Personnalité connue des réseaux sociaux de l’ultra-droite, habituée des bad buzz, Greg Toussaint est un youtuber masculiniste qui a la particularité d’être également un africain de l’île de la Réunion, en tant que natif des outre-mer, dans l’Océan Indien.

Aujourd’hui, à travers un site internet dont l’objet serait la défense des enfants, il se lance dans une attaque en règle contre les organisations LGBT+ qui agissent contre le harcèlement en milieu scolaire, en les amalgamant à la pédophilie. En outre, il s’en prend aussi en creux à l’Éducation Nationale qui délivre les agréments pour les interventions en milieu scolaire contre les LGBTphobies.

Pour rappel, le 11 avril dernier, Stop Homophobie déposait plainte contre Greg Toussaint pour appel à la haine et incitation à la discrimination sur les réseaux sociaux. La vidéo en question a depuis été supprimée par Youtube. Elle présentait la lutte contre les discriminations LGBTphobes dans les écoles, au prisme de motivations pédophiles.

Entre temps, Greg Toussaint a réitéré ses propos le 25 avril dernier. Et maintenant, il riposte à la fois sur une plateforme dédiée « Touche pas à mon gosse», ainsi qu’au travers d’une pétition à l’adresse de Pap Ndiaye, le ministre de l’Education Nationale.

Hier, Stop Homophobie nous informait toutefois que les autorités venaient de procéder à une saisine du parquet, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale, afin de faire constater les multiples infractions commises par Greg Toussaint.

Inquiet, Greg Toussaint alerte sa communauté et lance la contre offensive médiatique.

76crimes a recueilli le ressenti de Gumersindo (pseudonyme) de Stop Homophobie à cet effet :

Gumersindo : « Je préfère utiliser un pseudonyme car la dernière fois que l’on a communiqué autour de la plainte contre Greg Toussaint sur les réseaux sociaux, l’on a reçu des milliers de messages d’attaque de la part de sa communauté.

Faire l’amalgame entre les associations de lutte contre les discriminations et la pédophilie est absolument abject et inqualifiable, je ne vais pas m’étaler là-dessus, il advient à la justice à présent de devoir faire son travail rapidement.

Chez Greg Toussaint, je décèle deux choses, des convictions politiques d’extrême-droite d’une part et la volonté d’en tirer un gain pécuniaire d’autre part, au travers de ses followers et de ses fans.

Par exemple, à travers la pétition, il veut capitaliser sur ses bad buzz LGBTphobes pour en faire un énième mouvement politique. Même si ce n’est pas énoncé comme tel, cela transparaît en filigrane. La cause de la protection de l’enfance est un prétexte fallacieux.

Aussi, à travers la cagnotte qui accompagne cette pétition, il essaie de soutirer de l’argent à sa communauté sur les réseaux sociaux. Ainsi, avec sa chaîne Youtube et son compte Instagram qui comptabilisent plusieurs centaines de milliers d’abonnés, c’est un véritable écosystème économique et médiatique LGBTphobe que Greg Toussaint a réussi à constituer.

Aujourd’hui, ce qui m’inquiète, ce sont les dates de tournée du spectacle qu’il a déjà entamé depuis plusieurs semaines, avec son nouveau show « Deuxième sommation». En effet, d’autres et moi sommes préoccupés à l’idée que des lieux de culture puissent servir de caisses de résonance à des incitations à la haine. D’ailleurs, plusieurs associations sont engagées dans une réflexion à ce sujet.

De manière générale, pour en revenir à tout ce qui vient d’être dit, je pense qu’il n’est pas normal que la haine soit un commerce en France, même si d’aucuns se cachent derrière les joutes oratoires et la polémique pour faire avancer leur agenda ».

Moïse de la commission « racisme » de Stop Homophobie ajoute :

Moïse : « Voir un jeune métis se perdre ainsi en reprenant l’esthétique des Bikers américains de l’ultra-droite, c’est terriblement consternant.

En tant qu’ultra-marin, à l’instar de Greg Toussaint, tout cela me désole évidemment, même si je reconnais à chacun le droit d’avoir ses propres affiliations politiques. D’ailleurs, j’exècre toute injonction partisane, en regard des origines ethniques des individus.

Je pense que la précarité économique chez les personnes « racisées » peut possiblement expliquer le désir de faire un buzz, à l’image d’un Bassem Braiki, dans le but d’obtenir un maximum de notoriété. Greg Toussaint n’a pas fini son cursus dans les études supérieures et pour s’en sortir, certains sont prêts à tout.

Il faut chercher à comprendre, mais j’attends néanmoins de la justice une condamnation exemplaire.

Enfin, je déplore le fait que les réseaux sociaux soient devenus des bulles où les individus arrivent à s’auto-persuader d’être dans le vrai, en étant entourés que de gens qui ne pensent comme eux. Le cadre et les limites de la liberté d’expression en France ne sont pas suffisamment soulignés sur internet. Et cela vaut pour tout le monde».