Nous vous introduisons à un nouvel outil important conçu spécifiquement pour les besoins en sécurité électronique des LGBTI en Afrique subsaharienne. Toutes les applications et guides sont offertes gratuitement.
Nous republions les informations et liens directement à partir du site Web de l’hôte, grâce aux auteurs de la Collectivité de technologie tactique (Tactical Technology Collective) en collaboration avec les Défenseurs de première ligne (Front Line Defenders).
Cliquez ici pour plus d’informations sur la Sécurité-dans-une-boite (Security-in-a-box), y compris les bailleurs de fonds du projet, les critères de sélection, et d’autres détails. Vous avez également accès à des liens pour une version imprimable et pour une version PDF ici: Version imprimable
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Outils et tactiques de sécurité numérique à l’usage de la communauté LGBTI d’Afrique subsaharienne.
Security in-a-box est un projet conjoint de la Tactical Technology Collective et des Front Line Defenders. Il a été créé pour répondre aux besoins des promoteurs et défenseurs des droits humains, en termes de sécurité numérique et de protection de la vie privée. Security in-a-Box contient un livret pratique (How-to Booklet), qui aborde de nombreuses questions de sécurité numérique importantes. Il offre également une collection de Guides pratiques qui contiennent chacun un logiciel libre et open source spécifique, ainsi que des instructions sur l’utilisation de cet outil pour sécuriser votre ordinateur, protéger vos informations et garantir la confidentialité de vos communications sur internet.
Cette édition Community Focus fait partie d’une série de guides dont l’objectif est de mieux intégrer la sécurité numérique dans les contextes particuliers de communautés et de défenseurs des droits humains. Cette édition a été spécialement créée pour les personnes et défenseurs des droits humains Lesbiennes, Gay, Bisexuelles, Transgenres* et Intersexes dans la région de l’Afrique subsaharienne. Elle a été précédée d’un guide similaire pour les communautés LGBTI arabophones, et est constituée en partie du même contenu. Les deux guides ont été écrits en collaboration avec des défenseurs des droits humains de ces communautés.
Ce guide contient :
Partie I – Contexte
- Introduction
- Menaces numériques contre la communauté LGBTI africaine
- Comment évaluer les risques numériques auxquels vous faites face
Partie II – Livret pratique
- Protéger votre ordinateur contre les logiciels malveillants et les pirates
- Assurer la sécurité physique de vos données
- Créer et sauvegarder des mots de passe sûrs
- Protéger les données sensibles stockées sur votre ordinateur
- Récupérer des données perdues
- Comment supprimer les métadonnées de vos fichiers
- Détruire définitivement des données sensibles
- Préserver la confidentialité de vos communications sur Internet
- Préserver votre anonymat et contourner la censure sur Internet
- Savoir se protéger sur les sites de réseautage social
- Comment vous protéger, vous-même et vos données, lorsque vous utilisez des sites de rencontre LGBTI
- Utiliser votre téléphone mobile en sécurité (autant que possible…)
- Utiliser votre smartphone en sécurité (autant que possible…)
- Comment utiliser des Cybercafés de manière aussi sûre que possible
Introduction
Dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, les personnes LGBTI sont loin d’avoir gagné une reconnaissance sociale. En dépit des différences sociales et culturelles variées à l’intérieur de cette région, le silence reste un facteur central dans la région lorsqu’une question taboue comme l’homosexualité ou l’identité trans est envisagée.
Ces dernières années, les personnes LGBTI sont devenues plus visibles et actives dans la sphère publique. Malgré cela, l’État et la société les forcent bien trop souvent à retourner “dans le placard” par des menaces d’ostracisation, du harcèlement, des violences physiques ou même la mort. Généralement, les personnes LGBTI sont toujours considérées comme, au mieux, inexistantes, et au pire maudites, possédées, déviantes, immorales, anormales et malades. Avec la criminalisation directe des actes homosexuels dans la plupart des pays de la région, dans certains desquels on risque la peine de mort, il est difficile pour les personnes LGBTI de faire leur coming-out, d’être visibles, de vivre leur identité ou de lutter pour leurs droits. Alors que ces lois sont souvent peu efficaces et ne sont pas systématiquement utilisées pour poursuivre les individus, la condamnation sociale et culturelle de l’homosexualité reste la plus grande menace pour les communautés LGBTI de la région.
Au vu du contexte décrit ci-dessus, internet a émergé comme une option viable pour les personnes LGBTI pour gagner en visibilité, communiquer, se rencontrer et exprimer ce qu’il n’est pas possible d’exprimer en public. Les réseaux sociaux, les plateformes de blog et les forums sont devenus dans la plupart des pays africains le seul espace où les personnes LGBTI ont une voix, s’organisent, formulent leur discours sur les questions qui les concernent et luttent pour leur reconnaissance.
