Aujourd’hui, Shakiro une célèbre personne transgenre et sa compagne Patricia ont été reconnues « coupables » d’homosexualité et condamnées à cinq ans de prison. Accompagnées de leurs avocats et soutenues par la communauté militante, elles ont décidé de faire appel.

Cameroun: deux personnes transgenres condamnées à cinq ans de prison
Ce mardi, deux personnes transgenres camerounaises ont été condamnées à 5 ans de prison pour «tentative d’homosexualité» et «outrage public aux moeurs» par le tribunal de Douala.
Shakiro, une personne transgenre célèbre sur les réseaux sociaux et sa compagne Patricia sont emprisonnées depuis le mois de février au Cameroun. « Elles ont été reconnues coupables de : tentative d’homosexualité, outrage public aux moeurs et défaut de carte nationale d’identité », a déclaré leur avocat, M. Richard Tamfu.
« Elles ont également écopé d’une amende de 200.000 FCFA (300 euros) et 22.300 FCFA (33 euros) de frais de procédure. Elles risquent un an d’emprisonement supplémentaire si elles ne parviennent pas à payer cette somme », a-t-il ajouté.
«C’est un coup de massue. Il s’agit de la peine maximale prévue par la législation», a déclaré Alice Nkom, la présidente de l’Association pour la défense des droits des homosexuels (Adefho). « Le message est clair : les personnes homosexuelles n’ont plus leur place au Cameroun », a-t-elle poursuivi.
L’homosexualité est interdit au Cameroun. La loi prévoit des peines allant de 6 mois à 5 ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 200.000 FCFA à l’encontre de toute personne ayant des rapports sexuels avec une personne du même sexe.
L’ONG « Human Rights Watch » a dénnoncé les discriminations subies par les personnes homosexuelles au Cameroun dans un communiqué publié en avril.
«La loi réprimant les comportements homosexuels fait courir aux personnes LGBT le risque d’être maltraitées, torturées et agressées sans aucune conséquence pour les auteurs de ces actes », a déclaré Neela Ghoshal la directrice adjointe de la division LGBT à HRW.
Les arrestations pour « homosexualité » ont sensiblement baissé ces dernières années au Cameroun, mais elles semblent repartir à la hausse depuis peu.
Ci-dessous, un post Facebook de l’association de défense des droits humains « Working For Our Wellbeing » dénonçant l’arrestation du couple (traduit de l’anglais):
Aujourd’hui nous pleurons, nous pleurons non pas parce que Shakiro et Patricia ont été condamnées à 5 ans de prison mais pour la raison suivante : les personnes LGBTQ ne sont pas acceptées dans la société camerounaise.
Comme à leur habitude, le couple se rendait dans un restaurant pour manger du poisson grillé. Installées, elles attendaient d’être servies mais malheureusement elles ont été arrêtées par les forces de l’ordre pour aucune raison.
Elles ont par la suite été accusées de tentative d’homosexualité. Cette condamnation soulèvent de nombreuses questions. Ont-elles vraiment tenté d’avoir un rapport sexuel en public ? Si elles s’étaient rapprochées physiquement, les clients du restaurant auraient réagit.
Alors qu’est-ce qui a mal tourné ? Qui a profité du système judiciaire ?
Quel devient le sort des minorités sexuelles et de genre ? Vers qui nous tourner ? Quel est notre futur ?
Nous vivons dans un pays où la corruption, le favoritisme et la mauvaise foi ont rongé les fondements mêmes de notre société.
Nous avons suivi de près cette affaire en apportant toute l’aide matérielle et financière nécessaire depuis leur arrestation le 8 février 2021. Nous ne cillerons pas, nous ne laisserons pas brimer ni intimider et nous ne baisserons pas les bras !
Nous suivrons toutes les mesures appropriées prévues par la loi. Nous ferons appel !