte des droits humains, un défenseur des droits humains, un modérateur et un officier de police, ont pu mettre un accent sur les articles 347 du code pénal et la loi de 2010 sur la cyber criminalité et la cyber sécurité.
Pour l’experte madame EVA MAYER, la persistance de la condamnation lié à l’homosexualité dans les lois adoptées par le législateur camerounais s’explique du fait que cette situation pourrait être un frein au mariage et limiterait la procréation, violerait les pratiques ancestrales et les coutumes, augmenterait le phénomène de famille monoparentale et conduirait à l’adoption des enfants.
La révision de ces textes relève de la responsabilité du gouvernement mais les organisations de la société civile (OSC) de leur côté devraient initier un plaidoyer en direction du gouvernement et des parlementaires, initier un lobbying, sensibiliser la population générale sur les minorités sexuelles, sensibiliser les acteurs clés et tous ces acteurs qui sont en contact avec les personnes LGBTI.
S’appuyant sur une citation de Desmond TUTU qui dit : « qui pourrait choisir une homosexualité qui vous expose à tant de haine » le défenseur des droits humains a prouvé qu’on ne choisit pas d’être homosexuel, qu’on naît homosexuel. L’apport des communautaires pour réduire la violence basée sur le genre (VBG) repose sur :
- La multiplication des conférences pour la sensibilisation car ces acteurs clés seront mieux outillés pour traiter de ces questions,
- Produire des rapports afin de les présenter à l’échelle internationale
Pour le magistrat , le dispositif répressif sanctionne un fait: La loi ne condamne pas la qualité ou l’orientation sexuelle de la personne. Certaines personnes prennent des prétextes pour violer les droits des personnes LGBTI. Selon les principes de l’égalité de tous devant la loi qui est contenu dans tous les instruments juridiques nationaux et internationaux, la loi est appliquée de la même manière pour tout le monde.
Pour diminuer ces taux de VBG, les acteurs de la chaîne judiciaire proposent de :
- Sensibiliser la cible sur les procédures judiciaires,
- Que les victimes après avoir déposé une plainte prennent la peine de faire le suivi de leurs dossiers,
- Réguler la confiance entre les acteurs clés et les personnes LGBTI,
- Faire comprendre le rôle primordial de la Justice qui est de protéger et non sanctionner à tous les prix.
N° | RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE |
1 | Initier un plaidoyer en direction du gouvernement et des parlementaires |
2 | Sensibiliser la population générale et des familles |
3 | La multiplication des conférences pour sensibiliser les acteurs clés |
4 | Le suivi des procédures judiciaires par les survivants |
5 | Réguler la confiance entre les acteurs clés et les personnes LGBTI |
6 | Sensibiliser la cible sur l’éthique, les droits et les devoirs du citoyen |
7 | Monter des projets visant à renforcer les connaissances sur les droits humains dans les centres formations des force de maintien de l’ordre (FMO) |
8 | Collaboration entre les OSC et les acteurs clés |

L’auteure de cet article, Courtney Stans, est une journaliste camerounaise qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-la à info@76crimes.com.