Toutefois, les autorités et autres opposants des droits des LGBTI ont entrepris de s’adapter à ce changement. Le parlement Ougandais a introduit une loi qui prescrivait initialement la peine de mort pour les relations entre personnes du même sexe, alors que le parlement Nigérian conseillait une peine de prison de 14 ans pour les relations entre personnes du même sexe, et de 10 ans pour les activistes LGBTI ou les personnes témoins d’unions civiles ou de mariages entre personnes du même sexe. Ces incidents ont attiré l’attention régionale et internationale et ont constitué un point de pivot??? pour les activistes et individus LGBTI dans la zone.
Pendant les années qui ont suivi la proposition de ces lois, la première marche des fiertés a eu lieu en Ouganda. Des queers Nigerians se sont présentés aux élections pour défendre leurs droits, et des groupes, blogs et sites web ont commencé à émerger pour défendre les droits des LGBTI. Au même moment, un homme a été arrêté au Cameroun pour avoir envoyé un SMS dans lequel était écrit « Je suis profondément amoureux de toi » à un autre homme ; et un autre a été accusé de « trafic de publications obscènes » car son ordinateur portable, volé, contenait des films pornographiques gay. Un homosexuel de Sierra Leone a été attaqué après avoir visité un site gay depuis un cybercafé, et de jeunes hommes au Nigeria ont formé des « clubs de punition » dans lesquels ils se mettaient en relation avec des hommes gays sur les réseaux sociaux et les sites de rencontre afin d’extorquer et de faire du chantage à leurs victimes. Ces incidents ont contribué à mettre en lumière les dangers d’internet, et les nombreux insécurités et problèmes qui émanent de son utilisation par une communauté qui le considère par ailleurs également comme un outil de libération.
Les réseaux sociaux et les sites de rencontre restent un moyen répandu de prendre pour cible les personnes LGBTI, via l’accès à leurs pages personnelles (blogs, adresses email, comptes Twitter et Facebook). De même, l’utilisation de leurs données et parfois de leurs photos dans le but de chantage ou de ‘dénonciation’ à leurs familles, (via la mise en place de faux comptes par la police et autres personnes pour les piéger) peut mener à des menaces, à des scandales, voire à leur arrestation. L’insécurité liée aux informations en ligne est considérable en termes de diversité et de fréquence des attaques. Malgré une amélioration récente de la prise de conscience sur les dangers d’un usage non sécurisé d’internet, l’accès aux solutions pratiques qui permettraient d’assurer la sécurité numérique des utilisateurs LGBTI reste limité.
Par conséquent, il y a un besoin profond à la fois de connaissances sur les méthodes de sécurité numérique, et d’outils récents. On observe aussi un niveau plus élevé de précaution et d’attention autour de nos activités en ligne. Grâce à cela, les personnes LGBTI et les défenseurs des droits humains peuvent assurer le respect de leur vie privée en ligne, contourner la censure, les menaces gouvernementales, et empêcher leurs données, leurs pages personnelles, leur profil et site web d’être piratés, accédés et finalement utilisés contre eux.
Il y a une tension inhérente entre le désir de revendiquer des droits de manière ouverte et publique, et le désir d’agir avec précaution et de travailler loin des yeux du public. L’équilibre entre ces deux options est, au bout du compte, une décision personnelle. Toutefois, nous pensons que l’étude des tactiques de sécurité est très précieuse, afin de nous permettre de vous protéger vous-mêmes, vos collègues et votre communauté.
C’est pour cela que nous avons créé ce guide, pour aider à contextualiser les menaces à la sécurité numérique des personnes LGBTI et des défenseurs des droits humains en Afrique subsaharienne, ainsi que les outils et tactiques qui peuvent être utilisés pour les dépasser.
Le guide, qui a été conçu et écrit en collaboration avec la communauté qu’il cherche à assister, sert d’introduction à la boite à outil pour les défenseurs des droits humains Security in-a-box, de Tactical Technology Collective et Front Line Defenders. Il ajoute à son contenu des informations contextuelles importantes, des outils et conseils particulièrement pertinents pour la communauté LGBTI, identifiés par des membres de la communauté lors d’ateliers et autres rencontres en 2013 et 2014. Le but de cette boîte à outil est de rendre les enjeux de sécurité numérique plus clairs, faciles à comprendre et à mettre en place dans les contextes personnels et professionnels des personnes LGBTI de la région.
Version en Anglais:
- Digital security for LGBTI in sub-Saharan Africa (76crimes.com)