Afrique subsaharienne

Cameroun : rejet familial à cause de sa supposée orientation sexuelle

La lesbophobie brise une famille au Cameroun; une soeur est laissée sans abri.

Un marché à Mbalmayo.

Par Steeves Winner

La scène se passe dans la localité de MBALMAYO non loin de la ville de YAOUNDE dans la région du CENTRE-CAMEROUN.

ACHE (pseudonyme) est subitement jetée à la rue au motif de son homosexualité supposée, par son frère aîné chez qui elle résidait depuis cinq ans environ.

La ville de Mbalmayo se trouve à
50 kilomètres au sud de Yaoundé, la capitale du Cameroun. (Carte de Ulule.com)

En effet, ACHE est une jeune femme âgée de 27 ans, exerçant une activité de commerce dans la localité de MBALMAYO. Sans enfant à charge, elle passe la plus grande partie de son temps au sein de son commerce et ne regagne le domicile de son frère que très tard dans la nuit.

Samedi  1er juin 2019, lors de son retour à la maison, elle entendit une conversation entre son frère et son épouse à son sujet. Sa belle-sœur affirmait sans en démordre qu’elle était homosexuelle reprenant à son compte les rumeurs et les commérages du voisinage.

Selon la belle-sœur, les voisins soutiennent que « c’est anormal de voir ACHE âgée de 27 ans, vivre sans enfant et sans compagnon au domicile de son frère aîné, alors que sa seule amie JOL (pseudonyme) la visite régulièrement. Donc ACHE est lesbienne. »

Sans autre fondement, ACHE est sévèrement blâmée par son frère aîné. Réfutant les faits qui lui sont reprochés, elle se sent incomprise par ses interlocuteurs. Dès le lendemain, le frère d’ACHE a été à la rencontre de JOL, au domicile de cette dernière.

Au cours de l’échange menaçant qui suivit, sous la contrainte, JOL affirma entretenir une relation amoureuse avec ACHE qui durerait depuis six mois déjà.

Dès son retour, le frère d’ACHE la jette à la porte en lui interdisant de revenir, au prétexte qu’elle est déjà majeure et qu’elle serait enfin capable de se prendre en charge personnellement. Il rajoute que son domicile n’est pas un « refuge » pour les personnes homosexuelles.

N’ayant pas d’alternative, elle se résigne à regagner le domicile familial où vivent ses parents au village de  NKOMETET, proche de MBALMAYO, où elle se rend compte que la rumeur de son homosexualité s’est déjà répandue comme une traînée de poudre.

Ne supportant pas les regards désapprobateurs, les critiques et les insultes de ses parents, ACHE se décide à quitter le village. Forcée de décliner toute proposition d’hébergement à YAOUNDE dans le but de poursuivre son activité de commerce informel dans la localité de MBALMAYO, elle vit aujourd’hui sans domicile fixe.

Actuellement, ACHE passe ses nuits dans le dépôt où elle entrepose sa marchandise en attendant d’économiser assez pour prendre une maison en location.

ACHE crie à l’aide, elle a besoin de ressources financières pour louer une maison.

L’auteur de cet article, Steeves Winner, est un activiste pour les droits LGBTI au Cameroun qui écrit sous un pseudonyme. Le contacter à steeves.w@yahoo.com.

Le rédacteur de cet article, M. Moïse Manoel, enseigne en Guyane française. Il est en doctorat de sociologie de l’Université des Antilles. Son champ d’études et de recherches sont les homophobies et les néocolonialités dans l’aire du Plateau des Guyanes en Amérique du Sud.

Un second rédacteur de cet article, Bruno Agar, est docteur de l’université Paris-Saclay. Il s’intéresse aux problématiques médiatiques contemporaines, en particulier dans le contexte africain.

Tous les trois sont membres du African Human Rights Media Network.

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