Afrique subsaharienne

L’appel de Babi ou le manifeste pour la décolonisation du plaidoyer contre les LGBTphobies en Afrique

Le 3 octobre dernier, l’Alliance Globale pour la Santé et les Droits (AGCS) qui est une organisation francophone, lançait l’appel de Babi pour affirmer à la face du monde, l’impératif d’un mouvement panafricaniste de décolonisation du plaidoyer et des outils du plaidoyer en faveur de la dépénalisation des LGBTphobies en Afrique, tel un contrepied aux idées développées par Nathalie Yamb.

L’appel de Babi est un manifeste qui dresse quelques constats et constantes des LGBTphobies telles qu’elles s’expriment en Afrique :

  • Les minorités sexuelles et de genre et leurs revendications en Afrique sont vues comme une émanation d’un agenda impérialiste occidental anti-africain et se faisant elles ne sont pas considérées comme parties prenantes du panafricanisme et des valeurs de tolérance et de respect qui sont censées en être constitutives.
  • Puis de l’idéologie à la loi et de la loi à la violence, il n’y a qu’un pas et les minorités sexuelles et de genre en font les frais, à l’instar de ce qui se passe dans les pays qui surpénalisent l’homosexualité, à l’instar de l’Ouganda depuis 2014 ou bientôt du Ghana.
  • Pourtant des leviers africains existent, tels que la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ou la philosophie africaine de l’Ubuntu.
  • Il importe d’agir en faveur d’un panafricanisme authentique, débarrassé du conspirationnisme, grâce à l’engagement de terrain au service du développement humain et social, au travers de mobilisations endogènes et autonomes s’inscrivant dans un agenda africain.

En outre l’appel de Babi synthétise des recommandations auprès de chacun des interlocuteurs des luttes contre les LGBTphobies sur le continent africain :

  • S’informer, se former pour déconstruire des narratifs oppressifs et porter des narratifs alternatifs au sein de l’ensemble des espaces d’expression de citoyenneté, quand on est un individu
  • Forger, enrichir, construire des passerelles et des réseaux panafricains d’organisations de défense des droits humains, pour mutualiser des expertises et se faire davantage entendre
  • Dépénaliser les lois liberticides et contraires aux chartes et traités internationaux signés et ratifiés par les Etats africains, tout en les invitant à consacrer 15% de leur budget annuel à des dépenses de santé
  • Changer de posture et avoir un engagement transparent, franc et sincère au côté des ONG locales quand on est un financeur dans l’aide au développement multilatéral, pour vérifier que les fonds ne servent pas à des groupes de pression conspirationnistes
  • Ne pas instrumentaliser la cause de la dépénalisation des LGBTphobies en Afrique pour créer des initiatives parallèles à s’appuyant sur une poignée d’individus au détriment d’autres organisations, quand on est un donateur

Pour plus d’informations sur la décolonisation du plaidoyer en Afrique, vous pouvez écrire à l’adresse suivante par courriel : coordinationagcsplus@coalitionplus.org

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