Afrique subsaharienne

RD Congo : le ministre de la justice veut réprimer l’homosexualité sans attendre la promulgation d’une loi

Armé d’un molosse remuant en muselière, Constant Mutamba a pris ses fonctions de garde des sceaux de la République Démocratique du Congo, dans une mise en scène populiste dont il a seul le secret.

En moins de 15 jours, parmi ses premiers faits d’armes figure l’injonction faite au procureur-général de la République d’engager des poursuites contre les homosexuels, en l’absence totale de cadre juridique, puisque l’homosexualité est légale en RDC.

Les effets de cette mesure se font déjà sentir.

Mutamba a prêté serment en tant que ministre de la Justice le 29 mai en présence d’un puissant canidé en guise d’intimidation de ses adversaires politiques à venir (Source @info2kin sur instagram).

Auteur d’une proposition de loi anti-LGBT+ prévoyant d’instaurer la criminalisation de l’homosexualité et de la transidentité en République Démocratique du Congo (RDC) en avril dernier, avec des peines allant jusqu’à 15 ans de « servitude pénale », Constance Mutamba récemment promu ministre d’Etat à la justice, depuis fin mai, essaie de faire pression sur l’appareil judiciaire de son pays pour pénaliser l’homosexualité de manière extra-légale.

Un comble pour un avocat de profession qui traduit également une obsession répressive envers la communauté LGBT+, alors que le Congo-Kinshasa ne sanctionne pas l’homosexualité contrairement à certains États de la région (Ouganda)

En date du 15 juin 2024, dans un courrier ci-dessous se présentant comme une « injonction » auprès du procureur-général de la cour de cassation de Kinshasa, Constant Mutamba, garde des sceaux et représentant du corps du pouvoir exécutif exige sur la foi d’informations non-détaillées des poursuites « contre les auteurs de pratiques déviantes à caractère sexuel et homosexuel », faisant mention d’atteinte « aux bonnes mœurs » et à l’ordre moral de la nation, en évoquant notamment les familles.

En outre, sans les nommer explicitement il dénonce l’existence de groupes LGBT+ structurés faisant l’apologie d’orgie en ligne, sans toutefois en apporter la moindre preuve.

Aussi, insurgé des faits qu’il relate lui-même, c’est dans une indignation appuyée qu’il adresse sa missive avec mise en copie auprès du cabinet du premier ministre, du ministre de l’intérieur et des procureurs généraux des cours d’appels, ainsi que du commissaire général de la police nationale (y compris de la police judiciaire).

Pour l’heure, aucune loi en RDC ne criminalise l’homosexualité ou la transidentité et le pouvoir législatif ne s’est pas encore saisi de cette question, tandis que le pouvoir judiciaire dont l’indépendance est censée être garantie par la constitution congolaise semble pour le moins très menacé.

Pourtant, il en va de l’état de droit et du bon fonctionnement des institutions de ce grand pays africain de 100 millions d’habitants.

Dans un appel téléphonique survenu juste avant la publication de cet article, un militant des droits des personnes LGBT+ faisait état que sa maison était encerclée par des policiers depuis hier soir. Désespéré, il souhaite attenter à ses jours.

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