Au Cameroun et dans de nombreux autres pays africains, les transgenres rencontrent de la curiosité mais aussi de l’hostilité lorsqu’ils apparaissent en public. Voici l’histoire d’une femme trans qui n’ose pas sortir pendant la journée.

L’est du Cameroun borde le Tchad, la République centrafricaine et la République du Congo.
Par Courtney Stans
Au Cameroun comme dans de nombreux pays africains, les personnes transgenres sont régulièrement mal accueillies en public à cause de leur apparence qui semble contredire leur sexe biologique. Voir une « femme » dans des vêtements d’homme, ou un « homme » dans des vêtements de femme provoque une curiosité et un questionnement très poussés.
C’est bien le cas de la transgenre EBRO âgée de 25 ans et vivant dans l’Est-Cameroun. Biologiquement classée homme à la naissance, très grande de taille et bien déhanchée, elle vit sous une forte pression à cause de son apparence. Laissant toujours ses cheveux au vent et armée d’une voie fine, EBRO est forcée de vivre la nuit.
« Je me suis toujours sentie femme dans mon âme, alors j’ai fait le choix de l’exprimer à travers mon apparence dans le but de bien me porter. Les jugements des autres me font me sentir mal, mais je n’ai pas le choix que de le digérer. Voilà ce qui explique cette vie cachée où il est difficile pour moi de me montrer au grand jour. »
EBRO a été rejetée par sa famille à l’âge de 18 ans parce qu’elle avait choisi d’extérioriser son côté féminin. Depuis lors, dans l’impossibilité d’avoir une vie professionnelle normale, elle est contrainte de se prostituer pour survivre, d’où ses sorties nocturnes.
« Ma vie doit suivre une organisation stricte. Je suis obligée de faire mes achats au petit matin lors de mon retour à la maison après une nuit mouvementée. Je m’arrange toujours à avoir le strict nécessaire dans mon domicile constitué d’une chambre et d’un salon. Tout ceci me permet d’éviter toute apparition en journée, de peur de me faire lyncher »
« Actuellement, je me sens bien, je me sens vivre même s’il m’est encore difficile de vivre comme tout le monde. Je ne peux toujours pas sortir en journée, faire des achats, me balader, avoir des amis et des visiteurs, m’amuser, et avoir un travail décent ».
« Mon souhait est d’être acceptée et tolérée malgré mon identité et expression de genre».
L’Est du pays est une région frontalière du Cameroun avec plusieurs autres pays africains. C’est une région fortement traditionnelle, et où l’islam se développe, d’où un risque énorme pour les personnes LGBTI de se dévoiler au grand jour.
L’auteure de cet article, Courtney Stans, est une journaliste camerounaise qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-la à info@76crimes.com.
Article édité par Bruno Agar, membre du African Human Rights Media Network, docteur de l’université Paris-Saclay Evry-Val-d’Essonne au Centre Universitaire de Mayotte. Bruno s’intéresse aux problématiques médiatiques contemporaines, en particulier dans le contexte africain.