La répression anti-gay en Tanzanie est un moment propice pour augmenter le soutien aux Tanzaniens LGBT, et non une raison pour réduire l’aide étrangère, affirment les défenseurs canadiens des droits des homosexuels au Dignity Network.
Dignity Network a publié hier cette déclaration:
Déclaration du Réseau Dignité sur les droits humains du Canada et des LGBTI en Tanzanie

Contexte
Réseau Dignité est un réseau d’organisations de la société civile canadienne impliquées dans le soutien aux droits humains des personnes LGBTI dans le monde. Une partie de notre mandat consiste à informer et à communiquer sur les questions mondiales relatives aux droits de l’homme des LGBTI au Canada.
Au cours du mois dernier, plusieurs incidents ont attiré notre attention sur la situation des droits de l’homme en Tanzanie.
En octobre, le gouverneur de Dar es-Salaam, Paul Makonda, a déclaré que son bureau traquerait les personnes LGBTI et a demandé aux citoyens de signaler les personnes à la police.
Le 4 novembre, le ministère tanzanien des Affaires étrangères a pris ses distances avec les vues de Makonda, affirmant qu’il ne s’agissait que de « ses vues personnelles ». Les observateurs internationaux des droits de l’homme et les Nations Unies ont exprimé leur préoccupation et ont continué à surveiller la situation.
Le 15 novembre, le Danemark a annoncé qu’il retiendrait 10 millions de dollars d’aide de la Tanzanie.
Le 19 novembre, la Banque mondiale avait publié une déclaration dans laquelle elle déclarait que le président tanzanien avait assuré à la Banque que la Tanzanie ne poursuivrait aucune action discriminatoire liée au harcèlement et à l’arrestation de personnes en raison de leur orientation sexuelle et qu’elle leverait la suspension des missions. le pays.

L’homosexualité reste un crime en Tanzanie et ces déclarations s’inscrivent dans le cadre d’une tendance plus large à la répression contre les journalistes, à l’opposition politique et à la réduction de l’espace pour la société civile dans le pays.
Réponse du Canada
Le Canada collabore avec d’autres pays pour exprimer son inquiétude face à la situation et son soutien aux droits de la personne en Tanzanie. La porte-parole de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a déclaré que les menaces tanzaniennes contre les personnes LGBTI préoccupaient grandement le gouvernement fédéral. Le Canada est également un important donateur en Tanzanie, fournissant une aide de près de 90 millions de dollars l’an dernier, principalement à des groupes non gouvernementaux et à des organisations multilatérales pour des programmes de santé et d’éducation. Le ministre du Développement international, l’hon. Marie-Claude Bibeau a récemment déclaré que le Canada consultait ses partenaires autour de sa réponse.
Notre perspective
Le Réseau Dignité fait partie du «Réseau Amsterdam» plus large, une affiliation d’ONG de la société civile des pays donateurs du Nord qui s’engagent auprès de leurs gouvernements pour soutenir les droits humains internationaux des LGBTI. En tant que signataires des principes du réseau d’Amsterdam, nous pensons qu’il est d’abord important de consulter et de prendre conseil auprès des activistes LGBTI de la région. Nous pensons que les actions des gouvernements occidentaux ne doivent pas nuire aux personnes LGBTI dans le pays touché. Grâce à nos contacts au réseau d’Amsterdam et à l’ILGA panafricaine, nous avons suivi la situation en Tanzanie et signé une déclaration de solidarité dirigée par des militants LGBTI africains en faveur des personnes LGBTI en Tanzanie.
Notre réseau est gravement préoccupé par la situation des Tanzaniens LGBTI et par la répression plus large des droits de l’homme dans le pays. Nous savons que cette situation a donné lieu à des discussions dans les médias et le grand public au cours des derniers mois sur la question de savoir si les pays donateurs devraient répondre en retirant leur aide, comme le Danemark l’a indiqué. LGBT Danmark, une organisation de la société civile danoise qui travaille en étroite collaboration avec des groupes de personnes LGBTI en Tanzanie, a publié une déclaration demandant à son gouvernement de ne pas retirer son aide.
Les militants LGBTI et les organisations de la région ont également exprimé leur préoccupation face à la question du retrait de l’aide. Le 26 novembre, l’ILGA panafricaine a publié une déclaration d’opinion dans laquelle il affirmait que les personnes LGBTI deviendraient des boucs émissaires si l’aide internationale était retirée et que la situation pourrait empirer pour les personnes LGBTI. Nous appuyons ce point de vue et demandons au gouvernement canadien ainsi qu’aux autres donateurs internationaux de s’abstenir de réduire les fonds destinés à soutenir les groupes marginalisés, les programmes pour les femmes, la santé et l’éducation, mais d’augmenter également le financement des défenseurs des droits humains, y compris ceux travaillant avec les communautés LGBTI.
Réseau Dignité a demandé au Canada de faire plus dans son cadre de développement international pour soutenir les droits fondamentaux des personnes LGBTI dans le monde, y compris en Tanzanie. En été 2018, nous avons envoyé une lettre ouverte au premier ministre Trudeau, invitant le Canada à s’engager à intégrer les droits humains des personnes LGBTI dans le financement de son aide au développement. Nous espérons que le Canada deviendra à l’avenir un chef de file mondial dans le domaine de l’assistance aux personnes LGBTI en matière d’aide à la coopération internationale, notamment en soutenant des organisations travaillant en Tanzanie et dans d’autres pays où les droits humains des personnes LGBTI sont en danger.
En ce qui concerne les réfugiés de la région, le partenaire de Réseau Dignité, Rainbow Railroad, suit la situation de près afin de fournir des moyens d’aider les personnes en danger imminent et pouvant avoir besoin de se réinstaller. Veuillez vous adresser à info@rainbowrailroad.ca si vous souhaitez soutenir ces efforts.
Pour plus d’informations, veuillez nous contacter à: info@dignityinitiative.ca