« Sors d’abord de cet enfer. » C’est l’avenir qu’un prisonnier gay à la prison centrale de Yaoundé envisage pour lui-même après avoir passé quatre ans de sa vie là-bas pour homosexualité.
Ensuite, il envisage de s’éloigner de Yaoundé. Alors peut-être ouvrir un restaurant une fois de plus pour une réinsertion sociale.
Par Steeves Winner

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Olivier, âgeé de 26 ans, séjourne depuis le 25 septembre 2014 à la prison centrale de Yaoundé.
Originaire de la région du Centre Cameroun, Olivier est un jeune homme noir de teint avec une taille supérieure à la moyenne. Timide, observateur et très ambitieux, il choisit de se lancer dans la restauration après une formation intense supportée financièrement par sa maman, bien avant son coming out.
Orphelin de père, la grande partie de son éducation est influencée par sa maman qu’il affecte tant.
D’une famille chrétienne, il grandit dans la crainte de Dieu et a longtemps vécu avec ce traumatisme lié à son orientation sexuelle. Lorsqu’il fait son coming out à l’âge de 17 ans, il se sent incompris, rejeté et violenté par les siens. Sans comprendre ce qui lui arrive vraiment, il passe une période très difficile.
Après trois ans de dur cauchemar au sein de cette famille qui ne conçoit pas cette tournure, à l’âge de 20 ans Olivier décide de quitter le domicile pour s’installer avec son ami, Albert. Les deux partenaires ouvrent un petit restaurant pour gagner honnêtement leur vie.
Tout va bien jusqu’au moment où Albert est injustement accusé par un voisin homophobe. Albert et Olivier sont arrêtés, inculpés et condamnés d’homosexualité.
Depuis la signature de son mandat de dépôt le 25 septembre 2014, Olivier ne reçoit pas de visite de sa famille si ce n’est que celle de sa maman venue juste une fois malgré le poids de l’âge.
Selon Olivier:
Image symbolique d’Olivier, prisonnier gay à la prison centrale de Yaoundé, Cameroun. Les photos ne sont pas autorisées dans la prison.
« Je me sens épuisé et toute ma vie gâchée. Mon rêve était de persévérer dans mon activité commerciale pour enfin ouvrir un grand restaurant à mon propre compte. Est-ce encore possible? Je ne sais pas car j’ai plus rien, ni de financement encore moins de soutien.
« La relance de mon restaurant serait la meilleure stratégie de réinsertion pour moi.
« Pour le moment, j’aimerais d’abord me retrouver hors de cet enfer. Ensuite, je verrai comment trouver les moyens et m’installer hors de la ville de Yaoundé où je suis déjà discriminé par ceux-là qui me connaissent. J’aurai sans aucun doute besoin d’un logement car ma famille n’acceptera jamais mon retour à la maison familiale. »
Telles sont les ambitions de ce jeune garçon qui purge 4 ans de prison à cause de son homosexualité et dont le rêve a été brisé.
Steeves Winner, l’auteur de cet article, est un activiste pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme. Le contacter à steeves.w@yahoo.com.
LE PROJET PAS SEUL / NOT ALONE

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Pour partager et soutenir:
- Aider 3 en prison pour l’homosexualité (Ulele.com)
Explication du projet –– de la nourriture et de la transparence:
- Améliorer la vie des 3 jeunes emprisonnés pour l’homosexualité (76crimesFR.com)
Articles sur les 3 victimes de la loi injuste camerounaise anti-LGBT qui sont actuellement détenus à la prison centrale de Yaoundé:
- 2 victimes de l’homophobie: émacié, emprisonné depuis 2014 (76crimesFR.com)
- Objectif No. 1 du prisonnier gay: ‘Me retrouver hors de cet enfer’ (76crimesFR.com) — cet article
- Détenu gay au Cameroun veut chanter et danser encore (76crimesFR.com)
- Objectif après la prison pour l’homosexualité: Rouvrir un restaurant (76crimesFR.com)