
Carte des 84 états et gouvernements liés à l’Organisation internationale de la Francophonie — 54 membres de l’OIF, quatre membres associés et 26 observateurs.
Une organisation de lutte contre les violations et discriminations subies par les minorités sexuelles et de genre (MSG) au sein de l’espace francophone émerge. Deux de ces membres l’introduisent ici.
Par Dominique Menoga et Michaël Cousin

Michaël Cousin (à gauche) et Dominique Menoga
La Coalition IGLF (Initiative Globale LGBTQI Francophone) regroupe onze associations travaillant sur les MSG. Nous sommes réparties sur huit pays, mais notre réseau s’étend depuis l’Amérique jusqu’à l’Océanie en passant par l’Europe, l’Afrique et l’Asie. En tant que membres, nous nous sommes associés autour d’un intérêt très simple : que cesse toutes répressions étatiques ou sociétales à l’égard des minorités sexuelles et de genre.
Nous rappelons tout d’abord que la Coalition IGLF est toujours un projet en construction. Nous sommes ouverts aux associations MSG francophones. Notre projet est de se regrouper pour bâtir des outils communs, renforcer nos plaidoyers et notre recherche communautaire, peser sur les bailleurs de fonds. Il s’agit aussi d’élever les spécificités des associations établies au sein de l’espace francophone auprès des institutions internationales.
L’idée de créer une initiative globale LGBT francophone (IGLF) date de 2012 par la rencontre de militantes et militants lors de la conférence mondiale de l’ILGA à Stockholm. Cette union s’est constituée en association depuis mai 2017 et est inscrite au journal officiel de la République française sous le numéro W751232292. L’IGLF est actuellement composée des personnes morales suivantes :
- Réseau AFAEC (Afrique francophone),
- Akalyat (Maroc),
- Une association lesbienne (Cameroun),
- Collectif Arc-en-Ciel (Île Maurice),
- Réseau Cupidon (Togo),
- Kouraj (Haïti),
- MALI (Maroc),
- Nouakchott solidarité association (Mauritanie),
- Rainbow Sunrise Mapambazuko (RD. Congo),
- Shams (Tunisie),
- Why Me (Monde)
L’adhésion au sein de notre union se réalise en connaissance de quelques critères. En premier, il faut d’abord respecter nos quatre valeurs : non domination, non persécution, non élimination et non jugement moral. Ceci implique par exemple d’accepter des combats pour la GPA (Gestation pour autrui), la PMA (Procréation médicalement assistée), l’union civile, les combats du corps professionnel du travail du sexe. Le principe est que les personnes MSG ne nuisent à autrui et sont rassemblés en association peuvent nous rejoindre pour défendre leurs droits et leurs politiques publiques.
En second, les requérants doivent bien comprendre que nous ne donnons pas ou ne reversons pas de fonds. Notre modèle de coalition cherche en effet à briser les rapports marchands Nord-Sud. Cette domination structurelle en moins, les idées, les choix et les priorités de chacun peuvent plus facilement être dites et respectées. Notre projet associatif est donc conçu de telle sorte à ce qu’on conçoive des objectifs et un cadre de travail communs où chacun peut définir sa stratégie et son projet.

Logo de l’IGLF
En dernier point, nous n’acceptons pas d’associations VIH/SIDA, quand bien même elles se donneraient en priorité la défense des MSG. Notre objectif est que les militants MSG qui veulent s’associer pour défendre leurs droits et politiques publiques puissent venir chercher un appui dans notre coalition pour leur propre essor.
En ce qui concerne notre fonctionnement actuel, notre coalition est composée d’un comité constituant et d’une assemblée constituante. Le comité constituant correspond à une équipe de travail en quelque sorte. Il se compose de différents secrétariats L, G, B, T, Q. Dans nos statuts définitifs, nous réfléchissons cependant à décloisonner ces catégories occidentales et politiques pour nous ouvrir aux langues et aux représentations des sociétés couvertes par l’espace francophone. Raison pour laquelle, nous parlons de MSG dans cet article afin regrouper les LGBTQIA2SBDSM+++.
Le comité comporte aussi un représentant qui comme son titre l’indique représente une volonté collective, notamment pour négocier les contrats de la Coalition avec les bailleurs. Il existe enfin deux responsables rattachés, un de communication et un de membres. Ces postes sont détenus par des associations membres de notre organisation. Le comité travaille selon un calendrier voté par l’assemblée. Cette dernière amende, annule ou accepte les projets proposés par le comité.
Nous agissons enfin conformément aux quatre valeurs définies dans le préambule de nos statuts : non domination, non persécution, non élimination et non jugement moraux. Il s’agit plus précisément de valeurs issues de réflexions éthiques dites minimalistes sur la liberté politique négative. Nous respectons aussi les dix traités (voir ci-dessous) internationaux et souhaitons les valoriser au sein de nos démarches de plaidoyer et de recherche.
- Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
- Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels
- La Convention internationale sur l’élimination de toutes formes de discrimination raciale
- La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes
- La Convention internationale des droits de l’enfant
- La Convention relative aux droits des personnes handicapées
- La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones
- La Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
- La Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille
- La Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées
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